Cela fait un moment que Dreamworks n’a pas proposé de licence inédite. Dernièrement, les studios d’animation nous ont offert des suites de Baby Boss, Les Croods ou encore Trolls. La dernière nouveauté date de 2019, avec la jolie fable Abominable. Cette fois-ci, la firme change de registre et nous plonge au cœur d’une vaste aventure à mi-chemin Ocean’s Eleven et Zootopie.
L’intrigue suit une bande d’animaux criminels, qui s’apprêtent à réaliser leur plus gros coup : devenir des citoyens respectables. Mais le chemin vers la rédemption est semé d’embûches, et un nouvel antagoniste émerge.
Ils vont devoir montrer patte blanche pour redorer leur image auprès de la société, et mettre ce génie du crime hors d’état de nuire. Pour les aider dans leur entreprise, ils pourront compter sur une aide pour le moins inattendue. Loup, le chef de la bande, va plus que jamais devoir se méfier des apparences.
Pour son nouveau long-métrage, Dreamwork ne part pas de rien. Les studios ont choisi d’adapter une série de bande dessinée australienne, imaginée par Aaron Blabley. Une idée qui a germé dans la tête du réalisateur français Pierre Perifel. Après une solide carrière chez Dreamworks en tant qu’animateur, le cinéaste s’est vu confier son premier projet solo.
Reservoir wolf
Une adaptation qui ambitionne de s’imposer comme du Tarantino pour les enfants selon son propre aveu. Mais avant de braquer le box-office, Pierre Perifel a d’abord dû opérer quelques changements du côté de l’imagerie de la saga sur le papier. Exit l’aspect minimaliste, le cinéaste emprunte aux univers pop des vieux dessins animés, tout en utilisant les technologies de la 3D pour construire ses visuels.
Il y a eu un avant et un après Spider-Man : Into the Spider-Verse, Les Bad Guys en est le digne héritier. Dreamworks a compris comment exploiter la 3D pour l’inclure au sein d’une véritable proposition artistique, bien que différente, le studio n’a pas à rougir face à Sony.
Un mélange des genres détonant et ont doit bien l’avouer plutôt efficace. De la trogne des personnages, volontairement peu réalistes, aux décors de cette ville très 70’s, c’est un peu comme si Funky Cops rencontrait Zootopie. Des courses-poursuites en grosses cylindrées, des séquences de braquages, rien n’échappe à l’œil affûté du réalisateur. La promesse visuelle, celle de nous plonger au cœur d’un film de braquage pour les chérubins, est tenue.
D’ailleurs, il n’hésite pas à nourrir son récit de nombreuses références. On y retrouve des mouvements de caméra semblables à ceux de Ocean’s Eleven, l’aspect loufoque des personnages de Snatch. Une dynamique qui fonctionne plutôt bien entre ces petites bêtes à poils et à écailles. Il n’hésite pas non plus à abattre le quatrième mur, pour une séquence introductrice pied au plancher, littéralement… Le film ne néglige pas non plus sa lumière, pour construire une ambiance tantôt rétro, tantôt néo-futuriste.
Les Bad Guys joue également avec des éléments visuels issus de l’animation japonaise, pour créer un pêle-mêle d’inspirations… inspiré. Un régal pour les yeux, mais pas que. Du côté de la bande originale, aussi, le film de Pierre Perifel pioche un peu partout, et va même jusqu’à nous offrir une chanson originale, qui devrait rester dans les mémoires. Après tout, avec ce genre de production, la création d’un hymne original est devenue légion.
Une partition jazzy qui fait recette et qui est déclinée au fil du métrage. Elle est signée de la main de Daniel Pemberton, à qui l’on devait déjà les musiques de Spider-Man : Into the Spider-Verse. Rien n’arrive par hasard…
Des voleurs qui braquent nos cœurs
Mais l’aspect le plus réussi dans ce film d’animation réside surtout du côté de sa narration. Sans tout à fait bousculer les codes du genre, Les Bad Guys s’impose comme une vivifiante et attendrissante plongée au cœur d’une aventure palpitante qui réserve son lot de surprises.
À travers ses personnages, le nouveau film de Dreamworks aborde la différence au sein d’une société gangrénée par les préjugés. Un récit qui plaira aussi bien aux petits qu’aux grands amateurs de productions animées. Cette construction efficace permet au film de nous embarquer pendant près d’une heure et quarante minutes au sein de son univers coloré et déjanté.
Nous l’avons visionné en version française, histoire de nous faire une idée des performances vocales des différents acteurs recrutés pour l’occasion. Il y a du beau monde. Pierre Niney, qui n’en est pas à son coup d’essai, réussit avec brio à rendre hommage au leader de la bande : Monsieur Loup.
Pour rappel, c’est lui qui prêtait sa voix à Fourchette dans le dernier Toy Story. Il avait aussi joué Peur dans le génial Vice Versa ou encore Doug dans Cro Man. Il retrouve un acteur et réalisateur qu’il connaît bien : Igor Gotesman, celui à qui l’on doit Five incarne ici un Serpent peu scrupuleux, au look qui n’est pas sans rappeler celui de Johnny Depp dans Las Vegas Parano.
Jean-Pascal Zadi (Tout Simplement Noir), Doully et Alice Belaïdi (Hippocrate) viennent s’ajouter à la liste. Un casting français qui n’a rien à envier à son homologue américain, avec Sam Rockwell en chef de file.
Les Bad Guys remportent le gros lot. Alors que Dreamworks prépare le retour d’un personnage iconique de sa filmographie, un certain chat avec une appétence pour les bottes, le film réalisé par Pierre Perifel rappelle qu’avec une belle histoire et une direction artistique claire, on peut faire des merveilles. Reste à découvrir si le public se prendra d’affection pour ces petites bêtes.
En salle, les longs-métrages d’animation ont encore du mal à tirer leur épingle du jeu. La pandémie continue d’influencer la fréquentation des salles, même si la levée des restrictions devrait un peu leur redonner des couleurs. Disney de son côté préfère désormais réserver la case ciné à des productions d’envergure, comme Buzz L’éclair qui sortira le 22 juin prochain au cinéma.
Les dernières productions Pixar, comme l’excellent Alerte Rouge, devront quant à elles se contenter d’une diffusion sur la plateforme Disney+. Heureusement, Dreamworks débarque avec sa nouvelle production, qui devrait ensoleiller les vacances de printemps.
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