Treize ans après la première apparition de Percy Jackson au cinéma, le demi-dieu de l’Olympe est enfin de retour sur le devant de la scène afin d’effacer les erreurs du passé. Suivant un échec cuisant sur grand écran en 2010 et 2013, la saga littéraire se retrouvait alors dépourvue d’une adaptation digne de ce nom. À cette époque, Harry Potter laissait pourtant aux œuvres du genre une place de choix dans le paysage cinématographique, dont Percy et ses amis n’ont su s’emparer. Le nouveau règne des dystopies adolescentes fera alors ses débuts avec la sortie en salles d’Hunger Games en 2012.
Mais aujourd’hui, voici que les mastodontes de la littérature jeunesse des années 2000 vivent une véritable renaissance. Tandis que les aventures du petit sorcier à lunettes auront droit à leur reboot télévisé sous l’impulsion d’HBO et qu’Eragon prépare aussi sa propre série, l’œuvre de Rick Riordan ouvre les festivités sur Disney+. Depuis le rachat de la 20th Century Fox, la firme aux grandes oreilles est en charge des droits d’adaptation. Un achat que Mickey compte bien rentabiliser. Le monde de Percy Jackson a beaucoup de potentiel : encore faut-il savoir l’exploiter correctement. En impliquant l’auteur des romans dans le processus créatif, Disney vise dans le mille et offre une parfaite réinterprétation de cette épopée culte.
Se réapproprier l’univers
Relancer Percy Jackson en 2023 s’impose comme un véritable challenge. Premièrement, car l’œuvre originale vise une génération de lecteurs bien différente, mais aussi parce que le héros s’est déjà invité sur nos écrans. Pire encore, cette tentative initiale est aujourd’hui encore considérée comme une catastrophe. Il n’est donc pas uniquement question de produire une adaptation digne de ce nom : il faut que celle-ci éclipse l’affront précédent. Après treize longues années à regretter l’adaptation cinématographique, Rick Riordan a su trouver les ingrédients nécessaires pour faire rayonner son monde sur le petit écran. Pour donner vie à une telle aventure, les efforts débutent dès le casting des personnages. S’il est important de trouver des acteurs convaincants dans le rôle de dieux grecs, il est d’autant plus nécessaire d’assurer une alchimie convaincante.
Les longs-métrages de 2010 et 2013 avaient fait le choix de vieillir les héros pour les représenter adolescents. Ils leur manquaient alors l’innocence de l’enfance, élément clé de leur développement personnel tout au long de cette épopée. Cette fois-ci, les spectateurs découvrent un trio de jeunes héros paraissant être tout droit sorti des pages du livre. S’il faut attendre l’épisode 3 pour voir cette puissante amitié s’installer, les performances de Walker Scobell (Percy), Leah Jeffries (Annabeth) et Aryan Simhadri (Grover) ne laissent pas de place au doute : Rick Riordan a vu en eux le reflet de ses protagonistes. Au terme de cette première saison adaptant les événements du Voleur de Foudre, il est certain que les jeunes acteurs deviendront les visages indissociables de ces héros, à l’image du trio d’Harry Potter en son temps.
Entre fidélité et originalité
Si le pari de l’alchimie est réussi, qu’en est-il du reste de la production ? Pour que le charme des acteurs puisse faire mouche, la série a également pour lourde tâche de retranscrire les longues heures de lecture en seulement quelques épisodes. Après des longs-métrages vivement critiqués pour avoir dénaturé les événements originaux, il paraissait évident que Rick Riordan décide de suivre ses romans à la lettre près. Pourtant, l’auteur surprend en offrant une réinterprétation réfléchie de son œuvre. Dès son premier épisode, la série Percy Jackson n’hésite pas à éclipser certaines scènes pour gagner en substance dans d’autres. L’introduction est largement raccourcie pour renforcer le lien entre le héros et sa mère, un parti pris judicieux permettant d’accroître les enjeux qui dompteront le scénario sérialisé au fil des épisodes.
Toutefois, l’organisation du troisième épisode se charge véritablement de donner le ton pour le reste de la série. Bien que nous tairons les choix scénaristiques pour éviter tout spoiler, ce chapitre de l’aventure prouve à lui seul la volonté de Rick Riordan d’offrir une expérience Percy Jackson à part entière. Si la série regorge de références laissant présager du très bon pour les fans inconditionnels (à l’image de l’apparition des cartes Mythomagic ou encore la mention d’un restaurant D’Angelo’s), il semblerait que cette adaptation cherche à tracer son propre chemin pour devenir complémentaire de la saga dont elle s’inspire. S’en dégage alors un étrange sentiment de familiarité autant que de découverte, permettant à tout profil de spectateur de ressentir la magie de Percy Jackson comme au premier jour. La nostalgie se mêle parfaitement à la modernisation de l’univers, qui ne manque pas d’humour en représentant le héros comme un jeune garçon de la génération Z, pris au dépourvu par cette nouvelle vie inattendue.
Une série façon grande saga au cinéma
La réputation de Disney+ n’est pas au beau fixe. Suivant une surproduction de contenus Marvel et Star Wars, la plateforme de streaming semble avoir perdu de son charme et de sa capacité à offrir des visuels dignes de ce nom. Mais alors que la firme espère opérer un changement de stratégie radical, il semblerait que la série Percy Jackson soit un premier aperçu de cette nouvelle ère. Rien n’est laissé au hasard dans cette production qui devra faire face à la renaissance d’Harry Potter à la télévision. Disney redouble d’efforts pour offrir un programme digne des plus grandes sagas du cinéma. Cela s’exprime dans un premier temps au travers de la direction artistique et des jeux de caméra. Couleurs, décors et angle de vue (mention spéciale à la Colonie des Sang-Mélés) transpirent cette magie caractéristique qui a su faire les grandes heures du sorcier à lunettes ou encore du Monde de Narnia.
La série est un régal pour les yeux et n’a rien à envier aux effets spéciaux et autres sets physiques des productions cinématographiques. Malgré cette volonté d’émuler l’ambiance des adaptations populaires, la série n’hésite pas à explorer pour faire naître sa propre esthétique. Si les spectateurs peuvent regretter certaine une tendance à abuser du fondu au noir, technique inhabituelle pour le genre, force est d’admettre que cette série Percy Jackson est dans l’ensemble touchée par la grâce (divine). Ces respirations entre plusieurs scènes majeures ne sont d’ailleurs pas là par hasard, elles appuient l’ambition théâtrale du dernier-né du catalogue Disney+. Sans le savoir, les spectateurs découvrent une collection de chapitres individuels, d’histoires qui s’amoncellent pour rappeler le format originel de cette aventure. Un choix malin qui convoque de nombreuses ellipses pour faire honneur à la saga littéraire qui a bercé bien des enfances. Le livre de contes — option mythologie grecque — de Rick et Riordan et Disney repose sur un travail d’orfèvre, c’est une démonstration de force pour cette adaptation qui peut sans peine rivaliser avec les plus grands.
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