Qui est l’actuel roi du manga ? Sans aucune contestation possible, que ce soit en termes de ventes ou de popularité, la couronne revient à One Piece, dont Netflix exploite déjà bien le filon avec une série live et un anime reboot en préparation. Mais ces derniers mois ont vu la fin de publication de My Hero Academia, Jujutsu Kaisen et quelques autres prétendants, de sorte que l’on pouvait craindre que l’oeuvre d’Eiichirō Oda se sente bien seule au sommet de l’empire Shonen (genre qui cible prioritairement les garçons et les adolescents).
Que nenni ! La nouvelle génération est déjà là et entend se démarquer par des concepts originaux, à l’image de Chainsaw Man ou Dandadan pour ne citer qu’eux. Deux publications qui ont déjà eu droit à leurs adaptations en animé, notamment sur Netflix pour le second. Sauf que depuis cinq ans, un autre manga fait très, très fortement parler de lui, au point où la courbe de ses ventes vise toujours plus haut : Sakamoto Days, de Yuto Suzuki. Actuellement, il peut même être considéré comme le prince du manga. Pourtant, il aura fallu attendre son vingtième tome (sortis au Japon) pour qu’enfin, il soit adapté en anime, laissant la concurrence prendre de l’avance sur ce terrain. Aujourd’hui, une injustice vient d’être levée, aujourd’hui, nous célébrons le premier jour de Sakamoto Days.
Les petits plats dans les grands
Dans le milieu des assassins, Taro Sakamoto est une légende. Il a autant d’ennemis que d’admirateurs. Sauf qu’un beau jour, il lui est arrivé la pire des catastrophes : il est tombé amoureux. Délaissant son ancienne vie, il s’est marié, a eu un enfant, a vieilli, a grossi et a ouvert une supérette de quartier. Désormais, Sakamoto se tient éloigné de la violence et se fait oublier. Mais lorsque Shin, un jeune assassin télépathe, retrouve sa trace, le père de famille et gérant d’un commerce respectable voit son passé frapper à sa porte et les ennuis qui vont avec. Mais quand il s’agit de protéger les siens, ses adversaires vont vite se rendre compte qu’il n’a rien perdu de son talent unique.
Aux commandes de cet anime, on retrouve le studio TMS, connu pour leur travail sur Lupin the Third, Cat’s Eyes, Détective Conan ou encore Dr. Stone. La réalisation, elle, a été confiée à Masaki Watanabe dont on a pu voir son talent pour mettre en scène les combats sur Dragon Ball Super : Super-Héros. Et il n’est que le premier nom d’une équipe créative où chacun a déjà travaillé sur l’un des poids lourds de l’animation japonaise. Bref, la crème de la crème a été réunie pour faire de Sakamoto Days l’anime majeur de ce début d’année sur Netflix.
Comme elle l’a fait pour toutes ses précédentes productions animées, la plate-forme de streaming a décidé d’une diffusion hebdomadaire et c’est bien uniquement le premier épisode qui est dévoilé ce samedi, peu de temps après la fin de Ranma ½, autre petit bijou ressuscité d’entre les morts par le service SVoD.
Un épisode, cela peut paraître bien court pour se faire un avis définitif, de prime abord, sur la qualité globale de cette première saison, néanmoins, il faut prendre en compte deux choses. La première, c’est que comme tout lecteur du manga, on sait très bien où l’histoire va nous emmener et croyez-nous, vous n’êtes pas prêts. La seconde, c’est que dans un secteur ultra concurrentiel, il est important de parvenir à séduire dès le premier épisode sous peine de ne pas voir les gens revenir pour la suite. Toute la question est donc là, est-ce que ce premier épisode rend hommage au travail de Suzuki et est-ce qu’il donne suffisamment envie, pour un nouveau public, de rester accroché ?
Une animation de qualité sans étincelle
Loin de nous l’idée de taper sur le studio TMS qui a fait un très bon travail pour retranscrire le trait de Suzuki. Les graphismes sont d’une fidélité exemplaire à l’oeuvre papier et on a parfois l’impression de voir les coups de crayons autour des personnages. Les pulsions meurtrières de notre père de famille ont été animées de la même manière qu’elles apparaissent en manga. Quant à l’apport de Watanabe, on doit bien reconnaître que l’épisode prend une autre dimension dès lors qu’il y a de l’action à l’écran, et ce, dès l’introduction. On apprécie d’autant plus cette démarcation entre les séquences violentes et la vie familiale de Sakamoto que ce contraste est justement au cœur du manga, comme si on passait constamment d’un monde à l’autre, parfois sans transition.
Et c’est cette même fidélité qui peut lui être reprocher en un sens. Car le studio TMS ne se réapproprie jamais cette esthétique pour y apporter une touche de modernité, de folie. Là où des œuvres comme Ranma ½, Dandadam ou Chainsaw Man, pour ne citer que nos exemples précédents, ont su se démarquer de leurs modèles, chacun à sa façon, Sakamoto Days ne révolutionne rien. De sorte que le lecteur de la première heure ne trouvera pas forcément de plus-value à passer au format animé, surtout que la lisibilité des séquences d’action est déjà le point fort du mangaka.
Sakamoto Days, notre nous rendez-vous du samedi
Concernant l’histoire en elle-même, elle respecte, elle aussi, à la lettre les plans du maître, et cela, personne ne lui reprochera. Car ce qui fait la force de Sakamoto Days, c’est aussi bien son alliance entre l’action violente et son humour absurde et référencé, que l’écriture de ses protagonistes centraux. À la manière de One-Punch Man, notre ancien assassin est très loin du stéréotype du héros de shonen classique. Vieux, moustachu et bedonnant, on peut dire qu’il est l’anti-héros par excellence. Et pourtant, quelle aura !
Pour qui se lancerait pour la première fois dans l’aventure Sakamoto Days, la série est une invitation à se défaire des préjugés, des apparences trompeuses, en compagnie d’une troupe haut en couleur où chaque membre trouve sa place au sein d’une famille qui va aller en s’agrandissant. Ici, la figure centrale n’est pas un esprit insouciant, c’est un adulte avec des responsabilités, c’est un modèle pour une jeune génération, c’est le gérant d’une supérette en chaussettes et sandales qui ridiculiserait John Wick. On s’amuse, on s’attache et on en prend plein les yeux en seulement vingt minutes, alors que demander de plus ?
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