Passer au contenu

Critique Loups-Garous : la meilleure comédie familiale de cette fin d’année ?

Non, ce n’est pas elle. Loups-Garous, inspiré par le célèbre jeu de société, est une production Netflix dont le seul et unique but est de nous donner envie d’être les premiers bouffés une fois la nuit tombée.

Hasard du calendrier, volonté de jouer sur la concurrence ou plan machiavélique des créateurs du jeu pour conquérir le monde, Les Loups-garous de Thiercelieux fait actuellement l’objet d’une double adaptation sur nos écrans. La première a commencé il y a peu sur Canal+ et prend la forme d’un jeu télévisé qui n’a rien à envier aux meilleures productions Netflix du genre. La seconde est un film malheureusement produit par Netflix.

Est-il encore utile de présenter ce jeu de société aux sept millions d’exemplaires vendus, qui a occupé bien des soirées, en famille ou entre amis, qui commence toujours par cette phrase : « C’est la nuit, tout le village s’endort. Les joueurs ferment les yeux ». Des parties où chaque nuit, des loups-garous cachés parmi les villageois dévorent l’un d’entre eux, et le jour, les villageois votent pour tenter d’éliminer ces derniers en espérant ne pas se tromper et désigner l’un des leurs. Un jeu qui s’est enrichi de cartes spéciales offrant à certains joueurs des avantages. Un concept intéressant sur le papier pour un divertissement, mais dont on pouvait douter un peu plus de la pertinence d’un long-métrage.

Des craintes appuyées par la première bande-annonce révélée il y a plus d’un mois, laissant entendre une aventure où Franck Dubosc, Suzanne Clément, Jean Reno, et les enfants allaient se retrouver plonger au cœur du jeu, en plein Moyen-Âge, dans une sorte de Les Visiteurs rencontre Jumanji. Il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture, ni un film sur sa bande-annonce, mais on ne peut pas dire que Loups-Garous avait rassuré les foules lors de sa phase de promotion. Grâce au réalisateur François Uzan, on sait désormais que le pire était encore à venir.

La fête au village

Une chose qu’on ne reprochera pas au film. Bon, la seule chose qu’on ne reprochera pas au film, c’est bien son inspiration. Loups-Garous joue la carte de l’adaptation stricto sensu et dès que notre famille se retrouve à jouer sa partie grandeur nature, les codes sont tous présents. Les monstres qui choppent des villageois la nuit, la nécessité de les démasquer et les pouvoirs accordés aux personnages. Uzan n’a pas envie de dénaturer le concept et les liens entre l’adaptation et le modèle se font naturellement. Même s’il faut bien traficoter ici et là pour trouver comment incarner les capacités spéciales et que certaines explications, à l’image de « La Petite Fille », sentent bon la transpiration d’un scénariste en galère. Le souci, c’est que cela ne suffit pas à faire un long-métrage, même si celui-ci ne dure « que » 95 minutes.

Loups Garous (2)
© Netflix

Sauf que c’est là qu’intervient la seconde parade du cinéaste : la distribution des pouvoirs sera intimement liée à la personnalité des joueurs. Il est rapidement acté que l’adolescente se rêvant influenceuse se retrouve invisible et que le garçon en quête d’identité devient capable de la changer à volonté. Toutes celles et ceux qui ont un jour fait une partie de Loups-Garous le savent, votre carte n’est qu’une porte d’entrée à votre introspection. Et encore, vous ne savez pas ce qu’une partie de Saboteur dit de vous.

On en plaisante, toutefois cela montre une volonté du film de dépasser son concept réducteur pour nous proposer un développement plus profond autour de la famille, du couple et de la place de la femme au sein de la société. Le problème est que ce développement ne dépassera jamais la petite ligne de dialogue à caractère comique. Hormis une scène entre Jean Reno et Franck Dubosc, tout le reste n’est que sujet de plaisanterie autour d’une forme d’humour à papa dans le sens le plus gênant du terme et on se demande bien ce que cette pauvre Suzanne Clément est venue faire dans cette galère.

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu

Dans sa conception du jeu, dans son versant « comique », dans son utilisation des anachronismes, tout dans Loups-Garous est incroyablement ringard et a minimum quinze ans de retard sur les pires productions du genre. Chaque trouvaille du métrage n’en est pas une puisque déjà surexploitée par deux films Jumanji qui ne volaient déjà pas haut. On assiste à une production sans aucun caractère qui n’a pour elle de ne faire de mal à personne tant elle est insignifiante.

Une œuvre qui ne raconte rien et qui ne tente pas de le faire, préférant passer rapidement à la suite des événements. Ce qui pourrait passer pour une envie de divertir son spectateur par un rythme soutenu paraît surtout être un besoin vital de ce même rythme, afin que le-dit spectateur n’ait pas le temps de lever les yeux au ciel (raté, on connaît notre plafond par cœur). Le prologue est expédié. La partie enquête, pourtant majeur au sein des Loups-garous de Thiercelieux – comme le montre la production Canal+ par ailleurs -, se termine en un claquement de doigts. Notre petite famille ne semble pas avoir retenu la moindre chose de leur expérience si ce n’est une scène finale dont on a encore du mal à croire qu’elle existe. La liste est longue.

Loups-Garous est un éloge. Moins un éloge du jeu que du vide. Un film qui paraît constamment se questionner sur son existence et qui ne la justifie jamais. Alors il se contente de cumuler. Cumuler un humour au mieux crispant avec une histoire qui ne va nulle part. Cumuler une mise en scène plate avec un montage charcuté. Cumuler des acteurs qui n’y croient clairement pas avec Johnny Hallyday (vous n’êtes pas prêt.es).

Le pire, c’est que le film finit par nous faire de la peine, car on sent que personne ne sait ce qu’il fait. L’intrigue n’arrive pas à trancher entre transposition au sein d’un jeu ou voyage dans le passé – nous offrant de magnifiques contradictions d’une scène à l’autre. Les décorateurs tentent de reproduire un village médiéval avec dix euros et deux tickets-restaurant. Franck Dubosc joue Franck Dubosc et les autres le regardent faire. Et nous voilà coincés dans une partie très longue, car elle ne paraît jamais avoir commencé. On ne sait pas si les Loups-Garous ont dévoré les villageois, mais ils ont indéniablement massacré nos nerfs.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

Kidnapping ? Blanchiment d'argent ? On ne sait pas encore comment expliquer l'existence de ce Loups-Garous et ce n'est pas lui qui pourra nous y aider vu qu'il l'ignore aussi. À ce stade, tout ce que l'on peut supposer, c'est que quelqu'un, quelque part, à un moment donné, a perdu une partie de trop et qu'il nous fait aujourd'hui payer à la place de ses potes. S'ils nous lisent, merci de le laisser gagner la prochaine fois car on ne supportera pas un second opus.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 2 / 10
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode