Citadel, Jack Ryan et maintenant Mr.& Mrs. Smith, Prime Video a décidé de faire de l’action et l’espionnage son cheval de bataille. La plateforme, désormais affiliée à Metro Godwin Mayer, détient le plus célèbre d’entre eux : 007. Si aucun projet entourant James Bond n’a pour l’heure été annoncé, hormis une téléréalité à la filiation lointaine : 007, Road to a million, Mr and Mrs Smith sonne comme une nouvelle démonstration de force de Prime Video. Dix-neuf ans après la rencontre de Brad Pitt et Angelina Jolie devant la caméra de Doug Liman, Donald Glover et Maya Erskine jouent les couples mariés de force. Nouveaux visages, nouveau point de départ et même recette ?
John et Jane ne se connaissent pas, mais s’apprêtent à franchir une étape importante dans leurs vies d’adultes. Il y a quelques semaines, ils ont été recrutés par une mystérieuse organisation d’espionnage. Mariés, ils doivent effectuer chaque semaine de nombreuses missions allant de la livraison de colis à la protection de témoins. Au quatre coins du monde, ils se découvrent au fil de leurs aventures. Mais quand leur histoire d’amour fictive s’invite dans la réalité, les deux agents secrets doivent composer avec leurs sentiments naissants et leurs responsabilités ?
Chéri(e), j’ai réchauffé le diner ?
Il faut bien avouer qu’à l’annonce d’un remake de Mr & Mrs Smith — film de Doug Liman sorti en 2005 — l’enthousiasme n’était pas au rendez-vous. Tandis que Hollywood recycle à tout-va ses succès d’antan, une relecture d’un film qui tient plus sa réputation de ses intrigues en pages des tabloïds que des événements déployés devant la caméra, sonnait comme un coup d’épée dans l’eau. Prime Video a pourtant réussi à faire renaître quelques légendes oubliées du cinéma d’action, à l’image de Jack Reacher qui sous les traits d’Alan Ritchson s’est départi de son esthétique aseptisée pour miser plus largement sur des personnages et des situations bruts de décoffrage.
La participation de Donald Glover et Phoebe Waller Bridge était aussi l’indicateur d’un changement évident de registre, pour le meilleur ? Si le départ de la créatrice de Fleabag — pour des divergences créatives — a quelque peu refroidi nos ardeurs, les premières images et le synopsis avaient su piquer notre curiosité. En évoluant autour de la rencontre des deux personnages plutôt que la découverte d’une vie cachée, Mr. & Mrs. Smith la série, promettait au moins de réinventer (un peu) la recette. Ici, il n’est d’ailleurs pas question de laisser court à une histoire alambiquée sur fond d’agences de renseignements concurrentes et de conflits géopolitiques, mais de passer au crible les relations amoureuses.
La séquence d’introduction — dont on taira les détails — fait ainsi office de plaidoirie pour cette série qui se veut plus exploration des coulisses de l’espionnage que démonstration de force aux moyens d’effets spéciaux explosifs et de courses poursuites nerveuses. Ce sont les personnages qui sont au cœur du procédé.
Kiss and Kill
Que se passe-t-il lorsque James Bond, Ethan Hunt ou Jason Bourne rentrent chez eux après une longue journée ? Dans une fabrique à fantasme, qui a fait naître des “sex-symbols” féminins et masculins, la série de Donald Glover et Francesca Sloane s’amuse à tordre les codes du récit d’espionnage pour raconter l’incroyablement banal et le saupoudrer d’exceptionnel. Dans son très déconcertant premier volet, la production adopte un rythme très lent pour immortaliser les premiers jeux de regards, contacts physiques et discussions qui permettent à ses héros de s’apprivoiser. Cette notion d’histoire à échelle humaine est d’ailleurs renforcée par des valeurs de plans serrées, une mise en scène plus proche de la proposition indépendante que du blockbuster à six zéros.
Le montage s’amuse d’ailleurs à appuyer ce parti pris, venant sans cesse casser les séquences d’action traditionnelles. En jouant sur les ruptures, la série construit une savante chronique d’un genre tombé en désuétude, souvent pétri de clichés et vu au travers d’un “mâle gaze” tenace. Plutôt que de s’inscrire en totale opposition aux archétypes du cinéma d’espionnage, la femme fatale et l’homme viril, Mr. & Mrs. Smith s’évertue à déconstruire ces figures a priori imaginaires.
Sans surprise, ce procédé est à la faveur d’une réflexion sur les couples et les défis qu’ils doivent surmonter. Avec beaucoup d’adresse, la dernière née du catalogue Prime Video s’amuse à convoquer les étapes importantes de la vie à deux au travers des missions. Lorsque la mise en sûreté d’une personnalité recherchée ressemble à une soirée babysitting, nos deux héros s’interrogent sur leur avenir.
Ces parallèles sont assez ludiques et permettent à Mr. & Mrs. Smith de se démarquer du tout-venant. Reste que la série aura parfois un peu trop tendance à trop appuyer son propos, au moyen de répliques comiques. On saluera aussi le choix des scénaristes de miser sur une formule plus classique, de cloisonner les épisodes comme le faisaient les séries policières de la petite lucarne il y a encore quelques années.
Jolie alchimine
En 2005, lorsque Mr. & Mrs. Smith sort au cinéma, l’alchimie entre Angelina Jolie et Brad Pitt est citée par les critiques comme étant la principale réussite de ce récit d’espionnage. La romance naissante entre les deux acteurs en coulisse fait des étincelles, reproduire un tel exploit n’est pas à la portée de tous. Pourtant, Donald Glover et Maya Erskine n’ont pas à rougir. Les deux acteurs s’en sortent haut la main, s’évertuant sans cesse à surprendre leur auditoire.
Bien aidé par une écriture efficace, le duo fait transpirer sa complicité à chaque instant, difficile de faire autrement quand celle-ci est au cœur du procédé narratif. Chaque épisode leur offre un terrain de jeu plus vaste, une occasion de creuser la psyché de leurs protagonistes dont on ne connait rien. Glover et Erskine brillent également par l’apparente simplicité de leurs jeux respectifs, une vraisemblance qui permet là encore de bousculer un peu le cahier des charges. C’est particulièrement vrai lorsqu’un épisode traumatique rapproche nos héros, qu’un besoin d’intimité se fait ressentir. Ce point bascule préfigure d’ailleurs tout le développement de leur relation, à l’antipode des romances torrides que le cinéma d’action a produit.
Maya Erskine a été à bonne école puisqu’elle avait déjà fait la démonstration de son talent dans la formidable PEN15, comédie grinçante produite par Hulu et évoluant autour de l’adolescence et la difficile découverte de soi, de sa sexualité. Si cette nouvelle partition est certes plus conventionnelle, l’actrice prouve que rien ne lui est impossible. Donald Glover de son côté, continue de construire sa légende, lui qui avait incarné Lando Calrissian dans Solo : A Star Wars Story et joué les joyeux lurons dans la série Community.
Après cinq épisodes, sur les huit que compte cette première saison, il apparaît assez clairement que cette relecture vaut le coup d’œil. Reste que les derniers chapitres devront maintenir le cap, ne pas sacrifier l’accent mis sur l’intime au profit d’une part trop importante d’explosions et bastons. Si la série pourrait profiter à gagner en rythme, cette chronique maligne ne doit pas tomber dans la surenchère.
Mr. & Mrs Smith sort ce 2 février sur Prime Video. Fait assez rare, la série sera proposée en une seule et même salve d’épisodes, en lieu et place de la diffusion hebdomadaire qui est de légion chez la plateforme.
Voir Mr. & Mrs. Smith sur Prime Video
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quelle idée d’avoir gardé le nom du film ! quasiment aucun rapport, humour presqu’absent. Evidement ils ont changé d’ethnie (à quand un biopic sur Malcom X joué par un blanc?). Au bout de 4 épisodes on en peut déjà plus.
bref, si vous avez adoré le film vous détesterez cette série !
Tellement d’accord. Reprendre le nom du film qui était un joyeux foutoir/défouloir absurde mais amusant pour une série, lente, pénible, poussive et décousue, c’est un peu de la publicité mensongère. Je cherche encore l’alchimie des acteurs. Et passer de 2 inconnus à un couple qui a déjà des problèmes nécessitant une thérapie en seulement 5 épisodes, ça laisse des blancs que la narration est incapable de combler efficacement.
Il n’y a aucun enjeu. Tout est traité de façon tellement superficielle sur leur couple qu’on dirait qu’ils ont piqué des idées à scène de ménage, les gags en moins.
Je suis arrivé à l’épisode 6. Plus qu’un et j’aurai fini le laborieux marathon de cette série, à mon sens, qui passe à côté de tout : pas d’action, pas de construction de couple, pas de scenario, pas d’esthétique, pas d’humour. Juste des états d’âmes survolés et artificiels.
Wokisme et écriture intelligente sont généralement opposés…
Du bon progressiste dans toute sa splendeur nous sommes le haut du panier vous les gueux…
Quand j’ai vu que Bad pitt et angelina Jolie on été remplacés par une asiatique et un afro américain, ca m’a directement coupé l’envie de le voir. Surement une bonne serie woke propagandiste sans aucun interêt.
En plus elle est bien notée par le site, donc a fuir encore plus.
C’est une adaptation de la série de 1996 et non du film de 2005 avec Angelina Jolie et Brad Pitt !
Faut arrêter de crier au wokisme dès qu’il y a des acteurs ou actrices non caucasiens, ça devient n’importe quoi !
Cette série ne remplace personne c’est juste une nouvelle adaptation !