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Critique One Piece : Netflix a-t-il trouvé son trésor ?

Bien décidé à croquer à pleines dents dans un Fruit du Démon, Netflix risque la noyade avec son adaptation mais n’a peur de rien.

Après avoir fait le bonheur des lecteurs de mangas et des spectateurs d’animes pendant plus de vingt ans, One Piece passe enfin devant les caméras. L’œuvre d’Eiichiro Oda s’était jusqu’alors épargnée les risques d’une adaptation en live-action. Ces productions considérées comme maudites par les aficionados de japanimation ont généralement tendance à ternir la réputation d’une série plutôt que de lui offrir un nouveau rayonnement.

Contre toute attente, Oda révèle finalement son alliance avec Netflix en 2020 pour transposer sa création en prise de vue réelle. Après avoir forgé un monde si merveilleux, difficile de ne pas souhaiter le voir prendre vie. Guidés par le goût du risque, le mangaka et la plateforme au N rouge se lançaient dans une production pour le moins dangereuse. L’exploit de rendre hommage à l’œuvre d’origine tout en ralliant fans et nouveaux venus est-il même réalisable ?

Rongés par l’inquiétude à chaque nouvelle annonce concernant ce projet, les fans trépignent désormais d’impatience à l’idée de découvrir la série live. Suivant quelques teasers et trailers prometteurs, l’équipage du Chapeau de Paille lève enfin l’ancre sur les quais de Netflix, et force est de constater que la joyeuse troupe de pirates n’arrive pas les mains vides.

L’héritage des adaptations

L’industrie audiovisuelle américaine n’a que rarement réussi à rendre hommage aux grandes œuvres japonaises. Malgré de discrètes réussites comme Alita : Battle Angel ou encore Alice in Borderland, les spectateurs se souviennent avant tout des catastrophes à répétition. Dragon Ball Evolution et Ghost in the Shell n’ont pas manqué de décevoir en salles. Sur les plateformes de SVOD, Netflix traîne aussi quelques casseroles, à l’image des adaptations ratées de Death Note et Cowboy Bebop.

Suivant tant d’échecs, difficile d’imposer la confiance au sein de l’audience : pourquoi One Piece serait-il différent ? Ses prédécesseurs ont toujours échoué dans leur quête de retranscrire l’ambiance et l’émotion de l’animation. Dupliquer les mimiques surjouées et les mises en scène loufoques des mangas n’est pas une mince affaire. La folie des grandeurs propre au format papier et animé ne fait pas bon ménage avec la réalité.

Bien décidés à rendre les meilleures scènes de Seinen (mangas pour jeunes adultes) toujours plus épiques, les réalisateurs se sont trop souvent perdus dans un torrent de malaise auquel les spectateurs ne peuvent échapper. Jouer un manga à la lettre près paraîtra toujours décalé : la surenchère est la nature même de ces œuvres. Les discours de Light Yagami paraissent idiots sortis de la bouche d’un acteur sur Netflix alors que ces mêmes paroles font mouche dans l’œuvre originale.

Hollywood n’a jamais réussi à se débarrasser des niaiseries des animes. Plutôt que de tenter l’impossible, One Piece décide de faire une force de cet habituel défaut. L’œuvre d’Eiichiro Oda est comique et déjantée, une ambiance propre qui a su faire son succès. En décidant d’assumer son côté loufoque, l’adaptation des aventures de Luffy est en parfaite adéquation avec son modèle. Dans ses moindres détails, la série transpire la bonne humeur pour nous mettre le sourire aux lèvres. Les instants plus sérieux s’expriment avant tout lors des affrontements, parfaitement maîtrisés et chorégraphiés. Les compétences de Luffy, Zoro et Sanji sont sublimées et ne manquent pas d’en mettre plein les yeux. Les fans seront comblés, mais les matelots en herbe pourraient bien être largués.

One Piece retravaillé

Dans One Piece, tout est une question d’action, d’humour et d’amitié. Dès son premier épisode, la série coche toutes les cases pour convaincre ses spectateurs. Le programme n’a que huit épisodes pour briller et nous faire tomber sous le charme de cet équipage atypique. Résultat des courses, One Piece ne perd pas une minute, et prend vite des libertés pour adapter sa narration au format sériel habituel en occident.

Exit les longueurs, tout s’enchaîne à un rythme effréné avec pour seul répit les retours dans le passé de nos protagonistes. Contrairement aux 20 épisodes nécessaires dans l’anime pour rencontrer l’ensemble de l’équipage d’origine, il n’en faut que cinq dans cette version revisitée. Cette approche raccourcie est d’autant plus efficace que le choix des acteurs est excellent. En évitant de nous faire trépigner à l’idée de croiser un Usopp décevant ou un Sanji loin d’être charmant, la série nous place rapidement au cœur de cet équipage attachant.

Crédits : Netflix

Les interprètes font véritablement honneur à leurs personnages. Il convient cependant de relever la performance touchante d’Iñaki Godoy, qui arrive à se glisser dans la peau de Luffy à la perfection. Le jeune acteur s’approprie le rôle pour ne faire plus qu’un avec le protagoniste culte. Chapeau (de paille) à lui et aux équipes de casting. L’alchimie entre les acteurs est frappante et l’on prend plaisir à découvrir la formation de cette belle bande d’amis.

Cependant, un tel plongeon dans le vif du sujet impose de grands changements au niveau du scénario. Comme l’avait promis Oda, la série Netflix n’est pas une adaptation fidèle. C’est avant tout un programme qui arrive à faire de l’original une série télé proprement efficace. Certaines décisions prises dans le scénario ont de quoi surprendre les fans, mais celles-ci ne manquent jamais de convaincre. Les grandes lignes de One Piece sont respectées et l’œuvre s’offre un nouvel angle intéressant, un peu à la manière d’une version parallèle venue d’un autre univers.

Tout comme The Walking Dead et The Boys avant lui, One Piece parvient à effectuer une transition efficace de son format d’origine vers la télévision. Loin d’être exempt de tout défaut, le programme réussit là où les précédentes adaptations du genre ont échoué. On regrettera cependant l’omniprésence de la patte Netflix, qui arrive malgré tout à ternir même les meilleures idées.

Le syndrome Netflix

Tous les efforts du monde ne suffisent pas à éclipser les mauvaises habitudes de la plateforme de streaming. Devenu une véritable machine à productions originales, le N rouge semble toujours plus souffrir de son propre cahier des charges. Séries et films s’uniformisent et finissent par porter le lourd fardeau du géant du divertissement. C’est à croire qu’en surproduisant, Netflix ne peut plus laisser de temps à ses équipes pour jouer la carte de l’originalité.

Désormais, quelques coups d’œil suffisent à différencier leurs productions du reste. Les jeux de caméra, la colorimétrie des images et l’organisation des scènes deviennent indissociables d’un programme à l’autre. Si One Piece arrive à briller par sa sincérité et les efforts de supervision d’Eiichiro Oda, l’ADN de sa plateforme lui coûte quelques bons points. Malgré un budget conséquent alloué à la création de décors physiques au profit d’effets spéciaux en demi-teinte, certaines prises de vues arrivent à briser l’immersion tant celles-ci paraissent tirées d’une énième teen series (on parle de vous Riverdale et Mercredi).

Crédits : Netflix

Tous les efforts de productions semblent être passés dans le scénario et les dialogues, au détriment d’une cohérence visuelle inexistante. La qualité du montage et des scènes varie bien trop brutalement d’un instant à l’autre, à notre grand désarroi. Même constat pour la bande-son loin d’être mémorable, à l’exception de quelques rappels aux mélodies cultes de l’anime. Aussi, spectateurs pointilleux et autres novices à cet univers risquent d’être désemparés par le manque d’approfondissement du récit. Certains points clés de l’histoire se démêlent à une vitesse fulgurante afin d’en montrer un maximum en si peu de temps. Résultat des courses, l’évolution des relations ou le dénouement de certains combats laissent à désirer.

Si nous n’avons eu aucun mal à passer outre ces quelques raccourcis en connaissant l’histoire originale, il n’est pas certain que les nouveaux venus soient du même avis. Il en va de même pour la qualité inégale des costumes (et surtout des perruques). Certains personnages ressemblent plus à des cosplays en pleine Japan Expo sous 35°C qu’à de véritables costumes créés pour une superproduction. Les habitués apprécieront les efforts de ressemblance tandis que les initiés n’y verront que des tenues extravagantes de qualité douteuse.

Sans surprise, cette adaptation de One Piece est avant tout pensée pour les fans de la première heure, qui pourront redécouvrir leur œuvre favorite sous un nouvel angle. Reste que pour un novice, découvrir l’œuvre d’Eiichiro Oda par le biais de la superproduction Netflix ne sera sans doute pas l’idée du siècle.

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Notre avis

Cette série s'annonçait tout aussi périlleuse que la quête pour le trésor de Gold Roger sur Grand Line. Malgré quelques cafouillages propres aux productions estampillées Netflix, la magie du shonen opère à merveille pour faire de One Piece la première adaptation digne de ce nom. Sans être parfaite, cette proposition réussit là où tant d'autres ont échoué : un exploit que l'on pensait irréalisable. Vingt ans après l'original, on se laisse facilement surprendre en redécouvrant cette aventure indémodable d'un regard nostalgique. Ce nouvel équipage est si attachant qu'on le verrait bien s'éterniser tout autant que l'anime. Chapeau l'artiste.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10
16 commentaires
  1. Pour le coup l’adaptation est réussie et votre critique aussi, même si c’était obligé que vous clashiez Cowboy Bebop alors que c’est une tuerie. Mais comme à chacune de vos critiques il faut que vous le citiez, alors qu’il a pourtant les mêmes défauts/qualités que vous citez ici. C’est affligeant une telle redondance de frustration, bien que les autres ouvres cités sont effectivement de vraies cata.

  2. Adaptation réussie.
    Côté acting j’aime moins Garp, il faut qu’il enlève le balais dans ses fes*** il marche et bouge comme un robot. Coby je trouve joue très juste, c’est propre.
    Le rythme de la série est très bon, on rappel le nombre d’épisode de la saga east blue : 61 (exit loguetown sur les 8 premiers episodes)
    Pour moi le gros boulot a réaliser c’était les filler, je met 6.5/10, c’est encourageant (attention toute fois aux dialogues trop simplistes ou qui ne servent à rien et aux prises de liberté excessives)
    Les flash back sont réussis (mitigé pour shanks)
    Sur les décors, on ne peut pas faire beaucoup mieux vu la complexité du projet.
    Sur la réalisation, attention à certains gros plans et certains cadrages étonnants (c’est peut être voulu, mais c’est parfois pas beau)

    Les adaptations c’est toujours une énorme prise de risques (encore plus sur une serie)
    Je met un 6.5/10 encourageant, bon c’est beaucoup d’argent tout ça, mais je pense qu’ils auraient pu faire mieux sur East Blue.
    Notamment le flash back dans lequel Shanks perd son bras, scène mythique qui prend tout son sens aujourd’hui dans le manga. On ne ressent pas l’amour ou encore la proximité de Garp pour Luffy, ça manque de moments comique et de fist of love.
    Ce n’est que mon avis mais il y a trop de filler je pense que respecter un peu plus l’œuvre en faisant moins d’épisodes aurait pu être tout aussi sympa.

  3. Les discours de Light Yagami paraissent idiots aussi dans ce manga surcoté & à la fin ridicule dès lors qu’on réfléchit un peu, cela dit.

  4. A part que les personnages sont guère ressemblant, rien que pour ça je passe…
    une adaptation doit être fidèle sinon on change le nom et on part sur une licence nouvelle, mais on préfère saccager de vieilles licences pour escroquer les fans en ciblant les plus grandes communautés pour effectuer ces arnaques afin de tirer de juteux profits de l’affection que génére la licence.

  5. Pour ma part, j’ai tenu 10min avant de tout stopper et je ne suis pas près de reprendre.
    je n’ai vraiment rien aimé dans cette adaptation que je trouve au rabais et sans intérêt.

  6. Avis d’un extraterrestre n’ayant pas lu le manga, et vu que les 2 premiers épisodes de l’animé.
    L’animé, peut être un peu lassé des mangas fleuves après mes années DB, DBZ, Naruto et Bleach, je n’ai pas accroché. En plus, je ne kiffai pas le pouvoir du héros.
    Je m’attendais à une catastrophe industrielle de niveau 10 sur une échelle de 10.
    Et j’ai adoré 😊
    Les effets spéciaux sur le pouvoir de Luffy m’ont bluffé. Ils ont trouvé l’Acteur pour ce rôle.
    J’ai kiffé l’acteur du gars au 3 katana et son histoire, trouvé moins crédible dans les scènes d’actions la voleuse. J’ai kiffé le clown et son pouvoir.
    Un bon rythme, plein de rigolade, hier j’étais fatigué, devait aller me coucher, lever tôt et pourtant, j’ai continué jusqu’au moment ou je m’endormais sur mon canap, comme un gamin qui a pourtant plus de 50 ans 😊

  7. personnellement, je suis mitigé. les scènes sont bien faites, sauf que des personnages manquent à l’appel et que je trouve qu’il font partie de l’histoire comme octy le poulpe et la vache meumeu .
    mais ce que je trouve la plus nul c’est qu’il ni a pas la scène des dents avec arlong quand luffy les met ou la scène ou luffy encre ses piend dans le beton et qu’il reste bloqué. se sont des scènes mythique.
    cela est mon avis en temps que fan de one piece

  8. @Elminster44, ils tiennent pourtant le bon format.

    L’arc “East Blue” c’est 62 épisodes. Ils ont ramené ça en une saison de 8 épisodes et ça fonctionne plutôt bien (sachant que tout le fil rouge avec Garp/Koby n’existe pas dans le manga/anime).

    L’arc “Alabasta” c’est 74 épisodes, de quoi faire une saison 2 de 8 à 10 épisodes.

    L’arc “Skypia” c’est 70 épisodes (avec 3 sous arc hors série). Idem de quoi faire une saison 3 de 8 épisodes.

    A part les derniers arcs qui durent 2 ans à 2 ans et 1/2, ils n’ont pas trop à s’inquiéter pour ça pour le moment.
    Il y a de quoi faire 10 à 12 saisons. Et vu le succès de la saison 1, la suite est garantie.

  9. Une série dont on peut se passer… ce qui passe bien dans l’animé devient complètement niais en live… ça donne une histoire de neuneus avec une morale à 2 balles et des combats qui manquent clairement de l’intensité de l’original. Les acteurs de Luffy, Sanji et Ussopp surjouent. Restez sur l’animé.

  10. Pas encore vu, mais je vais peut-être bien me lancer. Juste un commentaire sur Alice in Borderland. C’est peut-être produit par Netflix mais d’un point de vue créatif c’est bien un drama 100% japonais. Et ce n’est pas une “discrète réussite” mais l’un des plus gros cartons de la plateforme.

  11. C’est juste trop bien votre critique par contre je passe . quand au commentaire du mec qui dit que c’est pas fidèle aux personnage celle là m’a fait bcp rire

  12. UNE HONTE !
    Ah ouais le jdg… vous aimez ça ?
    pour saccager des séries ou des films incroyables avec des articles où les rédacteurs se prennent pour des critiques professionnels là vous répondez présent mais par contre, pour encenser cette bouse infâme qui atomise littéralement l’oeuvre de Oda… là vous êtes là XD

    TOUTES les réadaptation de manga en film sont catastrophique et Netflix sont les champions du monde dans le domaine

  13. Vue la gueule de Arlong et des hommes poissons, je n’ai pas DU TOUT hâte de voir ce qu’ils vont faire de Chopper… 🙁

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