Critique Rebel Moon – Partie 2 : L’Entailleuse : l’empire contre-arnaque

Incroyable, mais vrai, Rebel Moon – Partie 2 : L’Entailleuse vient de débarquer sur Netflix. Une information que vous découvrez peut-être tant la première partie avait eu droit à une campagne promotionnelle d’ampleur de la part de la plate-forme de streaming, là où la seconde sort dans l’indifférence presque générale. Nul ne sait si le service de SVoD a été refroidi par les mauvais retours critiques et publics ou s’il s’est rendu compte que le maître d’œuvre passait tout son temps à promouvoir sa future Director’s Cut sans considérer ces deux sorties techniques.

Toujours est-il qu’en attendant cette fameuse vision non tronquée avec davantage de sang et de sexe – deux éléments dont l’absence se fait une nouvelle fois cruellement ressentir dans cette suite -, on doit bien jeter un œil à cette Partie 2 dans l’espoir que cela rattrape au moins légèrement cet ensemble. Ensemble qui est donc fièrement annoncé comme non terminé par son auteur. Au point où on en est…

Pillage en règle

L’Entailleuse fait directement suite à Enfant du feu. L’Amiral Noble fait cap sur la planète fermière pour se venger et tout cramer tandis que Kora et ses nouveaux copains arrivent au village et, avec le reste des habitants, se préparent à l’arrivée des troupes impériales. On compléterait bien ce maigre résumé en vous disant que nos guerriers vont affronter leur passé, se lier d’une amitié indéfectible et devenir des légendes, comme l’indique le synopsis officiel, mais on préfère être honnêtes.

Dans ce même souci de vérité, on ne vous cachera pas que si vous n’avez pas accroché à la première partie de Rebel Moon, cette seconde ne vous réconciliera pas avec la mythologie créée par Zack Snyder. Plus d’action et de dialogues au sein du groupe ne suffisent pas à cacher que nos combattants sont toujours aussi intéressants qu’une feuille d’impôt, hormis leur caractérisation sommaire, et que c’est la journée portes ouvertes au rayon pillage de Star Wars et des 7 Samouraïs / 7 Mercenaires. Néanmoins, on pouvait supposer que maintenant que Snyder était débarrassé de la partie exposition, introduction de l’univers, il allait enfin pouvoir se lâcher niveau imagerie épique quand la bataille commencera. Fous que nous étions.

Si Enfant du feu avait pour lui de ressembler à un coffre à jouets mis entre les mains d’un enfant de cinq ans plein aux as qui n’avait ni talent ni idée, mais au moins avait les envies, cette Partie 2 se paie un retour à la réalité en forme d’accro au crack en pleine tentative de sevrage. Car Snyder doit désormais doter ses jouets d’une histoire, de liens, de bravoure et qu’au bout de ces deux nouvelles heures, L’Entailleuse a surtout affronté son propre vide.

L’entailleuse… de veines

Déjà, peut-on nous expliquer comment Les 7 Samouraïs ou Les 7 Mercenaires ont réussi à offrir davantage de consistance humaine et d’esprit de groupe en deux fois moins de temps que ce diptyque ? Malgré un tunnel introductif de quarante-cinq nouvelles minutes – puisque la première partie n’avait apparemment pas suffi – à aucun moment on ne porte un réel intérêt à ces personnages insipides dont les traumatismes dirigeant leurs gestes n’ont d’existence que ce que le scénario leur dicte. Cela donne une scène lunaire d’Alcooliques Anonymes où chacun va ouvrir son cœur au reste de la bande de manière tellement mécanique qu’on peine à voir autre chose qu’un acteur récitant son texte.

Voilà bien un autre problème dont Rebel Moon se serait bien passé. Là où ils se contentaient de rester en arrière-plan dans le premier film, ces héros doivent désormais exister, interagir avec leur environnement. Sauf que si on pouvait penser que le talent d’acteur pouvait peut-être compenser les faiblesses de l’écriture de leurs personnages, il n’en est rien et aucun ne semble vraiment conscient de savoir ce qu’il fout là. On est obligé de glisser un mot sur Fra Fee en grand méchant Balisarius dont le non-charisme sera une éternelle source d’amusement à chacune de ses apparitions.

Même Sofia Boutella, qui a vu sa Kora être au centre de l’attention précédemment, semble maintenant se reposer des efforts fournis et préfère surjouer la guerrière déboussolée. Seul Ed Skrein trouve encore son compte en cabotin méchant de service, convaincu que, puisque personne ne se souviendra de ce rôle dans sa carrière, autant y aller à fond.

Snyder Wish

Dès que les affaires sérieuses débutent, on est contents de voir que Snyder, lui aussi, se soit plié à la méthode Netflix. Photographie terne, aucune scène mémorable, aucun souffle épique et des plans numériques autant que faire se peut. Si le réalisateur a toujours été l’un des distributeurs en chef de plans de poseurs tout droit sortis des planches de comics, Rebel Moon – Partie 2 : L’Entailleuse est aussi énergique qu’un épisode de Louis la brocante avec une absence totale d’idées visuelles. Même en pleine bataille, on s’ennuie avec beaucoup de poussières pour pas grand-chose.

Là où Snyder essayait au moins de soigner ces séquences dans Enfant du feu afin d’iconiser ses personnages ; une fois ces derniers mis sur le même plan, il ne reste plus rien. Ni passion, ni émotion. Et lorsqu’un visage nous quitte, à la manière du frangin Bloodaxe dans le premier volet, la caméra s’attarde si peu dessus qu’elle semble partager notre manque d’intérêt. On pourrait croire que Zack Snyder a filé la caméra à quelqu’un d’autre le temps de bosser déjà sur sa Director’s Cut.

On pourrait d’autant plus valider cette hypothèse que le metteur en scène (tant qu’on n’a pas la preuve du contraire) s’est lancé dans une parodie de lui-même en abusant du ralenti pour tout et rien. À vitesse normale, le film doit gagner au moins une bonne demi-heure. C’est plat et aussi proche du style de Zack Snyder que l’était Les Immortels, avec un Tarsem Singh derrière la caméra se prenant pour Zack Snyder. Au moins, le cinéaste n’est pas le seul à avoir succombé à la paresse de son style puisqu’il accompagne chaque séquence qu’il imagine regardable par la musique d’un Tom Holkenborg se prenant, lui, pour Hans Zimmer. Et pas le Hans Zimmer des beaux jours.

Rebel Moon – Partie 2 : L’Entailleuse est la version lourde et ronflante d’un premier film qui n’était déjà pas bien spectaculaire, mais qui avait le mérite de montrer un Snyder paraissant s’amuser et cela avait un petit effet communicatif. Ici, il n’en reste plus que les anciens défauts et une ribambelle de nouveaux. Peut-être la pire œuvre de son auteur et lorsqu’on entend qu’il souhaite en faire quatre autres du même acabit, on salue la témérité d’un homme fonçant à 200 km/h sur l’autoroute en sens inverse, avec les pneus crevés et les freins pétés.

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