Night Shyamalan n’est pas un cinéaste de la mesure. Il suffit de regarder sa filmographie pour y dénicher autant de pépites (Sixième sens, Le Village, Incassable ou Signes pour ne citer qu’eux) que de ratés (After Earth, Phénomènes, Glass sur plusieurs points) ; comme s’il se laissait parfois déborder par son élan et des budgets plus conséquents.
Mais c’est un réalisateur qui a toujours su rebondir, nous proposant notamment un The Visit presque passé sous le radar et pourtant réussi sur bien des aspects, deux ans après la catastrophe After Earth. Si on se risquait à un raccourci grossier, on pourrait même dire que depuis son entrée dans le cercle des réalisateurs attendus, il déçoit un film sur deux. La conclusion de sa trilogie autour des super-héros nous ayant laissé plus que mitigés en 2019, on avait envie de croire qu’Old serait donc une bonne pioche.
L’idée de départ sentait déjà le retour au basique : le thriller fantastique. On y suit un groupe de touristes profitant d’une plage isolée avant de s’apercevoir que le temps s’y déroule beaucoup plus vite. Face à leur vieillissement accéléré et un lieu qui semble les garder captifs, ils vont devoir trouver une solution avant qu’il soit trop tard.
Cafouillages et crustacés
Le film est à l’image de son histoire et ne perd pas le temps, fonçant comme Olive et Tom droit au but. En quelques minutes, on nous présente la famille principale emmenée par les excellents Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps, puis leurs futurs colocataires de galère, avant d’entamer les hostilités. Cet objectif de rester concentré sur l’essentiel offre une cohérence d’ensemble et du rythme à Old, ce qui s’apprécie à sa juste valeur. Néanmoins, il ne s’accomplit pas sans quelques sacrifices au passage, notamment concernant les personnages.
Notre famille souffre ainsi d’une caractérisation simpliste et appuyée de façon grossière, nous donnant droit à certaines répliques particulièrement lunaires face à la situation. Quant aux autres invités, leurs profils se résument en trois mots maximum. Autant, on est happés par les événements, autant, le sort des protagonistes nous importe finalement très peu.
Un problème dont on se remet facilement tant il s’intègre, comme on l’a dit, parfaitement au sein du but recherché. Old a sa logique et si on grince parfois des dents, on ferme les yeux et on marche. Jusqu’au moment où M. Night Shyamalan, ayant mené à bien sa mission, repart dans l’un de ses fameux élans maladroits lors de son épilogue. Évidemment, on ne vous révélera rien des événements, mais on a presque l’impression d’assister à un film totalement différent où le côté épuré du récit laisse place à une sur-explication maladroite et où le réalisateur semble cumuler les fins, comme s’il avait été incapable d’en sacrifier une seule au montage. Une cassure de rythme qui nous laisse avec un léger goût de gâchis au générique final, nous qui étions jusqu’ici conquis.
Un thriller tendu captivant
Parce que si on évacue ce final, véritable point noir de Old, tout le reste est d’une efficacité à toute épreuve ! Plus qu’un réalisateur du fantastique, M.Night Shyamalan est surtout un faiseur d’ambiance. Il a l’art de transformer une plage paradisiaque en cauchemar oppressant en seulement quelques plans.
Sans se perdre en effets de style, le cinéaste attise la peur du hors-champ ; se refusant presque à se laisser aller à l’imagerie horrifique, à de rares exceptions, histoire de prouver qu’il peut créer le frisson d’un gros plan sur un visage terrifié. Old n’est pas un film d’horreur, c’est un film de malaise dont on n’arrive pas à détacher le regard. Tout y est malsain, angoissant, et en même temps captivant. L’exemple parfait d’un concept simple porté à l’écran avec une précision chirurgicale, une efficacité redoutable, pendant la majeure partie de l’opération. Si on n’y retrouve pas la même fougue, Old nous rappelle que M. Night Shyamalan est le réalisateur de Sixième Sens, du Village, de Signes. Un réalisateur qui n’oublie pas de placer l’humain au centre de son récit fantastique, lui aménageant de l’espace pour ses côtés les plus beaux comme les plus sombres.
Un réalisateur qui sait aussi jouer de son concept pour nous offrir quelques belles idées, au détour d’une phrase, d’une scène, nous incitant à constamment garder à l’esprit ce temps qui défile. Un défilement qui s’apprécie également sur le casting avec un très gros travail de maquillage. C’est tout un cycle de vie qui se déroule en moins de deux heures sur les visages et les corps de ces « prisonniers ». De quoi nous baigner pleinement dans cette atmosphère si particulière et (presque) si réussie.
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faut-il dire que c’est l’adaptations ciné de la bande dessinée “Château de sable” de Levy et Peeters?!
merci pour le spoiler dans le titre de l’article, ça fait tjrs plaisir
Bonjour, ce n’est pas un spoil, il est explicitement montrer dans les bandes annonces.
Je dirai même plus : toute la promo est basée dessus
“Signes”, une pépite ? Mouarf !
Il est drôle votre site, nous n’avons pas le droit de poster des commentaires sur les articles sponsorisés.. Je me demande bien pourquoi, à force, on ne va pas appeler votre site journal du geek mais plutôt journal des guignols achetés, oups
C’est quand même écrit sur les affiches du film 30 minutes = 1 an…
Ne t”inquiete pas, ca pique les yeux de plusieurs lecteurs. Pour rigoler un peu écoute le podcast 2 heures de Perdues sur Signes. Ah ce beau film aurait fait un carton avec une version pendant le confinement :p
Bon, la bande annonce déclare immédiatement qu’on vieillit sur cette plage, il n’y a pas vraiment de spoil dans l’article.
Mais sincèrement, ce concept vous parait intéressant ? On va sur une plage, ou en quelques heures, on vieillit de plusieurs années.
C’est vraiment un scénario qui vous parait intéressant, riche, exploitable ? Personnellement, j’ai même pas envie d’aller plus loin que la bande annonce, elle dit tout. Ce film ne m’attire absolument pas.
Soit on assume totalement un scénario complètement pété, à la Suicide Squad, et le spectateur sait alors à quoi s’attendre (du boum, des fx et pas des phrases très poussées), soit on fait un film avec un sujet de fond, mais la je sais même pas dans quoi placer “Old”. Ou c’est simplement que l’idée de base de ce scénario me semble complètement à chi*r.
Je recommande l’épisode de Chroma sur Signes. Pour moi il réhabilite le film
Tout au contraire, j’adore ce type de scénario dramatique, entre le huis clos et le fantastique.
Preuve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un gros budget pour ce genre de film (que j’aimerais voir en France), je pense par exemple à Cube, la Plateforme, Alien, voire même Time Trap (bon ok lui est très moyen).
Expliquer le phénomène du vieillissement passe au second plan pour moi.
Je suis d’accord pour le budget. Il ne fait pas la profondeur d’un film. Certains gros films sont des flops, d’autres, au budget très restreint, sont des bijoux.
Cette histoire de vieillissement. Ca peut pas passer au second plan, c’est le scénario du film 🙂
Après, possible que ce soit moi qui n’y suis pas du tout sensible, tout simplement.
Les scénarios fantastiques, ou dramatiques me plaisent également.
Mais je ne peux pas aimer un film dont l’intrigue ne m’attire absolument pas. Ce n’est qu’un avis personnel, si ca se trouve ce sera un grand succès, et tant mieux pour toute l’équipe.
“c’est arrivé près de chez vous”, très petit budget, grandes émotions
Une jeune fille aux yeux bleus qui changent de couleurs virant au marron !!!!????? Nooooonnnnnnn, ca gache tout.