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Critique : Mulan vise-t-elle juste ?

Sur le papier Mulan a tout pour plaire. Il est annoncé par la firme aux grandes oreilles, comme le film qui s’émancipe le plus de son modèle. Un pari risqué quand on connaît le succès rencontré par le film d’animation en 1998. Les studios Disney ont-ils trouvé l’équilibre pour devenir vainqueur ?

Crédits : Disney

Mulan, sorti en 1998, aura marqué une génération de jeunes filles biberonnées aux princesses Disney. Pour la première fois dans son histoire, Disney mettait en avant une héroïne qui tente de s’émanciper de son statut de fille à marier pour se confronter à un milieu majoritairement masculin. 22 ans plus tard, la firme propose une relecture du mythe chinois, mais cette fois-ci en prises de vue réelles. Nous avons eu la chance d’assister à l’avant-première en mars dernier.

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Sans grande surprise, on retrouve la trame principale du premier film. Lorsque l’Empereur de Chine publie un décret stipulant qu’un homme de chaque famille doit partir au combat, Mulan n’a d’autre choix que d’enfiler l’armure de son père. Elle va se glisser dans la peau d’un personnage masculin, Hua Jun, et se voit mise à l’épreuve à chaque étape de son apprentissage. Néanmoins, après des resucées de classiques, comme le Roi Lion ou récemment La Belle et le clochard, Disney veut s’affranchir de son modèle de base. Un pari risqué vu le succès qu’à connu la première itération à sa sortie. Malheureusement, Disney reste encore trop timide dans l’exercice et se contente d’ajouter quelques enjeux et personnages ici et là. Alors on vous le dit tout de suite, pas la peine de chercher Mushu, Criquet ou même Shang, cette adaptation revoit une bonne partie du casting. On découvre notamment le personnage de la sorcière Xianniang, incarné par l’excellente Gong Li, qui n’était pas présente dans le dessin animé. Elle amène avec elle une nouvelle intrigue et de nouveaux enjeux qui n’auront malheureusement pas le droit à un traitement digne de ce nom.

Si le développement est assez efficace, le film souffre de quelques longueurs et n’arrive pas à se réinventer assez pour nous passionner. Sans en dévoiler trop, les enjeux liés à la présence de Gong Li à l’écran ne sont pas assez exploités et le tout sonne finalement comme une soupe un peu fade auquel on aurait voulu ajouter quelques épices. Pire, les scènes de confrontations frôlent parfois la parodie tant les dialogues sont faibles. Si le film se veut plus sérieux, il se confronte à un paradoxe important. : garder l’essence et la morale des films Disney pour les inclure dans un long-métrage plus mature. Le tout donne un film finalement gavé de bons sentiments et bien loin du divertissement annoncé. Disney ne pousse pas le curseur assez loin et c’est bien dommage. Le message d’émancipation féminine est noyé sous une morale dégoulinante sur le sens du devoir et la famille. Ce message est d’ailleurs martelé très souvent sur les deux heures de films. On aurait aimé que film prenne plus de risque dans l’exposition de son message.

Crédits : Disney

Malgré tout, Disney propose un spectacle réjouissant à l’écran. Le travail sur les costumes est époustouflant, comme souvent chez Disney. Les décors ne sont pas en reste et permettent au film de prendre toute sa dimension. À la réalisation, Niki Caro fait de belles propositions notamment dans les scènes d’action. Les chorégraphies sont assez efficaces et le sens du cadrage de la réalisatrice permet largement de les sublimer. La plupart de ces scènes de combats sont allouées à Jason Scott Lee, qui nous fait l’exposé de ses talents dans des corps-à-corps millimétrés. Il n’a visiblement pas séché les cours de gym. Pour son film, Disney a recruté un casting essentiellement asiatique. Ainsi, on retrouve l’actrice chinoise Liu Yifei dans le rôle principal. Elle réussit brillamment à s’approprier le personnage et est plus que convaincante dans son incarnation. On notera aussi la justesse sans faille de Donnie Yen, qui se réapproprie le rôle du commandant Tung avec brio. Reste Yoson An, qui livre une performance à la hauteur du défi. On terminera par la musique d’Harry Gregson-Williams, qui s’est largement inspiré des chansons du dessin animé pour ce long-métrage. Si le film ne dispose d’aucune séquence chantée, les plus attentifs pourront reconnaître les mélodies de “Comme un homme”, ou encore “Réflexion”.

Pour découvrir Mulan, c’est sur Disney+ que ça se passe. Prévu initialement en salles, le film sortira finalement sur la plateforme. Un choix qui pourrait nuire à la réception de l’œuvre, qui nécessite sans doute un visionnage sur grand-écran pour apprécier le spectacle comme il se doit.

Découvrir Mulan sur Disney+

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Notre avis

Mulan est sans doute l’adaptation qui ose le plus s’affranchir de son modèle de base. Réjouissante, cette épopée manque tout de même de saveur et souffre de la comparaison avec le dessin animé. On aurait aimé que les scénaristes poussent le curseur un peu plus loin. Le film, qui manque d'audace, n’évite pas certains pièges et se noie sous la morale dégoulinante à la sauce Disney.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
7 commentaires
  1. Person, j’ai trouvé tous les films de reprise de Disney pas terrible, techniquement très bon mais comme dans le roi lion on y perds tous le fun des acteurs a 4 pattes et a plus, de même avec Mulan ou est passé mon petit Mushu!

  2. ATTENTION SPOILERS
    Non! Non! et non!
    Cette adaptation est vraiment un échec!

    On voit bien que le film a clairement été fait pour séduire un public Asiatique avec l’introduction du “Chi” et en s’écartant du scénario de base sans doute trop progressiste…
    Ce “chi” est un véritable fusil de Tchekhov du film qui désamorce quelconques problématiques… Ou est passé l’entraide entre soldats et pire encore ou est la phase d’entrainement et de formation? Celui qui véhicule le plus beau des messages pour n’importe quel enfant : un bon entrainement et une bonne formation permet de tout surmonter!
    Ici le “Chi” est LE pouvoir qui permet d’être plus fort que tout. Pas de Chi = pas de réussite… (super le message pour les enfants…)

    Mais le pire du pire: OU EST MUSHU SAPRISTI!

  3. Si tu ne réussis pas l’entraînement tu es renvoyé ….du coup à quoi bon remplacer le père qui de toute façon n’aurait pas pu assurer et aurait juste fait un aller retour sans risquer de mourir au combat ?

  4. J’ai été déçu par ce film, beaucoup trop Disney-Hollywood.
    En ce moment Holywood surfe (non sans opportunisme) sur le féminisme de manière parfois caricatural et bah celui-ci en est ampli tout du long. Ce qui est dommage pour un film adapté d’un vieux conte Chinois.

    L’ennemi du film, c’est le patriarcat, et ça on nous le rabâche toutes les 5 minutes. même le personnage miroir dans le camp des méchants tient un discours sur le sujet.
    Les hommes sont grossiers, rabaissent les femmes en permanence, bien tout n’est pas faux au vu du contexte mais la c’est tellement mal écrit et peu subtil que ça en enlève tout intérêt.

    Et pire malgré ça, tout est est illogique et ne sert à rien car notre héroïne ne réussit pas par le courage, l’entraide, la persévérance, le sens de l’honneur etc.. Non du tout, elle est hyper-forte de manière innée, c’est une mary-sue bridée par le patriarcat…toute ressemblance avec un autre film Disney est (in)volontaire.

    Les personnages secondaires sont assez faible et il n’y a peu d’humour.

    + Les paysages sont sublimes et bien filmés.

    Désastre absolu… pauvres ricains qui ont payé 30 balles pour voir ça

    PS : Ouf, il n’y a pas d’histoire d’amour ce qui pourrait nuir au message féministe.

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