Une ombre file dans la nuit. C’est un assassin qui s’enfuit. Et comme un démon il sourit. Son crime restera impuni. Toute une génération vient de lire cette phrase avec la voix de Jean-Paul Césari. Une génération dorée bercée au Club Dorothée (aucune objectivité, c’est assumé), la Mecque des découvertes sur notre sol de héros venus du Pays du soleil levant. Et parmi eux, le deuxième homme le plus censuré à la télévision après Kenshiro, l’obsédé de Shinjuku, celui qui ne craint personne surtout quand la fille est mignonne : Nicky Larson, Ryo Saeba de son vrai nom non-francophone, alias City Hunter.
La popularité du nettoyeur toujours au garde-à-vous ne l’a jamais quitté depuis qu’il a tiré ses premiers coups et le personnage de Tsukasa Hōjō revient souvent sur grand écran, sous des aspects bien divers dont certains qu’on aurait aimé oublié (comme la version avec Jackie Chan). Mais il semblerait qu’après avoir connu une retraite un peu discrète au début des années 2000, ces dernières années l’on remis sur le devant de la scène avec notamment une adaptation française de Philippe Lacheau réussie (si si), un autre live action prévu sur Netflix pour 2024 et surtout, le film d’animation Private Eyes qui ressuscitait Ryo 20 ans après le métrage La Mort de City Hunter. À l’image d’un auteur incapable de tuer son personnage en lui offrant une seconde vie dans la fausse suite du manga original Angel Heart, Nicky Larson – City Hunter : Angel Dust affiche ses intentions : Ryo Saeba ne meurt jamais. Cela tombe bien, on en n’a aucune envie.
Pressée par les problèmes financiers, Kaori accepte à contrecœur d’aider Angie, une créatrice de contenu vidéo étrangère à retrouver son chat. Ce qui convient parfaitement à Ryo, qui, comme à son habitude, est loin d’être insensible face physique de la jeune femme. En parallèle, la lieutenante de police Saori informe Ryo qu’ils enquêtent sur la fabrication d’une nouvelle forme de l’Angel Dust, la drogue créant des surhommes. Les deux affaires pourraient bien être plus liées que prévu et mener Saeba sur les traces de son passé.
Avant de revenir plus profondément sur ce qu’aborde le film, on glisse un petit mot sur son aspect général, notamment sur la musique de Taku Iwasaki qui convoque autant les thèmes cultes de l’animé que des compositions percutantes sur des séquences majeures. Si les scènes d’action sont, au long du métrage, bien trop expéditives pour impacter, créant un déséquilibre dans l’utilisation des personnages secondaires cantonnés à un usage utilitaire ou de fan-service, on a droit à un duel final où l’émotion prend le pas sur le mouvement, laissant ainsi un souvenir indélébile dans l’esprit du spectateur. Examinons maintenant le cœur du film.
L’homme contre la légende
Nicky Larson – City Hunter : Angel Dust est un film bâtard à la croisée de deux héritages. Tout d’abord, il doit être vu comme la suite directe de Private Eyes, notamment avec la présence des Cat’s Eyes, trio de sœurs emblématique également né de l’esprit du mangaka bien avant le nettoyeur obsédé. L’animation est la même et on y retrouve cette volonté de rendre City Hunter intemporel. Une volonté plus marquée ici puisque si l’univers de Private Eyes avait un pied dans les années 90 et un pied dans l’époque actuelle avec l’usage de la robotique, celui d’Angel Dust se situe intégralement dans le monde contemporain avec les publicités 3D, les applications de rencontres, le personnage d’influenceur… Comme James Bond, Ryo Saeba n’a pas d’âge (ce qui marche également au sens littéral) et ce nouveau métrage annonce la couleur : ce n’est pas l’époque qui fait l’homme.
D’autant que ce marquage temporel reste, contrairement à Private Eyes, bien plus en arrière-plan, comme une note d’intention rassurante : Ryo Sabea sera toujours fidèle à lui-même peu importe si le monde qui l’entoure évolue. Pourquoi ? Parce qu’il était déjà en avance sur son temps. Une façon, peut-être, d’anticiper certaines critiques qui pourraient voir désormais d’un mauvais œil ce héros pervers voyeur qui tente constamment de tripoter la gente féminine sans son consentement. Ce à quoi le film répond la même chose que le manga depuis des décennies : ses tentatives sont perpétuellement vouées à l’échec et punies dans la douleur. Le mâle ne paie pas. Ryo ne meurt jamais, sauf si Kaori en décide autrement.
Néanmoins, on ne peut pas dire que les changements sociétaux n’ont pas eu un impact significatif sur le récit de cet Angel Dust puisque le scénario ne se cache pas de mettre en avant le personnage d’Angie, faisant, à la manière d’Angel Heart (comme pour dire que l’initiative est à chercher du côté du mangaka), de Ryo un protagoniste presque secondaire par moment, notamment lors des phases d’action. Un changement d’angle presque frustrant, mais surtout une manière symbolique de confronter la réalité Ryo Saeba avec la légende City Hunter, forçant l’accessibilité de l’homme là où le héros tient presque de la figure divine, intouchable, immortelle. Un Deus Ex Machina armé d’un Colt Python 357 Magnum.
Une dernière balle à tirer ?
Un arc narratif qui met parfois à l’écart Ryo autant qu’il en fait la figure centrale, son passé étant le moteur des événements. Parce que le deuxième héritage de Nicky Larson – City Hunter : Angel Dust est évidemment l’histoire de Tsukasa Hōjō elle-même. Cette nouvelle mission flirte dangereusement avec les pages du manga en réutilisant l’ombre de Shin Kaibara et de très nombreuses références, à commencer par l’Angel Dust. Ce film nous replonge ainsi dans nos souvenirs, dans un fil rouge de 35 tomes (36 en France), nous racontant autant les débuts tout en nous esquissant la fin.
Et c’est là que le long-métrage va diviser. Parce qu’en se rapprochant aussi près de l’oeuvre originale, il s’empêche de prendre le même chemin que ses prédécesseurs, à savoir une aventure à part de l’histoire principale. Nicky Larson – City Hunter : Angel Dust semble vouloir ouvertement toucher du doigt cette histoire jusqu’à, peut-être, en retoucher quelques lignes lors d’un troisième volet déjà promis. Un défi, un énorme risque, mais la possibilité à la fin, sans doute, d’inscrire cette résurrection débutée avec Private Eyes profondément dans la mythologie de City Hunter. À l’image de No Time to Die pour James Bond, on se laisse à parier que la prochaine fois que Nicky Larson apparaîtra sur grand écran pourrait être la dernière. Un écho à La Mort de City Hunter qui nous aura laissés en deuil pendant plusieurs années. Jusqu’au jour où il reviendra, car Ryo Saeba ne meurt jamais. Et c’est très bien comme ça.
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J’ai été Voir le Film en VOST pour bien apprécier les Dialogues et non la VF avec son Doublage éclairé au Sol comme dans la série, ce Film on n’apprend un peu plus sur le passé de Ryo et avec les Cat’s Eye sa vaux vraiment d’aller le Voir et je comprends pas les personnes qui ont dit être dessus,je trouve qu’ils ont tord.
Voilà quelqu’un qui a au moins vu le film ! Et as-tu une idée pourquoi on voit Lupin III dans le film à un moment donné ?