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Critique Monstres : les frères Menendez plus forts que Jeffrey Dahmer ?

Netflix et Ryan Murphy continuent d’explorer les faits divers américains sordides avec la série anthologique Monstres. Succédant à l’angoissant Jeffrey Dahmer, L’histoire de Lyle et Erik Menendez provoque un changement de ton surprenant.

Les tueurs fascinent. Qu’ils nous dégoûtent, qu’ils nous fassent peur ou nous mettent en colère, ils nous fascinent. La personnalité de l’auteur nous intrigue bien plus que l’acte lui-même : Qu’est-ce qui peut pousser une personne à commettre cette folie ? La fiction n’a jamais manqué de nourrir notre curiosité presque malsaine en s’inspirant de la réalité, voire en l’adaptant. Esprits criminels, Mindhunter, American Crime Story (de Ryan Murphy également), des exemples parmi tant d’autres, comme autant d’histoires qu’on se raconte autour du feu pour effarer son auditoire. Avec Monstres : L’histoire de Lyle et Erik Menendez, le feu de camp est une table bien garnie où se rassemblent les nantis.

Il y a deux ans, le très / trop (rayez la mention inutile) prolifique Ryan Murphy s’associait à Ian Brennan pour nous dresser le portrait de Jeffrey Dahmer, serial killer ayant fait 17 victimes. Le succès est immédiat et Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer se glisse dans le top des séries les plus vues historiquement sur Netflix. De quoi pousser la plateforme de streaming a poussé le bouchon aux côtés des deux hommes pour livrer une saison 2 (et bientôt 3) à un show anthologique où chaque nouvelle fournée d’épisodes racontera un crime différent.

« On est les nouveaux Jeffrey Dahmer »

Ici, on s’intéresse donc à Lyle et Erik Menendez, deux jeunes hommes des beaux quartiers de Los Angeles. Riches, beaux, ils ont tout sauf la fierté d’un père autoritaire qui ne souhaite que l’excellence et une mère passive se noyant dans le liquide de ses propres démons. Le 20 août 1989, Kitty et Jose Menendez sont retrouvés morts à leur domicile, les corps criblés de balles. Si les premiers éléments de l’enquête semblent se diriger vers la mafia, très vite, les deux frangins de 21 et 18 ans sont arrêtés. Pourquoi ce parricide ? C’est ce que nous allons découvrir pendant ces neuf épisodes qui composent la saison.

Ou pas. Parce que l’histoire de Lyle et Erik Menendez a quelque chose de particulier ; une vie où la richesse et les apparences prévalent et où les secrets restent en famille. Problème, comment connaître la vérité lorsque les victimes ne peuvent plus parler et les meurtriers sont passés maîtres dans l’art du mensonge et de la tromperie ?

Monsters (2)
© Netflix

Si vous avez été perturbés par l’ambiance oppressante de la première saison et que vous vous attendiez à prendre la même claque, vous ne pourrez pas être plus surpris par ce second volume qui n’a de rapport que le thème et le titre. Tout le reste est différent. Photographie, narration, décor… l’expérience de Murphy dans le domaine lui permet d’adapter sa série au crime et non l’inverse. Et comme nous le disions juste au-dessus, ce crime-là n’a pas qu’une vérité.

Un début frais comme un cadavre

Pourtant, le premier épisode semble nous donner des bases claires. Nos Monstres sont des Patrick Bateman (le personnage d’American Psycho) en puissance, vouant un culte à leur physique et à leur richesse, mais prêts à vous hacher menu pour une carte de visite plus belle que la leur. La série prend la couleur de la Californie et nous dresse un portrait détestable de ces gosses de riches où l’excès est la norme.

Sauf que rien ne nous accroche vraiment. Nicholas Chavez (Lyle) et Cooper Koch (Erik) sont en surjeu, Javier Bardem et Chloë Sevigny inexistants et, comme toujours avec Ryan Murphy, la subtilité a été mise au placard. Lyle est rapidement défini comme le cerveau du tandem et Erik l’homme blessé. Ce n’est pas le meurtre très graphique qui viendrait nous convaincre que les huit prochains épisodes valent le visionnage.

Monsters
© Netflix

Les Menendez ressemblent à des coquilles vides que seul le crime rend intéressantes et le scénario va artificiellement gonfler tout ça. Les personnages, leur vie, leur parricide… tout sonne faux dans Monstres : L’histoire de Lyle et Erik Menendez au point où l’acte finit par devenir aussi ridicule que les auteurs et nous voilà coincés devant un show blanc comme un linge qui s’est juste mis neuf couches d’auto-bronzant.

L’art de l’horrible mensonge ou de l’horrible vérité

La tromperie est une arme mortelle entre les mains des Menendez et encore plus entre les mains de Ryan Murphy. Dès la fin de l’épisode 3, la série dévoile ses cartes et épouse complètement le fait divers dont elle s’inspire en adaptant sa narration à un seul et unique fait : personne, à part les deux jeunes hommes adeptes du mensonge, ne connaît la vérité. Dès lors, toute tentative de montrer la réalité n’est que pure théorie et le show va s’amuser à réaliser toutes les hypothèses.

Concrètement, cela signifie que Monstres va modifier les événements, racontés ou montrés au gré des épisodes, du conteur et de l’auditoire. L’histoire des Menendez va être prise au pied de la lettre en étant une histoire qui réécrit ces personnages, leurs relations, leurs vécus au point où le seul repère auquel on peut se rattacher est le crime lui-même. Le crime a eu lieu, les frères en sont les auteurs. Tout le reste est laissé à l’appréciation du jury / spectateur.

Monsters (3)
© Netflix

Sans remettre en cause la culpabilité, la série joue avec la réalité, avec nos émotions, n’hésitant jamais à nous manipuler. À ce titre, l’épisode 5 fonctionne en clé de voûte de l’entreprise par son ambiance plus intimiste, extrêmement grave, se débarrassant de tous ses apparats, y compris de mise en scène, pour seulement laisser parler la vérité au travers un Cooper Koch transcendé. Le doute n’est plus permis avant que Javier Bardem vienne rappeler quel puissant acteur il est un épisode plus tard et efface notre certitude d’un revers de la main.

La série a ainsi l’intelligence de ne jamais réellement prendre parti pour une version ou pour une autre et parvient à maîtriser ses nuances jusqu’à contrecarrer nos reproches au fil de la saison. Le surjeu des acteurs ? Nicholas Chavez et Cooper Koch se révèlent formidables dès que le traumatisme intervient. Le sujet délicat de l’abus sexuel tourné en ridicule ? Deux confessions lui permettront de retrouver ses accents graves. Tout n’est pas parfaitement maîtrisé dans ces changements de ton et on aurait bien réduit la durée de quelques passages, mais Monstres s’est encore une fois appropriée son crime pour en faire une superbe histoire.

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Notre avis

Ce Monstres n'est pas Jeffrey Dahmer et à aucun moment elle n'essaie de l'être. Il y a d'abord de la réticence envers L'histoire de Lyle et Erik Menendez avant que cela se transforme en une énigme fascinante où le vrai et le faux jouent sur le même tableau. Monstres n'est pas une série qui raconte ses tueurs, elle s'adapte à eux. Quand on pense que la saison 3 nous réserve un voleur de cadavres, on a déjà hâte de voir le résultat.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10
1 commentaire
  1. Série impeccable, certes surjoués par moments mais cela reste du divertissement accessible à tous et la suite s’annonce tout aussi bonne avec Ed Gein ( qui a inspiré le silence des agneaux).

    Tout est soft (cela dépend des émotions de chacun) la ou Dahmer ne montrait rien, içi la meurtre des parents est graphique.

    A quand l’histoire du pire Albert Fish ? Et de toutes les façons il y a tellement à faire car le phénomène du sérial killer est hélas mondial…

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