En 2013, après Le vent se lève, l’infatigable Hayao Miyazaki annonce prendre sa retraite. À 72 ans, il est temps pour lui de laisser la place à une nouvelle génération de cinéastes, d’animateurs et d’auteurs. Celui qui aura largement contribué au rayonnement de l’animation japonaise au-delà de ses propres frontières se voyait déjà couler des jours heureux loin des studios et de ses crayons. Néanmoins, il revient sur le devant de la scène dix ans après cette annonce, comme pour une tournée des adieux.
Avec Le Garçon et le Héron, il livre son chant du cygne, un ultime métrage pour explorer les thématiques qui l’obsèdent. Si Ghibli est depuis revenu sur le caractère définitif de cette retraite, pas anticipée du tout, force est de constater qu’aucun de ses films n’a autant sonné comme un signe de la main au public et à Ghibli. Ces adieux sont-ils réussis pour autant ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mahito doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne. Après la mort de sa mère lors d’un incendie, il s’installe avec son père dans un vieux manoir et croise un héron cendré qui devient petit à petit son guide. À onze ans, Mahito s’apprête à entreprendre un long voyage durant lequel il va en apprendre beaucoup sur la vie et le monde qui l’entoure.
Envolée lyrique
Miyazaki aime les récits initiatiques autant que le merveilleux. Souvent, le cinéaste allie les deux pour livrer de magnifiques fables sur le passage à l’âge adulte, l’écologie ou encore la filiation. Le Garçon et le Héron est a priori la parfaite la combinaison de ces trois obsessions narratives. Ce nouveau film utilise l’aventure de son héros, qui doit à la fois composer avec un nouvel environnement — le déracinement est un enjeu prégnant de sa filmographie — et le deuil d’une mère. Hayao Miyazaki confronte son personnage à des questionnements humains, pour n’en tirer aucune conclusion, mais plutôt pour guider ses spectateurs vers leurs propres réponses.
Épopée métaphysique, parfois très nébuleuse, cette nouvelle proposition cinématographique est pourtant d’une poésie rare. S’il semble occasionnellement nombriliste – il cite d’ailleurs des moments importants de sa propre vie et de ses œuvres – le réalisateur n’en livre pas moins un récit bouleversant, intriguant et à la construction assez savante.
L’immense galerie de personnages, les nombreux enjeux et niveaux de lecture pourraient en déconcerter plus d’un, cela a été le cas pour nous à certains égards. Mais c’est surtout Miyazaki auteur et conteur qui est passé à la loupe, lui qui a fait éclore bien des mondes fantastiques et singuliers ; lui qui doit désormais passer le relais.
On y parle alors de filiation, d’héritage et de découverte d’un nouveau monde. Au fil de ses aventures, le jeune Mahito se prépare aussi — et surtout — à vivre sans ses aînés, à prendre en main son destin. Le deuil devient alors l’objet d’une découverte de soi, l’opportunité pour l’adolescent de prendre son envol et de se délester de son chagrin.
La première moitié du film est d’une efficacité certaine, cultivant le mystère autant que se prélassant dans les recoins sombres de la psyché de son héros. L’approche purement fantastique du film qui fait se confronter la réalité au merveilleux est captivante. Dans sa première heure, Le Garçon et le Héron parvient avec beaucoup d’aisance à inviter les spectateurs jusqu’à l’anti-chambre du royaume des morts, aux allures de vieille bâtisse maudite.
Néanmoins, une fois le lien avec la familiarité rompu, les choses se gâtent un peu. À un rythme effréné, Miyazaki cite les différentes strates de son monde et crée une mythologie sans jamais véritablement nous laisser le temps de prendre la mesure du travail d’orfèvre à l’image ou, plus dommageable, de comprendre tenants et aboutissants. La libre adaptation de Et vous, comment vivrez-vous ? embrasse toute la portée philosophique de son matériau de base pour s’imposer comme un film unique et pourtant si familier au sein de sa filmographie. Néanmoins, le spectateur est rapidement enseveli sous quantités d’informations et idées, qui nous auront valu quelques nœuds au cerveau. Mais si comprendre n’était pas l’essentiel ?
À mesure qu’approche sa conclusion, le mystère s’épaissit sur la teneur de cette aventure, Miyazaki nous rattrape en plein vol avec une conclusion tendre. Le cinéaste voulait préparer son entourage à son départ, il s’adresse directement à ses proches autant qu’à nous, spectateurs, pour livrer sa morale. Lorsque la salle se rallume, on digère ce qui vient de nous être proposé, persuadé d’avoir vu quelque chose d’intéressant. Une larme sur les cils, se frottant les tempes pour rassembler nos idées, l’on s’interroge : et nous, comment vivrions-nous tout cela ?
Le feu de la création
Hormis ses tentatives du côté de l’animation 3D, comme avec Aya et la Sorcière, le studio ne déçoit que très rarement. Miyazaki est un réalisateur et animateur hors pair et il met tout son talent au service de ce nouveau voyage en terres ghibliennes. Difficile de ne pas y déceler quelques éléments du Voyage de Chihiro, de Mon Voisin Totoro ou encore du Château Ambulant.
Avec le royaume des morts comme terrain de jeu, il fait éclore un imaginaire captivant, palpable et absolument grandiose. On y retrouve d’ailleurs nombreuses de ses marottes, à commencer par des personnages à la frontière entre l’étrange et le réalisme. C’est le cas pour le Héron, acolyte de Mahito qu’il décortique sous tous les angles. Son regard cultive la bizarrerie morphologique de ce personnage anthropomorphe et souligne le propos du récit sur la mort. Ses premières apparitions permettent d’ailleurs à Miyazaki de livrer des séquences d’anthologie, qui jouent habilement avec les codes de l’onirisme autant que ceux du réel. Plus que jamais, l’animation est organique.
L’impressionnante introduction, qui immortalise Tokyo sous le feu des bombes, suffit pour nous convaincre que le coup de crayon de l’animateur n’a rien perdu de sa splendeur et qu’il peut encore nous surprendre. Miyazaki déjoue nos attentes et s’adonne sans déplaisir à l’exploration métaphysique, grâce des tableaux dans lequel tout son art transpire. Terrain connu et terres inconnues, l’esthétique infusée par ses précédentes œuvres signe l’envol de celui qui aura marqué des générations de spectateurs, petits et grands, aux quatre coins du monde.
La musique de Joe Hisaishi fini de parfaire la copie, elle qui a déjà rythmé toutes les précédentes œuvres du réalisateur et qui se teinte ici d’une nouvelle couleur. Comme le film, cette nouvelle partition est plurielle, grandiose à certains moments, mais aussi marquante.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
Ah Julie, toujours à la traine. “Le chant du cygne”… le producteur de Ghibli a déjà officialisé que Miyazaki a commencé à travailler sur un nouveau film et que celui-ci n’était pas son dernier. Ça fait un bon mois qu’on le sait. Ça a été publié lors d’une interview pour Libération le 3 octobre (eh oui, en France en plus, aucune excuse de ne pas le savoir).
Bonjour Seb,
La phrase “Ghibli est depuis revenu sur l’aspect définitif de cette retraite” parle évidemment du fait qu’il ne s’agit pas de son dernier film. Pour autant, Le Garçon et le Héron, par ses thématiques, sonne comme des adieux (même s’ils n’en sont finalement pas).
Perte de temps , vraiment nul ce film , a s’endormir, après l’es image son belle mais bon je paye pas juste pour voir ses image !
@Seb
Et j’ajouterais à votre remarque très juste que Hayao Miyazaki a 82 ans et non 72 comme indiqué en début d’article…
Bonjour MikeTheMike,
L’âge mentionné au début de l’article est celui qu’il avait au moment d’annoncer sa retraite en 2013 avec Le Vent se lève. Nous sommes effectivement dix ans plus tard…
Euh bah l’article ne s’est pas trompé il me semble, 72 ans en 2013 et 82 ans 10 ans plus tard, nan?
Tu sais Julie, ce n’est pas parce que tu ne comprends pas comment interpréter le film qu’il en devient confus
Ma note… 2/5
Esthétiquement très beau, mais aussi extrêmement chiant..
Ouai, désolé, mais j’ai adoré les précédent films du studio, et je les ai autant aimé que j’ai été décu par celui-ci. Le garçon est le héron raconte d’un réalisateur (Myazaki) dont le seul nom suffit à remplir les salles et qui s’est dit qu’il allait poser ses Balls sur la table et se faire un kiff qui ne parlerait qu’à lui..
Le film n’est pas bon. Inclure une masse de sens caché en laissant libre cours au spectateur d’interpréter l’histoire qu’il voit, ne rend pas le film bon. Mettre un paquet de personnages vraisemblablement important à l’intrigue, sans pour autant les développé non plus. => “Mais d’ou ils sortent eux” “Mais elle, c’est qui ?” “Ah ok c’est elle ?” “et lui c’est qui ?” “Mais comment ils sont arrivés là” ” et là ils sont ou du coup?” ==> pour résumer l’ensemble de mes réactions pendant le film. Et p*** y a de ces longueurs, mon dieu…. Je suis fan d’animation et franchement le film est tres beau, mais j’ai cru à un moment que j’allais m’endormir… Et qu’on ne vienne pas me sortir “hey mais t’as rien compris ca, ca fait référence à Gnagnagna”. Ses anciens films avaient la force de parler à plusieurs génération et meme s’ils avaient des sens profond, tout le monde arrivait néanmoins à se rassembler autour de l’histoire et de l’esthét. Là on sait meme pas a qui il s’adresse..
“L’intelligence vise à simplifier ce qui est complexe, la vanité à complexifier ce qui devrait rester simple.”
Bref aux vues des prix des billets, je ne recommande pas ce film.
Allez plutot voir the Creator ou encore Le regne animal tiens (histoire de bouffer local un peu).
Belle journée.