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[Critique] Paradise lost : l’enfer, c’est les autres

Pour son premier film en tant que réalisateur, Andrea Di Stefano (vu dans Nine et l’Odyssée de Pi notamment) s’attaque au mythe de Pablo Escobar, le…

Pour son premier film en tant que réalisateur, Andrea Di Stefano (vu dans Nine et l’Odyssée de Pi notamment) s’attaque au mythe de Pablo Escobar, le célèbre narco trafiquant passé à la postérité, héros d’une légende qu’il a crée lui-même à force d’audace et de barbarie. Cependant, ne vous attendez pas à voir un énième biopic sur la vie, l’œuvre d’Escobar, il ne sert ici que de prétexte pour vous raconter une autre histoire. Mais quel prétexte !

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En effet Paradise Lost n’est pas un biopic comme Hollywood aime à nous les fabriquer depuis quelques années. Ici on suit Nick (Josh Hutcherson vu dans Hunger Games), jeune surfeur débarqué de son Canada natal pour suivre son frère, parti avec femme et enfant afin de vivre son rêve colombien, niché sur une plage face aux vagues. Un petit coin de paradis. Premier problème, en Colombie, que ce soit pour la drogue et tout type de trafic, tout est question de territoire. Et ils ne sont pas les bienvenus. C’est alors que Nick rencontre Maria (brillamment interprétée par Claudia Traisac, actrice espagnole dont c’est le premier rôle), jeune colombienne dont il tombe amoureux. Tout semble parfait jusqu’à ce que la jeune femme lui présente son oncle : Pablo Escobar.

Le réalisateur a choisi de parler d’eux et la manière dont ils peuvent vivre sous la coupe de cet oncle encombrant, que tout le monde adule autant qu’il redoute.
Le film décrit très bien le dilemme qui se pose à Nick. Sa volonté de vivre sa vie, de se défaire d’une emprise qu’il n’a jamais souhaité tout en restant loyal envers sa nouvelle famille, celle de Maria mais également la sienne et son frère qui ne comprend pas ses choix.

Le film monte doucement en pression pour faire place au thriller psychologique à mesure que Nick découvre la véritable nature de cet oncle que tout le monde semble vénérer et qui se montre si dévoué à son clan. Passées les premières interrogations et suspicions, il comprend véritablement qui il est lorsqu’il demande à Maria comment son oncle a fait fortune. Et elle de lui répondre le plus naturellement du monde : cocaïne. Il ne fait qu’importer un « produit national » que tout le monde consomme. Savoureux.

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Même si tout est suggéré dans le film, Pablo Escobar en est arrivé à un point où il n’a plus besoin de se salir les mains – le film se focalisant sur la période de 1983 à 91, année de sa reddition – il n’en demeure pas moins trouble, sur le fil entre le patriarche et le criminel, celui qui ordonne et scelle de destin d’êtres humains sur un mot, parfois juste un regard. Dans ce rôle, Benicio Del Toro est encore une fois brillant, magnétique. Toujours à la frontière entre la bête et l’humain, dont la présence et le charisme suffisent à emplir l’espace. Il bouffe l’écran sans jamais tomber dans la caricature. Il habite ce Pablo Escobar bedonnant et en survét, fasciné par Bonnie & Clyde au point d’avoir acheté la voiture criblée de balles qui fut leur dernière demeure, si bien qu’on voudrait le suivre encore et encore, on en vient à regretter que le film de Di Stefano ne soit pas un pur biopic. Son absence se fait cruellement sentir durant le film.

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Benicio Del Toro sous les traits du baron de la drogue, Pablo Escobar

Andrea Di Stefano a choisi intentionnellement de s’attarder sur cet aspect d’Escobar, plutôt que sur le criminel à la tête du Cartel de Medelin, non sans nimber l’atmosphère d’une odeur de souffre. Le réalisateur souhaitait que le spectateur « rencontre » l’homme, qu’il se pose la question de la moralité et qu’il soit attiré par l’écran et Pablo Escobar avant que sa face sombre ne soit révélée.
On part donc sur les traces de l’homme politique qu’il a été et qui lui a permis de s’attirer les faveurs du peuple colombien (bénéfices du trafic réinjectés dans la société colombienne via la construction de maisons, etc.), même après sa disgrâce et sa reddition qui l’emmena en prison (où il a pu tranquillement poursuivre son business et asseoir son contrôle).
Cet aspect qui fait dire à Nick et Maria qui leur sera difficile de quitter un jour la Colombie, quand la Colombie et Pablo Escobar ne font qu’un.
Commence alors un jeu de poker où la seule chose certaine est que cette partie aura une fin.

Une plongée intéressante et atypique dans l’univers du narco trafiquant le plus célèbre de la planète.

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3 commentaires
  1. J’ai du arrêter de lire avant la fin pour éviter le spoiler, mais ce film a l’air intéressant.
    Si il y a des “fans” de Pablo Escobar, il y a le film Medellin réalisé par Billy Walsh … 🙂

  2. Elodie, tu as une véritable plume. Bien loin des écrits (Très bon ou pas là n’est pas la question) de tes collègues.

    Je pense que tu t’exprimerais plus sur un média qui demande un travail encore plus poussé dans l’investigation 🙂

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