Passer au contenu

Critique Scream 6 : Ghostface se rĂ©invente avec terreur et nostalgie 📞

Le sixiĂšme Ă©pisode de Scream s’annonce comme un moment de gloire pour une franchise en fin de vie. Critique.

Plus le temps passe, plus les spectateurs se lassent des reboots et autres remakes qui monopolisent les sorties pop culture. Jeux vidĂ©o, sĂ©rie et cinĂ©ma, aucun secteur n’est Ă©pargnĂ© par ces tentatives de ranimer des univers qui ont dĂ©jĂ  fait leur temps.

Pourtant, nous voilĂ  toujours friands d’un nouveau Star Wars ou d’un Ă©niĂšme Jurassic Park. Les fans et le grand public sont toujours au rendez-vous pour dĂ©couvrir les nouveaux Ă©pisodes de franchises qui ont dĂ©jĂ  fait leurs preuves.

Mais dans le cas des films d’horreur, les Ă©pisodes “nouvelle gĂ©nĂ©ration” semblent subir une malĂ©diction d’autant plus puissante. AprĂšs Scream 4 en 2011, le Scream de 2022 aura eu du mal Ă  mettre les spectateurs d’accord. DĂ©sormais, ce sont Jenna Ortega (Mercredi) et Melissa Barrera (D’oĂč l’on vient) qui portent l’univers sur leurs Ă©paules et leur premiĂšre apparition n’a pas fait l’unanimitĂ©. Alors que la licence semble avoir Ă©puisĂ© toutes ses bonnes idĂ©es, qu’en est-il de ce sixiĂšme volet vendu comme une rĂ©demption aprĂšs les Ă©checs ?

Suivre le génie de Wes Craven

Le rĂ©alisateur de La colline a des yeux et Les Griffes de la nuit fait partie de ces grands noms qui ont forgĂ© l’industrie des films d’horreur. Les univers, les monstres et les frayeurs imaginĂ©s par son esprit ont su marquer plusieurs gĂ©nĂ©rations. Toujours avec une volontĂ© de rĂ©volutionner le genre, Wes Craven dĂ©cide de sortir des sentiers battus en 1996 avec Scream.

Si ce film d’horreur est aussi populaire aujourd’hui, c’est grĂące aux risques qu’il a su prendre Ă  une Ă©poque ou le genre commençait Ă  tourner en rond. Tueurs monstrueux et autres serial killers se suivaient sans cesse dans un bal de slashers. PlutĂŽt que de jouer purement dans l’épouvante, Scream dĂ©cide d’utiliser les codes qui le rĂ©gissent pour les tourner Ă  l’autodĂ©rision.

CrĂ©dits : Philippe BossĂ© / Paramount Pictures

“Oh non ne me tue pas, j’ai envie d’ĂȘtre dans le prochain film” s’exprime un personnage Ă  voix haute dans le premier volet, tandis qu’un autre explique Ă  ses camarades les rĂšgles Ă  suivre pour ne pas mourir dans un slasher. Cette “self-awareness” permettait aux premiers volets de briller grĂące Ă  un savant mĂ©lange entre horreur et humour. Le dĂ©calage entre les actions de Ghostface et les personnages conscients des clichĂ©s mais qui n’hĂ©sitent pas Ă  foncer droit dans le panneau a vĂ©ritablement forgĂ© l’ADN de Scream.

Malheureusement, le charme de cette recette s’est rapidement essoufflĂ© avec les Ă©pisodes 3 et 4. Le cinquiĂšme volet s’est inspirĂ© des bases sans rĂ©ussir Ă  Ă©viter le malaise façon Gen Z et tout ce que les originaux dĂ©nonçaient. Mais contre toute attente, Scream 6 arrive Ă  piocher dans l’hĂ©ritage de la franchise tout en se rĂ©inventant peu Ă  peu. Cette fois-ci, l’humour fait mouche et l’horreur n’est plus dĂ©modĂ©e. La prise de risque n’est pas Ă©norme mais suffit Ă  donner un coup de fouet au film ainsi qu’à son grand mĂ©chant.

Rendre hommage Ă  Ghostface

De la mĂȘme maniĂšre que Jason Voorhees, Michael Myers ou Freddy, Ghostface est devenu un vĂ©ritable pilier de la pop culture horrifique. L’anonymat du tueur et son mode de fonctionnement font partie de son identitĂ©. Seulement voilĂ , aprĂšs cinq Ă©pisodes il n’est pas Ă©vident de rendre le mĂ©chant toujours aussi surprenant.

Les spectateurs voient dĂ©jĂ  venir la sonnerie du tĂ©lĂ©phone et la fameuse question : “quel est ton film d’horreur prĂ©fĂ©rĂ© ?”. Ces moments et rĂ©pliques cultes, les fans les aiment, mais ils ne suffisent pas Ă  faire un bon film. Si Scream 5 est autant critiquĂ©, c’est aussi parce que comme tous les reboots du genre, il n’ose pas sortir des sentiers battus pour creuser son propre chemin. Dans Scream 6, Ghostface prend un nouveau tournant dont la franchise avait grandement besoin.

CrĂ©dits : Philippe BossĂ© / Paramount Pictures

La meilleure façon de surprendre le spectateur est d’offrir une refonte intelligente d’élĂ©ments paraissant Ă©vidents. Loin des petites villes ou des universitĂ©s, le mĂ©chant poursuit dĂ©sormais les protagonistes jusqu’à New York. Ce dĂ©cor urbain permet de rĂ©imaginer le cadre habituel de ce genre de film. Le tueur peut ĂȘtre Ă  n’importe quel coin de rue, dans n’importe quel mĂ©tro ou sur n’importe quelle rambarde d’immeuble.

CrĂ©dits : Philippe BossĂ© / Paramount Pictures

La pression est omniprĂ©sente et maĂźtrisĂ©e. La prĂ©sence du tueur se fait ressentir et ses apparitions sont d’autant plus impactantes. Les scĂšnes d’action sont boostĂ©es au maximum et donnent presque une dimension surnaturelle Ă  Ghostface, si bien qu’on se demande de quoi est-il rĂ©ellement capable. DĂ©sormais, ses attaques sont brutales et d’un gore rarement vu dans la franchise. Mais loin de la torture pure et simple d’un Saw, ces blessures sont utilisĂ©es intelligemment pour montrer que Ghostface n’est plus lĂ  pour rigoler.

RedĂ©finir l’avenir des Slashers

En 2023, l’horreur “à l’ancienne” peine Ă  garder sa place de choix. Les jumpscares Ă  tout va et les coups de couteau ne suffisent plus Ă  surprendre les spectateurs. AprĂšs plusieurs dĂ©cennies d’un genre vu et revu, les passionnĂ©s prĂ©fĂšrent se tourner vers des films qui n’hĂ©sitent pas Ă  jouer dans l’originalitĂ©. Nope, X ou encore Midsommar, les films d’horreur de maintenant prennent le genre sous un autre angle.

Ces longs-mĂ©trages plus rĂ©flĂ©chis s’attaquent aux thĂ©matiques horrifiques sous d’autres spectres que celui du simple tueur ou de la force destructrice inarrĂȘtable. Les scĂ©narios piochent dans des thĂ©matiques humaines et sociales pour gĂ©nĂ©rer des frayeurs qui nous paraissent proches et plausibles. PlutĂŽt que d’effectuer ce changement de direction, Scream 6 n’abandonne pas ses origines et tente de mettre le slasher au goĂ»t du jour.

CrĂ©dits : Philippe BossĂ© / Paramount Pictures

Le long-mĂ©trage fait fort dans sa capacitĂ© Ă  dĂ©stabiliser les spectateurs. DĂšs les premiers instants, les surprises prennent de court et laissent alors planer tout un tas de questions. À quoi peut-on s’attendre si tout ce que l’on pense connaĂźtre se retrouve chamboulĂ© ? En plaçant ses nouvelles rĂšgles dĂšs son introduction, le film annonce directement ses intentions et nous prĂ©pare au spectacle Ă  venir. On se retrouve Ă  avancer Ă  tĂątons dans une formule familiĂšre, mais suffisamment inconnue pour gĂ©nĂ©rer le stress que l’on attend tous.

CrĂ©dits : Philippe BossĂ© / Paramount Pictures

Malheureusement, Scream 6 n’est pas parfait et cette sensation est inĂ©gale au long de l’intrigue. Si l’on apprĂ©cie les efforts effectuĂ©s, le film souffre encore de cette quĂȘte identitaire qu’à moitiĂ© entreprise. On commence enfin Ă  s’attacher aux nouveaux hĂ©ros, mais la franchise peine Ă  faire de l’hĂ©ritage de Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette une vĂ©ritable force. À vouloir suivre le mĂȘme fil rouge depuis le premier volet, seuls les aficionados de la licence pourront pleinement apprĂ©cier les nombreuses rĂ©fĂ©rences, les enjeux de l’histoire et surtout l’évolution de Ghostface. Une partie du public se retrouvera sans doute sur le banc de touche, mais l’ensemble reste globalement satisfaisant.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google ActualitĂ©s. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

Scream 6 tranche les aprioris pour nous toucher en plein cƓur. Ghostface semble renaĂźtre de ses cendres dans un rĂ©cit le mettant pleinement Ă  l'honneur. Le tueur n'est plus celui que l'on connaĂźt : il est encore plus dangereux et vicieux. Si l'on regrette l'inĂ©galitĂ© de cette nouvelle formule, la franchise surprend pour la premiĂšre fois depuis de nombreuses annĂ©es. On aurait presque envie de voir Scream 7...

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10

Mode