Plus le temps passe, plus les spectateurs se lassent des reboots et autres remakes qui monopolisent les sorties pop culture. Jeux vidéo, série et cinéma, aucun secteur n’est épargné par ces tentatives de ranimer des univers qui ont déjà fait leur temps.
Pourtant, nous voilà toujours friands d’un nouveau Star Wars ou d’un énième Jurassic Park. Les fans et le grand public sont toujours au rendez-vous pour découvrir les nouveaux épisodes de franchises qui ont déjà fait leurs preuves.
Mais dans le cas des films d’horreur, les épisodes “nouvelle génération” semblent subir une malédiction d’autant plus puissante. Après Scream 4 en 2011, le Scream de 2022 aura eu du mal à mettre les spectateurs d’accord. Désormais, ce sont Jenna Ortega (Mercredi) et Melissa Barrera (D’où l’on vient) qui portent l’univers sur leurs épaules et leur première apparition n’a pas fait l’unanimité. Alors que la licence semble avoir épuisé toutes ses bonnes idées, qu’en est-il de ce sixième volet vendu comme une rédemption après les échecs ?
Suivre le génie de Wes Craven
Le réalisateur de La colline a des yeux et Les Griffes de la nuit fait partie de ces grands noms qui ont forgé l’industrie des films d’horreur. Les univers, les monstres et les frayeurs imaginés par son esprit ont su marquer plusieurs générations. Toujours avec une volonté de révolutionner le genre, Wes Craven décide de sortir des sentiers battus en 1996 avec Scream.
Si ce film d’horreur est aussi populaire aujourd’hui, c’est grâce aux risques qu’il a su prendre à une époque ou le genre commençait à tourner en rond. Tueurs monstrueux et autres serial killers se suivaient sans cesse dans un bal de slashers. Plutôt que de jouer purement dans l’épouvante, Scream décide d’utiliser les codes qui le régissent pour les tourner à l’autodérision.
“Oh non ne me tue pas, j’ai envie d’être dans le prochain film” s’exprime un personnage à voix haute dans le premier volet, tandis qu’un autre explique à ses camarades les règles à suivre pour ne pas mourir dans un slasher. Cette “self-awareness” permettait aux premiers volets de briller grâce à un savant mélange entre horreur et humour. Le décalage entre les actions de Ghostface et les personnages conscients des clichés mais qui n’hésitent pas à foncer droit dans le panneau a véritablement forgé l’ADN de Scream.
Malheureusement, le charme de cette recette s’est rapidement essoufflé avec les épisodes 3 et 4. Le cinquième volet s’est inspiré des bases sans réussir à éviter le malaise façon Gen Z et tout ce que les originaux dénonçaient. Mais contre toute attente, Scream 6 arrive à piocher dans l’héritage de la franchise tout en se réinventant peu à peu. Cette fois-ci, l’humour fait mouche et l’horreur n’est plus démodée. La prise de risque n’est pas énorme mais suffit à donner un coup de fouet au film ainsi qu’à son grand méchant.
Rendre hommage à Ghostface
De la même manière que Jason Voorhees, Michael Myers ou Freddy, Ghostface est devenu un véritable pilier de la pop culture horrifique. L’anonymat du tueur et son mode de fonctionnement font partie de son identité. Seulement voilà, après cinq épisodes il n’est pas évident de rendre le méchant toujours aussi surprenant.
Les spectateurs voient déjà venir la sonnerie du téléphone et la fameuse question : “quel est ton film d’horreur préféré ?”. Ces moments et répliques cultes, les fans les aiment, mais ils ne suffisent pas à faire un bon film. Si Scream 5 est autant critiqué, c’est aussi parce que comme tous les reboots du genre, il n’ose pas sortir des sentiers battus pour creuser son propre chemin. Dans Scream 6, Ghostface prend un nouveau tournant dont la franchise avait grandement besoin.
La meilleure façon de surprendre le spectateur est d’offrir une refonte intelligente d’éléments paraissant évidents. Loin des petites villes ou des universités, le méchant poursuit désormais les protagonistes jusqu’à New York. Ce décor urbain permet de réimaginer le cadre habituel de ce genre de film. Le tueur peut être à n’importe quel coin de rue, dans n’importe quel métro ou sur n’importe quelle rambarde d’immeuble.
La pression est omniprésente et maîtrisée. La présence du tueur se fait ressentir et ses apparitions sont d’autant plus impactantes. Les scènes d’action sont boostées au maximum et donnent presque une dimension surnaturelle à Ghostface, si bien qu’on se demande de quoi est-il réellement capable. Désormais, ses attaques sont brutales et d’un gore rarement vu dans la franchise. Mais loin de la torture pure et simple d’un Saw, ces blessures sont utilisées intelligemment pour montrer que Ghostface n’est plus là pour rigoler.
Redéfinir l’avenir des Slashers
En 2023, l’horreur “à l’ancienne” peine à garder sa place de choix. Les jumpscares à tout va et les coups de couteau ne suffisent plus à surprendre les spectateurs. Après plusieurs décennies d’un genre vu et revu, les passionnés préfèrent se tourner vers des films qui n’hésitent pas à jouer dans l’originalité. Nope, X ou encore Midsommar, les films d’horreur de maintenant prennent le genre sous un autre angle.
Ces longs-métrages plus réfléchis s’attaquent aux thématiques horrifiques sous d’autres spectres que celui du simple tueur ou de la force destructrice inarrêtable. Les scénarios piochent dans des thématiques humaines et sociales pour générer des frayeurs qui nous paraissent proches et plausibles. Plutôt que d’effectuer ce changement de direction, Scream 6 n’abandonne pas ses origines et tente de mettre le slasher au goût du jour.
Le long-métrage fait fort dans sa capacité à déstabiliser les spectateurs. Dès les premiers instants, les surprises prennent de court et laissent alors planer tout un tas de questions. À quoi peut-on s’attendre si tout ce que l’on pense connaître se retrouve chamboulé ? En plaçant ses nouvelles règles dès son introduction, le film annonce directement ses intentions et nous prépare au spectacle à venir. On se retrouve à avancer à tâtons dans une formule familière, mais suffisamment inconnue pour générer le stress que l’on attend tous.
Malheureusement, Scream 6 n’est pas parfait et cette sensation est inégale au long de l’intrigue. Si l’on apprécie les efforts effectués, le film souffre encore de cette quête identitaire qu’à moitié entreprise. On commence enfin à s’attacher aux nouveaux héros, mais la franchise peine à faire de l’héritage de Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette une véritable force. À vouloir suivre le même fil rouge depuis le premier volet, seuls les aficionados de la licence pourront pleinement apprécier les nombreuses références, les enjeux de l’histoire et surtout l’évolution de Ghostface. Une partie du public se retrouvera sans doute sur le banc de touche, mais l’ensemble reste globalement satisfaisant.
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