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Critique Mickey 17 : Robert Pattinson dans un film plutôt dingo !

Il était attendu au tournant et il n’a pas déçu. Bong Joon Ho, réalisateur multi-récompensé pour Parasite, nous emmène dans l’espace pour tuer Robert Pattinson plusieurs fois. Mickey 17 ou autant de bonnes raisons d’aller le voir.

On pourrait croire que lorsque l’on gagne trois Oscars, deux Bafta, une Palme d’Or, un César et des dizaines et des dizaines d’autres prix avec son dernier film, la vie sera un long fleuve tranquille par la suite. Sauf que Bong Joon Ho n’est pas du genre à se faciliter les choses. Prenant à contre-pied les intentions réalistes et dramaturgiques de Parasite, le réalisateur coréen se replonge dans la science-fiction pour un nouveau projet en langue anglaise, accompagné d’un casting de stars. Et comme cela aurait été presque trop facile s’il ne s’était contenté que de ça, Mickey 17 a également subi de plein fouet la grève des scénaristes et un temps de post-production particulièrement long. La sortie du film être repoussée de nombreuses fois, au point où l’on commençait sérieusement à s’inquiéter de la sortie du projet, du moins dans les salles. Bref, à l’image du personnage principal, Mickey 17 allait peut-être voir l’aura de Bong Joon Ho mourir, avant de ressusciter. Sauf que ça serait mal connaître le bonhomme.

En 2054, Mickey Barnes (Robert Pattinson) est un homme gentil, mais un brin simplet, qui se retrouve, en compagnie de son ami Timo (Steven Yeun), avec une dette énorme auprès d’un très dangereux mafieux. Voulant échapper à son sort, il embarque au sein d’une expédition spatiale dont le but est de coloniser la planète Niflheim. Celle-ci est dirigée par Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), un milliardaire excentrique et politicien raté. N’ayant aucune compétence, Mickey signe pour être un « Remplaçable », une sorte d’homme à tout faire dont la mémoire est copiée de sorte que lorsqu’il meurt, son corps et son esprit puissent être « ré-imprimés » via une bio-imprimante 3D. Théoriquement immortel, il va se voir confier les tâches les plus dangereuses.

Bon Joon Wow !

Tout le poids de Mickey 17 repose sur les épaules d’un duo. En premier lieu, il y a évidemment le maître d’œuvre, qui adapte à sa sauce le roman d’Edward Ashton – dont l’intérêt s’était arrêté au septième Mickey. Si Parasite jouait la carte de l’humour noir, Bong Joon Ho signe là une véritable comédie dans la première moitié du récit, avec des personnages constamment en surjeu, flirtant avec la parodie d’un Docteur Folamour. À ce titre, le duo incarné par le narcissique idiot Mark Ruffalo et sa femme obnubilée par les sauces Toni Collette s’en donne à cœur joie. On est sur le terrain de la surenchère et de la satire politique, le regard se tournant évidemment vers la gouvernance américaine avec le couple Trump, les MAGA, les fans et Elon Musk en ligne de mire.

Mickey 17 Repoussé 2025
© Warner Bros

La cible est peu subtile, toutefois le cinéaste n’est pas un frondeur dans l’âme comme peut l’être un Oliver Stone et préfère équilibrer son propos afin d’interroger davantage sur la place de l’individu au sein du collectif ou encore sur la pérennité du système capitaliste. Des thématiques récurrentes dans son cinéma et les sujets abordés dans Mickey 17 font inévitablement écho à sa filmographie. Lutte des classes, bien-être animal… impossible d’aborder cette nouvelle œuvre sans penser à Snowpiercer, Okja, Parasite évidemment, ou encore The Host. Des sujets majeurs au sein de la narration, qui amènent quelques séquences particulièrement crispantes, mais jamais étouffants. De sorte qu’on a le sentiment d’être portés par un film moral, et pourtant non moralisateur, avec une fluidité indéniable. Mickey 17 entend raconter, pas imposer.

Le réalisateur n’en oublie pas les amoureux de divertissement et la seconde partie du film, bien que plus convenue, prend des accents de blockbuster hollywoodien. Cependant, la toile de fond reste la même : interroger le personnage sur la signification de la mort. Une question récurrente qui varie selon l’intention de celui ou celle qui la pose, et dont la réponse va évoluer avec la prise de conscience de Barnes d’appeler davantage à la vie.

Mickey 17, Robert Pattinson 100

Transition toute trouvée pour parler du second poids lourd derrière Mickey 17. Dès les premières minutes, quelque chose cloche, la voix de Robert Pattinson n’est pas vraiment celle qu’on lui connaît. Elle dégage ce petit quelque chose de simple, naïf, nihiliste tout en conservant une pointe d’optimisme. Une voix qui va nous expliquer le monde avec un regard presque enfantin, tels que les individus sont perçus par le couple Marshall au sein de ce vaisseau où la masse n’est faite que pour être contrôlée et utilisée. Et puis, au-delà de la voix, c’est un visage, un corps qui semble constamment s’excuser d’être là, d’exister ; coupable et reconnaissant à la fois d’être aimé. Mickey Barnes subit, victime de chaque événement, les bons comme les mauvais. Une physicalité fragile tout en étant omniprésente qui témoigne d’une grande maîtrise de Robert Pattinson.

Robert Pattinson Mickey 17
© Canva

L’acteur polyvalent va encore plus loin lorsque l’histoire va exiger de lui un double rôle (ce n’est pas un spoil, c’était dans la bande-annonce) dans la peau de Mickey 18. Loin de jouer la carte de la copie, on est face à deux êtres complètement différents que l’actuel Batman – en attendant celui du nouveau DCU – va incarner dans chaque détail. D’un mouvement de sourcil, d’une ride au coin des lèvres, on sait immédiatement quel Mickey se situe devant la caméra, avant même qu’il ouvre la bouche – avec une voix également distincte, évidemment. Il est de coutume de balancer le mot Oscar dès qu’une performance sort de l’ordinaire, on peut dire que Robert Pattinson tient là une performance extraordinaire.

Un acteur investi jusqu’au bout des sourcils, un réalisateur qui prend des risques tout en se montrant généreux… et tout un casting qui se met au diapason. Car si on ne les a pas cités dans le reste de cet article, il faut savoir aussi rendre hommage à l’ensemble de la distribution et à la direction d’acteurs de Bong Joon Ho qui n’éclipse aucun personnage. Bien que certains rôles sentent légèrement l’utilitaire, disparaissant de la scène dès que le scénario ne l’exige plus, leur importance à l’instant T leur permet de voler systématiquement la vedette. Que ce soit le roublard Timo incarné par Steven Yeun, ou Kai Katz – dont on ne saurait vous révéler le rôle — jouée par la franco-roumaine Anamaria Vartolomei, chacun a droit à son moment. Et parmi tout ce beau petit monde, la reine Naomi Ackie se taille la part du lion et offre à Pattinson une belle épaule sur laquelle souffler un peu. C’est peut-être ça l’effet Bong Joon Ho, l’envie de donner le meilleur de soi-même, qu’on soit devant ou derrière la caméra.

Mickey 17 n’est pas le meilleur film de son auteur ; on y trouve trop de facilités et d’inégalités dans le récit ici et là pour cela. Néanmoins, c’est aussi le genre de film auquel on repense encore, plusieurs jours après la séance, avec le sourire aux lèvres et cette petite envie d’y retourner. L’apanage des grandes œuvres.

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Notre avis

On attendait beaucoup de Mickey 17, peut-être trop que ce que Bong Joon Ho pouvait nous donner. Et pourtant, la générosité de l'homme est une nouvelle fois flagrante au sein d'un film qui convoque tellement de belles choses et, surtout, foncièrement drôle. Quant à Robert Pattinson, la formule usée est, pour le coup, la plus pertinente : il trouve ici l'un de ses meilleurs rôles... dix-huit fois.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10

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