La télévision leur aurait donné le Bon Dieu sans confession. Dix ans avant Le Problème à 3 corps, David Benioff et D.B Weiss étaient les rois du petit écran alors que Game of Thrones réunissait chaque semaine des millions d’adeptes à travers le monde. Les scénaristes et créateurs de l’épopée de fantasy étaient même sollicités par les plus grands noms d’Hollywood. Néanmoins, en 2019, le monde des deux auteurs s’effondre avec les remparts de Westeros. Le public fustige le final de la série HBO, il n’adhère pas aux choix des hommes qui agissent depuis plusieurs saisons en autonomie.
Ce tollé ne tardera pas à avoir des conséquences, les projets devant permettre à D.B Weiss et David Benioff de rebondir sont abandonnés, leur film Star Wars rejoint le cimetière des explorations de la galaxie très lointaine avortées. Tandis que le public ne s’attend pas à les revoir de sitôt, les deux hommes se tournent vers une plateforme qui a la réputation d’offrir beaucoup de libertés à ses grands noms. C’est avec ce lourd passif et la promesse d’une nouvelle superproduction pour le petit écran que se lance Le Problème à 3 corps le 21 mars sur Netflix
L’histoire du Problème à 3 corps
Adaptée d’un ouvrage éponyme de Liu Cixin, la série évolue sur plusieurs niveaux et temporalités. En 1967, alors que la révolution culturelle fait rage, la jeune Ye Wenjie assiste au meurtre de son père des mains des gardes rouges. Quelques années plus tard, elle échappe à la prison et est invitée à rejoindre un programme radioastronomique mené par le gouvernement. Elle va prendre une décision qui changera le cours de l’Histoire.
Plusieurs décennies après ces événements, une importante vague de suicides touche la communauté scientifique. Dans le même temps, de nombreux dysfonctionnements sont constatés dans les différents accélérateurs de particules du monde, la science est cassée. Un groupe de brillants chercheurs va être approché par l’inspecteur Da Shi pour mener l’enquête sur cette affaire aux proportions universelles.
Une nouvelle chance à trois
En collaboration avec Alexander Woo (True Blood), David Benioff et D.B Weiss s’attaquent à un gros morceau de la science-fiction. Moins célèbre que Dune et Fondation, le roman de Liu Cixin n’en est pas moins le début d’une saga plébiscitée par les lecteurs du monde entier. Si une telle notoriété aurait pu décourager le commun des mortels, les trois hommes ne sont pas du genre à reculer devant l’obstacle. Ils doivent faire éclore une vaste mythologie, miroir de notre monde contemporain. L’Humanité est racontée lorsqu’elle est confrontée au plus important défi de son histoire. Cette chronique va ainsi prendre, comme les romans, le parti de multiplier les approches, les lieux et les intrigues pour passer à la loupe les comportements humains par les prismes de l’intime, de la politique et surtout la métaphysique.
Plutôt que d’évoluer à l’échelle microscopique, la série se distance de ses sujets pour interroger des mécanismes sociaux. L’altérité est évidemment au cœur du procédé qui s’avère particulièrement efficace. Le Problème à 3 corps balaie quantité de questionnements profondément humains et interroge sur les croyances, la science et plus largement le savoir. À mesure que progresse la narration, qui débute comme un récit historique et politique pour se muer en enquête criminelle, l’étau se resserre sur les spectateurs qui ont l’impression d’assister à une expérience visant à prouver que la SF a bien des visages.
Le regard des auteurs se tient le plus souvent à bonne distance des personnages, mais se rapproche régulièrement pour explorer l’intime. La série accouche de scènes d’une intensité rare, qui servent de rupture avec le volet plus théorique. Si David Benioff et D.B Weiss n’atteignent pas les niveaux de stupeur qu’ils avaient procurés aux spectateurs de Game of Thrones, ils parviennent sans peine — aux côtés d’Alexander Woo— à émouvoir autant qu’à surprendre. Le Problème à 3 corps est une impressionnante fresque d’anticipation, dont le mystère ne constitue que le point de départ d’une narration bien plus vaste.
Un nouveau monde qui prend corps
À la différence de leur travail sur GOT — jusqu’à ce que leur série dépasse les romans de George R.R. Martin — les scénaristes ne se refusent pas quelques libertés. D’abord, il s’agit d’adapter le récit à un contexte plus universel, de s’adresser à plusieurs territoires tandis que le roman évoluait principalement en Chine. C’est donc en Grande-Bretagne, autour d’un noyau dur de cinq héros, que s’ancrent ces sept premiers épisodes. Le quintette est dans une maîtrise parfaite de sa partition. Eiza Gonzales capte la lumière dès l’ouverture, mais la performance la plus remarquable reste sans aucun doute celle d’Alex Sharp. Le récit lui confie un questionnement glaçant.
Si les aficionados du roman pourraient rejeter en bloc la proposition de David Benioff et D.B Weiss, tant elle s’écarte de son matériau de base, Le Problème à 3 corps parvient habilement à réinventer la recette. Difficile de s’attarder sur la question sans lever le voile sur des détails cruciaux. Le Problème à 3 corps évite de nombreux pièges au fil de ses épisodes. La série offre une conclusion qui ne laisse aucun doute sur l’ambition des trois hommes. C’est seulement le début du voyage. La dernière née du catalogue Netflix nous rappelle Westworld ou Dark, qui avaient redéfini une norme pour le genre.
De l’ambition et un ludisme évident
La science-fiction ne se limite pas à des univers lointains et fantasmés. Si Denis Villeneuve a fait éclore une mythologie très imaginative avec son Dune, Le Problème à 3 corps se situe de l’autre côté du miroir. Tout est fait pour rappeler notre civilisation, notre monde et ses technologies. Derrière la caméra, les réalisatrices et réalisateurs ne se limitent pas à l’envergure des productions du petit écran.
Ils voient les choses en grand, multipliant les effets de style pour construire leur ambiance. Certaines scènes sont particulièrement efficaces, qu’elles soient oniriques ou sanglantes. La production Netflix n’a pas à rougir face à ses concurrentes directes. Reste que son ambition est parfois entravée par des effets visuels limités.
On peut aussi reprocher à la série de ne pas parvenir à se départir de “l’esthétique Netflix”. La plateforme semble œuvrer pour plus d’uniformisation de ses contenus, peu importe leur genre. Le Problème à 3 corps n’échappe pas à la règle. Elle laisse le sentiment d’un objet artistique assez commun sur certains aspects. C’est particulièrement vrai lorsque la caméra se promène dans les pixels d’un monde virtuel, qu’elle immortalise un univers à mi-chemin entre modernité et futurisme. Si le procédé reste ludique, il pâtit d’un traitement numérique qui manque de panache. À ce jeu-là, d’autres s’en sont largement mieux sortis. On peut citer Upload proposée sur Amazon Prime Video quatre ans plus tôt.
Le début d’une grande série ?
Depuis quelques mois, Netflix a intensifié la campagne promotionnelle autour de son nouvel objet télévisuel. L’entreprise mise beaucoup sur cette estampille. Elle s’apprête à perdre son titre le plus fort à ce jour : Stranger Things. Le problème à 3 corps a-t-elle les épaules pour devenir la nouvelle série phare du géant du streaming ? Rien n’est moins sûr. Si cette entrée en matière ne démérite pas, elle pourrait laisser certains spectateurs sur le carreau.
Le jeu de l’adaptation est toujours risqué, même si la plateforme semble désormais prendre sa mission bien plus à cœur. Avec Avatar : le dernier maître de l’air ou encore One Piece, la plateforme a prouvé qu’elle n’avait pas seulement vocation à détruire des licences emblématiques à coup de choix narratifs douteux. Et pourtant, cette adaptation repose sur de nombreux changements. Ils sont équilibrés et participent à faire de la série une production du petit écran à suivre de près. Prédire son succès sur la durée reste néanmoins impossible, comme la résolution du problème de physique appliquée dont son titre s’inspire.
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Il reste + de 8 mois avant la fin de l’année , autant titrer la série du millénaire , ce ne sera pas moins crédible
Westworld s’est transformée en ânerie insondable dès la seconde saison
Aucun mot sur l’adaptation deja existante de la série par un studio chinois et fidèle au livre.
Attendons de voir si cette série sera americanisé au possible avec son gros tas wokiste ou restera fidèle au roman…. Bon courage a toi Ye Wenjie.
je me suis posée la même question !
il en fallait bien au moins un pour employer le mot “woke” et ses dérives afin de paraitre plus “eveillé” que les autres… bref un woke qui critique les woke par définition du wokisme !
Au fait, dans le roman de xi, il y a des hétéro, des gays, il y a des blancs, des chinois et des noirs…
Il y a des pacifistes et des va t en guerre, des écologistes et des pro industrie…
Pour le “wokisme” américain, on y mettra quoi en plus ? 🙂
le vrai soucis de l’américanisation du problème a trois corps c est que cela casserait une partie des bases, profondément ancrées dans la révolution culturelle chinoise. L amérique est jeune, a vécu certains choses mais rien de ressemblant. Ancrer une haine de l’humanité aussi profonde et interprétable de certains personnages serait complexe.
Je suppose que c est pour ce genre de raison que la série s’écarte du matériau de base…
a suivre
On y mettra wang miao en femme …
Le livre offre autant de personnages féminins que masculins, une belle égalité chez les ricains ont rajoute des femmes pour créer le déséquilibre => c’est ça le wokisme américain (et oui, c’est triste pour le mouvement wokisme qui, à la base était quelque chose de plus positif).
J’ai plutôt aimé le bouquin même si tout ce qui se passait dans le jeu vidéo m’a franchement saoulé. Au final, je n’ai pas eu envie de lire la suite, espérons que la série me la donne.
La bande annonce est génial ! N’allez pas plus loin c’est suffisant.
Ennuyeux au bout de 4 minutes, sans intérêt avant la fin du second épisode !
Je ne comprends pas pourquoi vous parlez de série de l’année !?
Et pourtant j’adore la science fiction, films et livres.
Parfaitement d’accord, comme quasiment toutes les séries aujourd’hui, c’est lisse, c’est mièvre, c’est mou ! On veut plaire à tout le monde et au final au se concentre uniquement sur l’écrin plutôt que le scénario. Et pardon mais les acteurs ne jouent pas bien on y crois pas ! Bref j’ai déjà passé, franchement Dark était super et a voir car exempt des obligations des séries US !
Une série qui reprend beaucoup d’acteurs de Game of Thrones au tout début. On reconnaît là les réalisateurs, au début beaucoup de chamboulement, du sang, justifié et jamais grossier. Malheureusement à ne vouloir en dire que trop peu on tient le spectateur en haleine avec beaucoup de longueurs et peu de matière. On tend à rendre les ET ultra intelligents pour en suite justifier un plot twist sur une simple incompréhension de leur part. Moyen.
Les séries sur netflix comme toujours sont très ouverts sur les races et orientations sexuelles avec toujours ce bon code de conduite, souvent inutile. Des séries comme White Lotus ont su prouver qu’on peut critiquer tout le monde et justifier d’une trame mémorable, sans pour autant manquer de respect à personne.
Pour de la science fiction, allez voir Dune. The 3 body problem ne se contente que d’humaniser un vie lointaine au travers d’hologrammes.
Ni bien ni mauvais, juste a regarder en temps que fan de SF.
Lamentable ! Mais j’ai quand même appris quelque chose … Un certaine idée du néant !!!
Même pas envie d’argumenter ! Désolé !
Vraiment très ennuyeux, on ne s’attache à aucun personnage, c’est mou, sans rythme ni suspens. Je ne comprends pas ces critiques dithyrambiques..
Déjà je trouve pas les romans extraordinaires mais comme on y trouve une vision d’une personne immergée dans la société chinoise j’ai lu avec intérêt.
Comme la série rejette tout attachement à la Chine je trouve qu’on a vidé cette oeuvre de toute originalité, de ce qui en faisait une oeuvre intéressante.
Alors que je termine le 3eme tome (La mort immortelle), ma critique de la série est de plus en plus radicale. Ils ont pillé les bonnes idées d’une excellente oeuvre de SF (mais pas exempte de défauts) pour en faire un produit banal consommable par le plus grand nombre. Le premier tome qui est quasiment un polar devient l’histoire un peu mièvre d’une bande d’amis qui, ô grand hasard des hasards, vont tous se retrouver impliqués dans ce conflit interstellaire, ce qui n’est pas du tout présent dans le roman. Tout le côté hard science est gommé (le plus flagrant est la disparition du fond diffus cosmologique remplacé par les étoiles (ce qui n’a rien à voir)), sans doute par peur de perdre des spectateurs. Pourtant, c’est un aspect très important de l’oeuvre de Liu Xicin, et ça ne laisse rien augurer de bon pour la suite où la science est encore plus présente.
“Internationaliser” les personnages est un choix compréhensible, mais regrettable. L’auraient-ils fait si tous les personnages avaient été américains ? Pensent-ils que le public est incapable de s’attacher à des personnages chinois ?
Bref, beaucoup de déception et certainement pas une grande série de science-fiction.