Avant de débuter cet article, il nous faut préciser que même si nous allons faire énormément attention de ne pas vous révéler des détails de Scott Pilgrim prend son envol, il est impossible de vous en parler longuement sans vous parler un minimum de ce qui l’anime. Alors si vous voulez vous laisser entièrement surprendre par la série, que vous soyez connaisseur ou non de l’œuvre originale, nous vous conseillons de revenir après votre visionnage des huit épisodes.
Sur le papier, une série animée consacrée au travail de Bryan Lee O’Malley tient de l’évidence tant le style graphique du comics préfigure déjà un amour du cartoon avec une touche manga. Confié au studio d’animation japonais Science Saru (responsable de l’excellent Devilman Crybaby aussi sur Netflix), le show a donc, dès ses premières images, naturellement repris les lignes arrondies et l’aspect mignon de son modèle. Dans un tout autre genre que la saga Spiderverse au cinéma, mais habité du même esprit, Scott Pilgrim prend son envol donne le sentiment de voir le comics prendre vie sous nos yeux.
On y retrouve Scott Pilgrim, jeune homme de 23 ans vivant à Toronto, n’ayant pas vraiment de but dans la vie hormis occuper l’appartement de son ami Wallace et jouer de la basse au sein du groupe Sex Bob-omb. Mais depuis plusieurs nuits, il se met à rêver d’une jeune femme aux cheveux colorés qu’il n’a jamais rencontré. Par le plus grand des hasards, il va découvrir qu’elle existe vraiment lorsqu’il la croise à une fête et il va se mettre en tête de sortir avec elle. Ce qu’il ignore, c’est que sur la route du grand amour avec Ramona Flowers, il lui faudra combattre les sept ex maléfiques de cette dernière.
Si cette histoire vous dit quelque chose alors que vous n’avez jamais jeté un œil aux œuvres de Bryan Lee O’Malley, c’est que vous avez sûrement vu la géniale adaptation d’Edgar Wright avec Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead dans les rôles-titres en 2010. Un long-métrage fidèle qui a gagné ses galons de culte au fil du temps, notamment parce qu’il reprend à merveille les codes du jeu vidéo. Des codes également présents tout au long de Scott Pilgrim prend son envol avec ses couleurs criardes et ses multiples clins d’œil aux jeux en 8 ou 16 bits, notamment lors des combats. On se croirait presque dans une cinématique par moment.
Et si cette série parvient avec aisance à marcher sur les traces de ses modèles, c’est tout simplement parce que chaque personne ayant participé à rendre Scott Pilgrim incontournable est impliquée. Edgar Wright à la production, Bryan Lee O’Malley au scénario en compagnie de BenDavid Grabinski et tout le casting du film de 2010 venu assurer les voix de leurs doubles animés treize ans plus tard. Chris Evans, Brie Larson en passant par Kieran Culkin ou Brandon Routh, sans oublier Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead évidemment, ils sont tous là pour habiter à nouveau leurs personnages. En prime, on a droit à quelques caméos vocaux supplémentaires.
Scott Pilgrim fait-il du surplace ?
Néanmoins, est-ce que ce respect de Scott Pilgrim prend son envol pour les matériaux originaux ne va pas créer sa principale faiblesse en ne lui accordant aucune valeur ajoutée hormis son nouveau format ? C’est votre dernière chance de vous arrêter dans la lecture de cet article avant qu’on approfondisse le sujet.
Si vous êtes déjà aux faits des événements de l’histoire (donc que vous avez lu les comics et / ou vu le film) et que vous vous attendez à les revivre en animation, vous allez être surpris ! On ne peut vous dire comment et pourquoi, mais il faut savoir que la série va, pendant ses huit épisodes de trente minutes, prendre systématiquement des chemins inattendus.
Des nouveautés multiples et déconcertantes tant elles vont à l’opposé de la mode du moment qui est de caresser le fan dans le sens du poil en répondant à ses exigences. On pensait tout savoir à l’avance de ce qu’allait être Scott Pilgrim prend son envol et dès le premier épisode, le duo de scénaristes nous ramène à la réalité : c’est leur série, leur univers, et ils peuvent le remodeler à leur guise tant que l’essentiel est respecté. Une volonté de réécrire l’histoire de chaque instant qui impose un constat d’impuissance satisfaisant de la part du spectateur. Alors qu’on est souvent confrontés à des productions prévisibles, voilà qu’une série entend envoyer balader nos prédictions avec le sourire. On se fait avoir, et on aime ça.
Sous la plume de l’auteur original, assurant ainsi que certains changements n’en restent pas moins la volonté du créateur libre de modifier sa création, le récit va se moderniser, oser, décontenancer et, surtout, crier son amour pour chaque personnage. Parce que si l’idée de voir le casting original revenir avait forcément de quoi réjouir, il est d’autant plus grisant de les voir jouer des répliques inédites au sein d’une intrigue qui parvient à mettre en avant la quasi-totalité des protagonistes. Loin d’être cantonné à un rôle de faire-valoir au sein d’une romance entre Scott et Ramona, chacun bénéficie désormais d’une mise en lumière lui offrant de nouvelles perspectives d’évolution, une existence propre. Ce n’est pas Scott Pilgrim qui prend son envol, c’est tout son entourage auquel on finit spontanément par s’attacher.
La série représente un espace de liberté pour chaque membre impliqué. Une liberté d’offrir à un personnage l’opportunité d’être son propre héros ; de jouer avec l’esprit méta de l’univers ; avec les formats de réalisation ; de s’affranchir de nos désirs pour multiplier les rebondissements ; de prendre des risques avec des directions qui ne plairont pas à tout le monde. Bref, la liberté de parcourir des chemins différents sans travestir son cœur et son âme. Treize ans après avoir affronté le monde, Scott Pilgrim prend son envol.
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