Au milieu de ses franchises emblématiques, Disney développe dans ses parcs quelques histoires originales à destination des visiteurs. Si les personnages des films d’animation sont encore centraux dans la stratégie de l’entreprise, plusieurs jolies surprises attendent les amateurs de sensations fortes et d’étrange à Paris comme en Californie. La saga portée par Johnny Depp a un peu eu tendance à nous le faire oublier, mais Pirates des Caraïbes c’est avant tout une croisière scénique qui s’est ensuite exportée au cinéma. Depuis son premier essai du genre, en 1997 avec le téléfilm Le Fantôme d’Halloween, l’univers cinématographique inspiré des attractions Disneyland n’a pas rencontré que des succès. Les Pirates des Caraïbes font d’ailleurs figure d’exception. Il suffit de citer le dispensable Monde de Demain avec George Clooney pour se représenter les déboires commerciaux qu’a rencontrés Disney dans son entreprise.
Néanmoins, les studios n’ont pas dit leur dernier mot. Près de vingt ans après Le Manoir Hanté et les 999 fantômes, un nouveau métrage inspiré de cette maison de retraite pour ectoplasmes fait son apparition. Il espère sans doute faire oublier l’échec qu’a été son prédécesseur. Aux commandes, Disney a recruté un solide artisan puisque c’est Justin Simien qui s’y colle. Le réalisateur de Dear White People (2015) promettait de dépoussiérer la bâtisse pour allier épouvante, comédie et récit plus intimiste. “Quand la porte de crypte craque et que les pierres tombales tremblent”, Le Manoir Hanté est-il le grand frisson espéré ?
Gabbie et Travis viennent d’emménager dans une bâtisse centenaire de la Nouvelle-Orléans. Alors que mère et fils sont prêts à entamer une nouvelle vie dans ce gigantesque manoir — étonnement bon marché — des phénomènes surnaturels les poussent à déguerpir rapidement. Mais une fois que vous avez franchi la porte du Manoir Hanté, impossible d’échapper aux créatures fantomatiques qui l’habitent. Gabbie n’a d’autre choix que de réunir une équipe d’experts en esprits frappeurs pour parlementer avec ces fantômes grimaçants.
“Bienvenue, pauvres mortels”
La saison des citrouilles n’a pas encore été officiellement lancée, Disney prend un peu d’avance avec cette production qui fleure bon Halloween. Avec les amateurs de comédies fantastiques autant que les aficionados des parcs en ligne de mire, l’entreprise semblait s’adresser à nos petits cœurs en mal de productions familiales et étranges. Les premières images avaient d’ailleurs su attirer notre attention, Le Manoir Hanté promettait de revêtir de nouvelles couleurs devant la caméra de Justin Simien et surtout sous la plume de Katie Dippold. La scénariste de S.O.S Fantômes (2016) qui a aussi œuvré sur Brooklyn Nine-Nine et Parks and Recreation paraissait avoir appris des erreurs de son prédécesseur David Berenbau, lui qui avait livré une narration, au mieux inconsistante, au pire tout à fait inexistante. Cette histoire de fantômes et d’humain gagne en épaisseur à bien des égards. Le Manoir Hanté n’abrite ainsi pas que des malédictions et des fantômes, il se fait le réceptacle d’une histoire plus intime sur fond de deuil et d’acceptation.
Le film se construit comme une fresque sensible portée par des personnages plus denses qu’il n’y paraît, du moins pour le trio de tête. La scène d’introduction est d’ailleurs particulièrement réussie en ce sens, elle viendra faire écho à tout le reste du récit. Plutôt que de s’enfermer dans un métrage familial, il explore de nombreux horizons avec une certaine maîtrise. Mais si cette sincérité offre un souffle au récit, c’est le versant comique qui l’emporte le plus souvent. Il déconstruit alors tout ce que les prémisses avaient installé pour s’enfermer dans un tempo inégal. À la manière des files d’attente interminables à l’entrée de l’attraction, la narration avance très lentement vers son but. Le film ne parvient pas à faire coexister ses tonalités, naviguant entre moments de comédies (pas toujours réussis) et élans plus dramatiques. La démarche aurait dû être plus radicale, s’écarter des schémas habituels de Disney. Mais le principal défaut du film réside sans doute dans le traitement particulièrement pauvre de son antagoniste, le mythique fantôme à la boîte à chapeau.
Des héros “grimaçants”
Disney a réuni quelques grands noms du cinéma pour sa nouvelle incursion dans le manoir hanté. À l’affiche, c’est celle qui s’impose désormais comme la nouvelle coqueluche des studios américains qui mène la danse aux côtés de Lakeith Stanfield (Atlanta). Rosario Dawson délaisse ainsi son sabre laser, qu’elle reprendra très bientôt pour Ahsoka, et se consacre à naviguer entre comique de situation et répliques acerbes. Avec Owen Wilson en troisième luron, le trio fait transparaître son profond amusement pour l’exercice à bien des égards. C’est sans conteste Stanfield qui brille le plus ici. Les rôles secondaires sont nettement moins bien brossés, Danny DeVito et Tiffany Haddish sont cantonnés au rang de cautions humoristiques. Pour la seconde, l’idée d’introduire une diseuse de bonne aventure persuadée de ses aptitudes surnaturelles était belle, mais les dialogues ne parviendront jamais à en tirer profit.
Mariage peu harmonieux
La bâtisse imaginée à la fin des années 60 en Californie n’avait pas eu l’effet escompté. Alors que Walt Disney espérait susciter la peur chez les spectateurs, les effets spéciaux ne parviendront pas à faire naître l’effroi. Pour autant, pour peu que l’on se soit aventuré dans sa version hexagonale baptisée le Phantom Manor, la proposition ne manque pas de charme. C’est un cabinet des curiosités que les wagons explorent, avec ses animatroniques d’un autre temps. Si la caméra de Justin Simien s’amuse avec les recoins obscurs de ses décors – assez impressionnants, il faut bien l’avouer – il ne parvient pas toujours à retranscrire l’essence de l’attraction. C’est sans doute ce positionnement à mi-chemin entre le récit horrifique et la comédie qui empêche Le Manoir Hanté de surprendre. Il est exactement là où on l’attend. Avec un certain ludisme pourtant, le cinéaste rend hommage à de nombreux éléments du train fantôme. Le Manoir Hanté aurait eu tout à gagner à s’emparer de l’aspect macabre de l’univers, mais se contente d’être un mélange entre effets pratiques et visuels qui laisse de marbre.
Le grand final est particulièrement représentatif de cette dichotomie, cette confrontation de deux mondes. Les effets numériques mirobolants l’emportent sur les idées visuelles, graphiques et tangibles. On reste sur sa faim. Ce que l’on imaginait être un film fantastique plus franc, s’impose comme un divertissement en demi-teinte.
Le Manoir Hanté ne brise pas la malédiction des adaptations d’attractions chez Disney. Pirates des Caraïbes conserve sa position d’exception qui confirme la règle. Un bon concept ne fait pas un bon film et si le métrage de Justin Simien s’en sort mieux que son prédécesseur, il ne ressuscite pas le film de fantômes. On ne désespère pas de voir un jour Guillermo del Toro s’emparer d’un tel projet, lui qui a longtemps été en discussion pour adapter l’attraction.
Voir Le Manoir Hanté et les 999 fantômes
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Pour l’avoir vu, ce film a deux énormes défauts :
– Il a clairement été raccourci. Mais pas genre ablation propre de scènes peu utiles, non plutôt en mode découpe à la tronçonneuse un peu hasardeuse, sur fond de raccord bancale qui flirt avec la perte de sens (des personnages non introduits dont on connaît les noms d’un coup, des « je t’avais dit » qui n’avait jamais été dit, etc…) et quand on voit la durée de 2h pile du film, on comprends que Disney a sûrement voulu limiter la durée du film.
– Sa date et son mode de sortie. Oui le film est un nanar sur les bords, mais il reste agréable à regarder. Il m’a fait l’effet d’un téléfilm ou d’une rediffusion de Casper. Dès lors, pourquoi le sortir au ciné, au moment même où Disney a des soucis de rentabilité avec Disney+ ?
La réponse est dans la date. Pourquoi sortir en plein été un film d’Halloween ? Parce que la politique de Disney c’est 45/90j d’exploitation en salle avant de pouvoir aller sur Disney+ . Et si ont fait fin juillet plus 90j….on arrive fin octobre. Commode hein ?
Autant payer 13 euros la place pour aller voir ce film c’est un peu fort, autant se le faire en période d’Halloween chez soit avec un sachet de pop-corn, là ça devient agréable. Et je le ferai sûrement d’ailleurs