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Critique Madame Web : aussi performant qu’Internet Explorer 👀

Sony persiste et signe dans le dĂ©ploiement de son spiderverse sans Spider-Man avec un autre personnage accouchĂ© du fin fond de la franchise, Madame Web. Haut les cƓurs, on peut avoir des surprises.

La vie est faite de questions existentielles. Qui de l’Ɠuf ou la poule est arrivĂ© le premier ? Est-ce que Meryl Streep a dĂ©jĂ  mal jouĂ© ? Est-ce que le PSG gagnera un jour la Ligue des Champions ? Pourquoi Venom 2 (oui, pour le premier, on comprend un peu) ? Pourquoi Morbius ? Et maintenant, pourquoi Madame Web ?

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© CTMG, Inc. All Rights Reserved.

Quelles sont les indices qui pourraient nous laisser penser que quelque chose s’est mal passĂ© ? La critique amĂ©ricaine ayant enterrĂ© le film vivant alors qu’elle est connue pour ĂȘtre plus permissive. Les sorties de piste truculentes Ă  chaque interview d’une Dakota Johnson prouvant qu’elle n’avait plus rien Ă  faire du film ou du systĂšme hollywoodien. À cela s’ajoute une campagne promotionnelle approximative de la part de Sony, qui ne sait plus sur quoi miser pour vanter les mĂ©rites de son long-mĂ©trage, au point de pondre des vidĂ©os pour commenter le look de ses hĂ©roĂŻnes plutĂŽt que de teaser leurs aventures.

Deux questions se posent alors : aurait-on eu droit Ă  la mĂȘme campagne promotionnelle si les personnages avaient Ă©tĂ© des hommes ? N’y aurait-il pas un petit fantasme pervers refoulĂ© dans ce choix d’habiller Sydney Sweeny avec un uniforme d’Ă©coliĂšre, petites lunettes incluses ? Au fond, c’est peut-ĂȘtre ce qui reprĂ©sente le mieux la tragĂ©die qu’est Madame Web, cette volontĂ© de jouer Ă  fond la carte des apparences pour cacher le vide abyssal qui nous prend en embuscade dĂšs les premiĂšres minutes du film.

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Cassandra Webb – avec deux b – est ambulanciĂšre Ă  Manhattan avec de gros problĂšmes de sociabilitĂ©. Suite Ă  un accident, elle commence Ă  voir des visions troubles du futur oĂč trois jeunes filles se font assassiner par un mystĂ©rieux individu douĂ© de capacitĂ©s surhumaines. Ne contrĂŽlant absolument pas ses nouveaux pouvoirs, Cassandra va quand mĂȘme essayer de changer l’avenir de ces adolescentes.

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On est sans doute mauvaise langue, mais il faut bien l’admettre : on a arrĂȘtĂ© de se poser la question du pourquoi quant Ă  la stratĂ©gie du studio de continuer Ă  explorer son spiderverse sans Spider-Man (sur lequel il ne peut toujours pas agir via son deal avec Marvel). Vu les rĂ©sultats de cet “univers” au box-office, il aurait tort de s’en priver. Comme on dit, tant qu’il y a du public… Par contre, on peut se demander l’intĂ©rĂȘt de confier cette histoire entre les mains des scĂ©naristes Matt Sazama, Burk Sharpless et Claire Parker. Les deux premiers Ă©tant connus pour avoir signĂ© les scĂ©narios de Dracula Untold, The Last Witch Hunter (le film avec Vin Diesel), Gods of Egypt, Power Rangers et Morbius, on est quand mĂȘme sur un grand chelem du turbo-nanar. DĂšs lors, on commence Ă  croire qu’avec un tel CV, Madame Web n’avait aucune chance…

Sans prĂ©paration… sans talent non plus

Le long-mĂ©trage gaspille son univers, ses ressources, son casting (pourtant plaisant) avec une volontĂ© de nuire qui n’est pas sans rappeler The Flash ou… toutes les productions du Sony spiderverse. Il n’y a aucune cohĂ©rence entre les scĂšnes, le scĂ©nario court aprĂšs les explications, incapable d’Ă©taler son histoire autrement qu’en sortant des lapins morts de son chapeau, quitte Ă  en ajouter certaines Ă  la derniĂšre minute face Ă  l’incomprĂ©hension globale. Une impression de remodelage constant qui se ressent sur le visage de Dakota Johnson. La pauvre passe de l’implication Ă  l’envie de virer son agent en fonction des sĂ©quences. Une maniĂšre pour nous de nous amuser Ă  deviner l’ordre de tournage des scĂšnes.

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L’actrice elle-mĂȘme a avouĂ© que le script avait plusieurs fois Ă©tĂ© rĂ©Ă©crit pendant le tournage et impossible de lui donner tort tant cela saute aux yeux. Au point oĂč les personnages n’agissent plus par besoin naturel, mais par besoin scĂ©naristique. Pourquoi subitement se mettre Ă  danser sur une table alors que, quelques secondes auparavant, on parle de discrĂ©tion ? Parce que c’est ce dont a besoin l’histoire pour amener l’Ă©vĂ©nement suivant. Et on ne cite mĂȘme pas tous les moments oĂč le film prend des raccourcis pour dĂ©voiler un point clĂ© de l’intrigue, pas par fainĂ©antise, mais parce qu’il est Ă©vident qu’il ne sait absolument pas comment s’y prendre autrement. Tout y est utilitaire et pourtant mal utilisĂ©. Un premier projet d’Ă©tudiants auquel on a donnĂ© trop d’importance.

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Une maladresse qui ne s’arrĂȘte pas au scĂ©nario puisque Madame Web patauge Ă  justifier son existence au sein de l’industrie super-hĂ©roĂŻque au niveau de la forme. Non seulement les scĂšnes d’actions se comptent sur les doigts d’une main, mais elles sont rĂ©alisĂ©es avec une anti-science du dĂ©coupage oĂč des changements de plan par seconde donnent rapidement la migraine.

Le film tente plusieurs fois de se doter d’effets de mise en scĂšne, notamment lorsque notre antagoniste utilise ses pouvoirs. MĂȘme lĂ -dessus, la camĂ©ra prĂ©fĂšre passer sans s’arrĂȘter ; comme si le mot d’ordre qui dirige tout le film, de l’Ă©laboration Ă  la promotion, c’est que personne n’assume rien. D’un cĂŽtĂ©, lorsque l’on voit la pauvretĂ© extrĂȘme des effets spĂ©ciaux – avec l’exploit de nous montrer les deux scĂšnes les plus honteuses au dĂ©but et Ă  la fin, histoire qu’on s’en souvienne bien — il est peut-ĂȘtre de bon ton, effectivement, d’accĂ©lĂ©rer chacun de ces moments.

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The Spider-Man Network

S’il y a bien une chose que Madame Web assume nĂ©anmoins, c’est son lien avec un certain homme-araignĂ©e. Si on a pu critiquer Morbius pour une publicitĂ© mensongĂšre autour de l’usage de Spider-Man, ici le personnage a posĂ© ses valises et loge gratuitement. Alors non, on ne verra pas du Peter Parker en costume, l’intrigue se dĂ©roulant de toute façon en 2003, soit avant la naissance du Spidey du MCU, mais les clins d’Ɠil suintent par tous les pores de la pellicule.

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On n’a pas envie de vous gĂącher le « plaisir Â» de la dĂ©couverte en vous citant l’ensemble des easter-eggs matraquĂ©s Ă  l’Ă©cran. De toute façon, ils sont bien trop nombreux pour en faire la liste. On rappellera juste ce que la promotion a dĂ©jĂ  dĂ©voilĂ©, notamment sur la prĂ©sence d’un Ben Parker plus jeune, de sa sƓur Mary Parker. VoilĂ , maintenant, vous pouvez vous amuser Ă  imaginer quelles rĂ©fĂ©rences pourrait bien faire le film quant au futur des personnages que nous connaissons bien. Dommage, vous serez encore loin de la vĂ©ritĂ©.

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Pour autant, la plus grande distraction avec cet univers n’est-elle pas tant de se moquer de la qualitĂ©, film aprĂšs film, que de savoir quelle nouvelle pirouette va ĂȘtre utilisĂ©e pour faire exister un Spiderverse qui n’a jamais le droit de dire son nom ? Sony osera-t-il dĂ©tourner quelques rĂ©pliques cultes ? Pourquoi Venom 2 ? Pourquoi Morbius ? Pourquoi Madame Web ?

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Notre avis

Madame Web nous laisse avec une question en bouche : qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? Sans ĂȘtre plus catastrophique qu'une autre production de ce non-Spiderverse du pauvre, notamment parce qu'il Ă©vite de trop miser sur des effets-spĂ©ciaux qu'il n'a pas, le film est juste un Ă©niĂšme exemple de gaspillage de talents entre les mains de deux scĂ©naristes qui ne devraient plus ĂȘtre autorisĂ©s Ă  approcher un blockbuster et une rĂ©alisatrice au diapason de son casting qui a Ă©pousĂ© le credo « foutu pour foutu... ».

L'avis du Journal du Geek :

Note : 2 / 10
7 commentaires
  1. Le systĂšme de financement (placement de produits) est devenu tellement rentable qu’ils s’en tapent royalement de produire des nanards Ă  rĂ©pĂ©tition.

  2. ça me dĂ©sole de voir des sites comme ça “”critiquer”” un film en utilisant des comparaisons qui n’ont aucun sens et qui ne comprennent pas pourquoi certains films existent. Oui Madame Web n’est pas parfait, mais il reste de loin meilleur que ce Marvel a fait derniĂšrement en tant que film (Loki et What if vont de trĂšs cool Ă  sympa). je veux dire Ant-Man 3 est vraiment pas terrible et The Marvels, c’est le je m’en foutisme absolue. la recette des films Marvel a tellement Ă©tĂ© vu et revu que mĂȘme la recette en a marre. Au moins Sony ose tentĂ© des choses alors oui Venom 2 Ă©tait Ă  plusieurs moments dĂ©biles et Morbius ressemble au 1er film Iron Man version Ă©co+ mais au moins ils essayent d’innover. Madame Web aussi essaye des choses, et le 1er qui dit que les trailers nous ont menti en nous promettant les Spider-Woman Ă  cela je rĂ©pond, Ă  aucun moment ils ont dit qu’ils seraient dans leur costume dans tous le film, aussi un truc important : C’EST UNE ORIGINE STORY DE MADAME WEB !!! PAS DES SPIDER-WOMAN, UTILISER VOTRE CERVEAU !!!.

    Mais pour en revenir Ă  cette critique du site, ayant vu le film il y a 3h, je peux affirmer que ce film est de loin le meilleur de ce que Sony a proposĂ© en terme de film de super-hĂ©ros depuis les films de Marc Webb, le scĂ©nario propose une origine story simple mais intĂ©ressante de Cassandra Webb, un perso qu’on ne connait que trĂšs peu de chose. dans ce film, c’est une femme qui n’est pas en paix avec elle-mĂȘme qui prĂ©fĂšre s’enfermer dans sa solitude que d’ĂȘtre avec des personnes qui peuvent la blesser. son lien avec Julia, Mattie et Anya est trĂšs intĂ©ressante puisqu’eux aussi la vie leur a fait du mal et essaye de se protĂ©ger tout en voulant ĂȘtre avec quelqu’un qui les aides et les aimes. ce devĂ©loppement de chacun des persos qui doivent rĂ©soudre leur problĂšme, qui rĂ©solu Ă  la fin, est trĂšs intĂ©ressant et peut parler Ă  ceux qui ressent aussi cela. ce film est davantage un film basĂ© sur la psychologie des persos et le suspense avec Ezekiel qui les pourchasses, qu’un film d’action et de super-hĂ©ros banale.

    Alors franchement, donner une chance Ă  Madame Web, et n’Ă©couter pas l’avis de ses “spĂ©cialistes”, 9/10 ils disent des conneries sans voir le film

    1. Les critiques restent des avis, et donc ne sont pas absolus, mais tout juste relatif Ă  celui qui l’Ă©crit.
      Cependant, l’article qui ici Ă©trille le film ne le fait pas sans argument, alors que ta contre critique, juge le film sur l’intention plutĂŽt que sur le rĂ©sultat. (“Au moins Sony ose tentER des choses”, “mais au moins, ils essayent d’innover.”)
      Ce n’est absolument PAS un argument valable : si tu vas au resto et que tu commandes un steak frite et que le gars t’amĂšne des frites Ă  moitiĂ© crues et un steak carbonisĂ© d’un cĂŽtĂ© et cru de l’autre, tu ne le jugeras pas sur son intention de bien faire ou sa volontĂ© d’innovation, mais sur le rĂ©sultat final : Les films, c’est pareil.

      Ils ont surement tout pleins de bonnes intentions, mais c’est ratĂ© : ils font du fric et pas de bons films.

      Que tu aimes, en bon fanboy, ok, je comprends “Ben Reilly”, mais pour les gens qui osent critiquer, hĂ© bien ces films sont de pures pertes de temps. AprĂšs, si tu aimes que la durĂ©e de vie d’un grand mĂ©chant ultra-emblĂ©matique tel que Carnage soit de 2-3 heures en tout (naissance de carnage ~ mort de carnage = 3 heures max), hĂ© bien, ces films sont fait pour toi. et toi seul.

  3. TrĂšs faible : scĂ©nario facile avec un excĂšs patent d’irrĂ©alisme : les gamines, en danger de mort, qui dansent pour des inconnus sur la table du restoroute (!), l’hĂ©roĂŻne qui rĂ©-utilise le taxi qu’elle a volĂ© -et gravement accidentĂ© !- sur une pĂ©riode de temps qui va jusqu’Ă  englober son escapade PĂ©ruvienne et retour (re !) sans que la police n’intervienne, alors qu’on se trouve en plein New-York ?! Et l’ami qui ne s’Ă©tonne de rien ni ne pose de questions. Le vol planĂ© de l’ambulance n’arrange rien, cĂŽtĂ© sĂ©rieux de l’entreprise. Le mĂ©chant, unilatĂ©ralement mauvais “parce qu’il a trop souffert”, passe le film Ă  courir aprĂšs ses proies sans que soit exposĂ©s, Ă  aucun moment, son univers ni ses objectifs : on ne peut pas dire qu’il soit particuliĂšrement intĂ©ressant, du coup.
    Mise en place excessivement laborieuse -beaucoup de scĂšnes d’expositions inutiles- mais la fin est expĂ©diĂ©e sans qu’aucune montĂ©e en puissance ne se fasse sentir… Si on ajoute les nombreuses victimes collatĂ©rales causĂ©es par les dĂ©cisions “visionnaires” de Madame Web, on est en droit de s’interroger sur la valeur morale de ces derniĂšres, qui lui font privilĂ©gier un sauvetage plutĂŽt qu’un autre -surtout qu’elle n’exprime, Ă  aucun moment, la moindre compassion pour les victimes.
    Aucun humour au delĂ  de la caricature, et l’aspect “scientifique” de l’intrigue prend, une fois de plus, le ton pontifiant/mystique, et donc forcĂ©ment ridicule, qui fait (apparemment ?!) dĂ©sormais la “patte” du genre Super-HĂ©roĂŻque, au cinĂ©ma. Vraiment dommage.

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