Alors qu’un certain Chat Potté continue de faire valoir sa suprématie sur le film d’animation au cinéma depuis sa sortie en décembre dernier, dans l’ombre, un autre chat s’apprête à bondir et il s’appelle Maurice.
Maurice le chat fabuleux est un film de Toby Genkel, tiré de l’imaginaire de Terry Pratchett dans ses aventures des Annales du Disque-Monde. Il s’agissait du premier récit pour enfant de l’auteur qui s’inspirait également des contes des frères Grimms et de la légende du Joueur de flûte de Hamelin. Une essence inspiratrice parfaitement retranscrite par le réalisateur du Voyage de Ricky puisque les lecteurs retrouveront tout ce qui faisait le sel de l’œuvre.
On y suit donc Maurice, chat parlant et savant qui vit en arnaquant les villages avec une troupe de rats, également parlants, et de Keith, jeune joueur de flûte. Mais lorsqu’ils arrivent dans une nouvelle ville, ils se rendent compte que quelque chose cloche et qu’une puissance magique est à l’œuvre. Accompagnés de Malicia, la fille du maire, ils vont tenter de résoudre ce mystère.
Maurice le chat juste fabuleux
Au jeu du chat roux, Maurice le chat fabuleux ne prétend pas jouer dans la même cour que Le Chat Potté 2. De toute manière, il ne pourrait pas. Si les studios derrière l’oeuvre de Genkel s’en sort avec les honneurs, ils sont encore à des années lumières de pouvoir atteindre la maestria du dernier-né de Dreamworks. Ce n’est pas non plus le même budget.
Mais loin de se cacher derrière ses faiblesses, le film préfère au contraire se servir de sa perfectibilité pour se doter de sa propre énergie créative. L’aspect des humains a ainsi un côté très cartoonesque qu’on pourrait rapprocher des récents Pixar là où Maurice lui-même fait fi de sa nature féline, arborant un sourire rappelant le Chat du Cheshire d’Alice, une ossature rondelette sur quatre petites pattes. Une difformité affichée afin de coller davantage à l’esprit du conte pour enfants, peuplé de créatures entre le réel et l’imaginaire. Le character design semble ainsi volontairement proche d’un dessin d’enfant qu’on aurait animé, permettant ainsi un attachement immédiat à une créature au caractère bien plus vil que son apparence, du moins au début.
L’histoire dans l’histoire dans l’histoire
C’est d’ailleurs la morale de Maurice le chat fabuleux : se méfier des apparences. Le rondouillard ronronnant n’est pas le héros immédiat de l’histoire et les rats ne sont pas forcément ces rongeurs effrayants et nuisibles dont les récits et la société ont forgé l’image au fil des siècles. Le long-métrage une porte d’entrée vers l’ouverture à l’autre et c’est de nos différences que naissent l’amitié ou l’amour. Le même message se retrouve chez les humains avec la relation parallèle entre Keith et Malicia qui s’opposent dans l’image tronquée qu’ils ont de l’autre, puis s’attirent dès qu’ils se découvrent réellement.
Maurice le chat fabuleux joue ainsi avec intelligence sur les niveaux de lecture, notamment avec une Malicia cassant immédiatement le quatrième mur pour nous raconter une triple histoire où chaque protagoniste cherche dans l’imaginaire le moyen de changer sa vie. Un bel hommage à la puissance des récits sur celles et ceux qui les lisent.
Dès lors, chacun devient le héros de son propre récit ; Maurice part sur une enquête, la troupe de rats se lance dans un sauvetage à la sauce Fight Club et Malicia et Keith se paient une parodie très drôle du Joueur de flûte de Hamelin. Résultat, impossible de ne pas s’attacher à nos personnages qui nous conduisent avec ce qu’il faut d’action, d’humour et d’émotion vers une fin où même La Mort s’invite, ultime clin d’oeil à l’oeuvre de Pratchett.
Maurice le chat fabuleux ne restera peut-être pas dans les mémoires par son incapacité à dépasser le cadre du film familial principalement adressé aux plus jeunes, mais il démontre néanmoins d’un savoir-faire et d’une envie évidente de se démarquer d’une concurrence parfois en pilotage automatique. Un film fait avec le cœur et l’intelligence ; un divertissement plaisant pour petits et grands ; bref Maurice le chat fabuleux porte bien son nom.
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