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[Critique] Lou et l’île aux sirènes, la bulle musicale colorée

Après le tendre et bouleversant Ma vie de Courgette de Claude Barras en 2016, c’est au tour de Lou et l’île aux sirènes de conquérir le dernier jury du festival du film d’animation d’Annecy, en remportant le Cristal du long métrage. Truculente et lyrique, l’œuvre réalisée par Masaaki Yuasa mérite-t-elle l’intérêt qu’on lui porte ?

Vainqueur du festival du film d’animation d’Annecy cette année, Lou et l’île aux sirènes gagne à être connu du grand public. Le long métrage de Masaaki Yuasa entraîne ses spectateurs dans un univers fantastique particulièrement coloré qui s’affranchit des codes traditionnels des films d’animation. Loin d’un classique de Disney, l’œuvre tend plutôt vers le courant fantastique initié par le maître Hayao Miyazaki, une pointe psychédélique en plus.

La vie de Kai est d’une routine morne. Dans le village d’Hinashi où il vit avec son père et son grand-père, il occupe ses journées en composant de la musique électronique, quand il ne les passe pas en classe. Le collégien met ses créations en ligne et Yuho, une de ses camarades, découvre un jour sa véritable identité. Elle tente alors de le convaincre de se joindre au groupe qu’elle forme avec Kunio. Kai accepte à contrecœur et décide d’accompagner ses camarades sur une île mystérieuse pour une répétition. Alors que le lieu lui avait été interdit par son grand-père, l’adolescent outrepasse l’avertissement par curiosité. Le soir même, il fera l’incroyable rencontre d’une jeune sirène prénommée Lou. La petite créature a une particularité, elle ne peut s’empêcher de danser et/ou chanter lorsqu’elle entend de la musique. Mais leur amitié naissante sera bientôt menacée, lorsque les villageois découvriront l’existence de Lou. Certains habitants lui réserveront alors un accueil menaçant, par crainte des légendes tenaces sur ces êtres fantastiques.

Un univers chatoyant

Au premier abord, la valse de couleurs choisie par Masaaki Yuasa a de quoi surprendre les spectateurs habitués aux univers sages ou monochromes. Mais on s’imagine facilement que le plus jeune public ne sera pas le moins du monde surpris par cet arc-en-ciel cinématographique. L’attention se prend assez vite dans cette palette riche, qui sert à mieux comprendre et différencier les personnages, lieux et ambiances. L’exemple avec Kai, notre héros, qui en dehors de son uniforme scolaire, possède une garde-robe aux teintes sombres et froides représentée par son t-shirt bleu marine et short anthracite. Reflétant ainsi l’image de quelqu’un de renfermé, solitaire, non sans rappeler un certain Branche dans Les Trolls de Dreamworks. Il représente tout l’inverse de Lou, la pétillante sirène au sourire démesuré symbolisée par une chevelure aqueuse, un corps rose bonbon et une robe d’algue.

Des détails réalistes aux scènes survoltées

Deux éléments majeurs contrastent tout particulièrement dans ce long métrage, à savoir l’alternance entre des lieux et objets de la vie quotidienne croqués avec précision, en opposition aux traits simplifiés des personnages. Pour les premiers, les détails sont poussés avec une précision proche du réalisme. À côté, l’aspect des personnages paraîtrait presque trop brut. Mais l’alchimie prend et cette distorsion caractéristique de Massaki Yuasa sait se fondre dans l’ensemble. La patte du réalisateur japonais ne laissera en tout cas pas indifférent, qu’elle plaise ou non.

L’intrigue quant à elle n’est pas sans rappeler celle du Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki. Certes les deux histoires narrent la rencontre d’une sirène et d’un garçon. Sauf que là où Miyazaki reste davantage dans sa poésie, Yuasa n’hésite pas à porter son film dans un univers plus décalé et rieur avec une pointe d’excentricité. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, si les deux longs métrages ne se ressemblent que sur certains points, l’un ne fera pas pour autant détester l’autre. On peut même saluer la fraîcheur de Lou et l’île aux sirènes, qui ouvre une nouvelle voie dans les films d’animation.

Impossible d’évoquer Lou et l’île aux sirènes sans s’attarder un moment sur sa bande originale. Le long métrage est rythmé par une composition osée et dynamique, comme on pouvait l’attendre pour accompagner dignement ces personnages liés par la musique. On retiendra particulièrement les chansons qui ajoutent une atmosphère fougueuse aux scènes les plus loufoques. Le film avance en passant d’un genre musical à un autre sans le moindre complexe, au risque parfois de déboussoler des oreilles accoutumées par les compositions délicates de Miyazaki.

Véritable parenthèse musicale et intensément colorée, Lou et l’île aux sirènes est une figure curieuse autant que fascinante. Capable d’émerveiller autant que d’interloquer les spectateurs, ce long métrage mérite l’attention qu’on lui porte. Masaaki Yuasa y exprime sans complexe ses talents, auxquels on adhère ou pas.

Lou et l’île aux sirènes sort le 30 août sur nos écrans.

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1 commentaire
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