Bad Boys 4 a occupé nos écrans de cinéma il y a quelques semaines après SOS Fantômes 4 et L’Arme Fatale 5 est toujours en projet. Trois exemples parmi tant d’autres qui prouve qu’à Hollywood, c’est dans les vieux pots qu’on cherche encore à faire la meilleure soupe. Soupe étant, pour le coup, le terme adéquat pour désigner la majorité du temps le résultat de cette résurrection nostalgique que personne ne demandait. Et si vous croyez qu’un certain flic allait rester seul au tapis de ses glorieuses années sans tenter son propre retour en fanfare, c’était très mal connaître monsieur Eddie Murphy et les besoins de Netflix de gonfler son catalogue avec des valeurs jugées sûres. Alors Le Flic de Beverly Hills : Axel F., résurrection ingénieuse ou hommage à Crazy Frog ?
Encore en service actif dans les rues de Detroit — pourtant nettoyées plusieurs fois par RoboCop – Axel Foley (Eddie Murphy) doit retourner à Beverly Hills afin de protéger sa fille (Taylour Paige) menacée de mort et de retrouver son ancien ami Billy Rosewood (Judge Reinhold), disparu. Sur place, il va devoir convaincre une autre vieille connaissance, Taggart (John Ashton) de le laisser mener l’enquête alors qu’un jeune lieutenant (Joseph Gordon-Levitt) lui colle au train.
Le vieux de Beverly Hills
On ne peut pas dire que ce quatrième opus du Flic de Beverly Hills sorte de nulle part tant le retour d’Axel F. a été un sujet de nombreuses fois abordé au sein de studios, avec une série commandée en 2013 autour d’un fils suivant ses traces dans la police (avec du Murphy et les autres figures de la franchise en invités), mais qui ne sera jamais allé plus loin que la case pilote. Un peu plus de dix ans plus tard, exit le fils, bonjour la fille et c’est bien notre lieutenant à grande bouche préférée qui occupe le devant de la scène d’une suite officielle.
Tout le monde rempile et il est facile de comprendre pourquoi. Cela fait plus d’une décennie qu’Eddie Murphy cherche à retrouver un peu de son mojo et c’est Netflix qui lui a permis de briller à nouveau, voire de lui offrir son meilleur rôle avec Dolemite is my name en 2019. Depuis, le comédien est devenu ce qu’on peut appeler un acteur de plate-forme de streaming, passant de Netflix à Prime Vidéo avec Un Prince à New York 2, suite d’un autre de ses vieux succès, puis à nouveau la firme au N rouge avec You People, nouvel aller-retour chez Amazon avec Noël à Candy Cane Lane et enfin, ce nouvel opus. De leurs côtés, Judge Reinhold et John Ashton occupent des rôles d’arrière-plan depuis au moins le 3-0 de France / Brésil en 98.
Bref, Le Flic de Beverly Hills 4 est un moyen pour chacun de refaire un peu parler de lui, espérer s’attirer la sympathie du plus grand nombre et d’un nouveau public en particulier, rejouer des personnages pour lesquels ils ont un vrai attachement, et toucher un chèque qu’on suppose intéressant vu le poids de la saga.
Axel feu Foley
Derrière la caméra, Mark Molloy fait ses premières armes sur un long-métrage et on peut dire qu’il s’applique à donner du punch à cet opus en renouant davantage avec l’esprit des deux premiers films que d’un troisième très critiqué. La première séquence de course-poursuite est une belle note d’intention – malheureusement, elle restera au-dessus du lot – avec ce souci de renouer avec un cinéma d’action à l’ancienne qui veut exploser du décor davantage que tourner sur fond vert. En ce sens, ce volet se rapproche d’un autre « nostalgiefilm » dont l’amour du rétro bien fait a été fortement saluée, Top Gun : Maverick.
Il y a cette envie de ne pas se reposer sur ses lauriers et de calibrer le métrage sur le même tempo que son héros avec des scènes qui s’enchaînent facilement et assez diversifiées pour qu’on n’ait pas l’impression de tourner en rond. Déneigeuse, fusillade dans un embouteillage, crash d’hélicoptère, évasion… Ce Flic de Beverly Hills déroule afin de justifier le statut de Foley « d’aimant à emmerdes ».
Dès lors, malgré notre cynisme sur le produit, on a du mal à cacher le plaisir pris devant cette comédie d’action qui n’a pas peur de regarder ses aînés dans les yeux, jusqu’à, une fois qu’on aura plus de recul sur le sujet, peut-être se placer directement à la deuxième place des meilleurs opus de la saga. C’est fun, léger et bien incarné. Parfait pour une soirée détente.
Toutefois, il ne faudrait pas se leurrer quant au côté limité de l’objet qui n’en reste pas moins très classique dans le genre avec un bon gros paquet de clichés, une photographie terne, une bande son qui se contente d’exploiter l’esprit année 80 et le thème culte d’Harold Faltermeyer. Quant au méchant de service, on ne peut pas dire qu’il brille par son intelligence, sa cruauté ou son originalité. Mais à ce jeu-là, il ne fait que se placer à la suite de ses anciens vilains confrères dont la présence a toujours été accessoire, au seul service du vrai patron.
Parce que oui, le principal intérêt du Flic de Beverly Hills : Axel F. est dans le titre. Eddie Murphy jubile à nouveau dans son Teddy Detroit et son Foley n’a rien perdu de sa verve légendaire ni de son application maladive à défier l’autorité. Un vrai héros de film des années 80 qu’on a sorti de sa naphtaline et qui nous rappelle pourquoi on aimait tant ce genre de personnage. Du haut de ses 63 ans, Murphy n’a pourtant pas d’âge et parvient à porter le film entièrement sur ses épaules. Il n’a, de toute façon, pas trop le choix puisqu’à ses côtés, ses deux anciens acolytes sont autant contents d’être là qu’ils ont du mal à se mouvoir.
Une saga morte et déterrée
On ne pouvait faire de quatrième opus sans Rosewood et Taggart, mais ils sont également la preuve que la franchise a vu passer les années. Conséquence directe, si le scénario n’a pas envie de se passer d’eux et parvient à leur trouver une place jusqu’à la fin, leur peu de temps de présence à l’écran et le besoin de repousser au maximum la réunion du trio sous-entend fortement qu’il est l’heure de passer à autre chose. Axel F. peut-il voler de ses propres ailes ? Si on a jamais eu de mal à le croire, les présences de Rosewood et Taggart restent l’un des piliers du succès de la saga tant leurs caractères s’accommodent très facilement avec la sur-présence de Foley. Ce quatrième film nous le prouve malgré lui puisque, que ce soit avec sa fille ou une jeune version Rosewoodesque, aucun n’arrive à retrouver cette alchimie qu’on appréciait tant avec le trio original.
Certes, le film n’a rien de parfait, se montre très classique, voire paresseux dans son schéma et la construction de ses personnages secondaires, mais le charme rétro et Eddie Murphy fonctionnent. Toutefois, il nous questionne aussi sur son véritable intérêt. Car au-delà du côté marketing et financier de relancer la franchise, que veut raconter cet Axel F. ? Le flic a beau avoir aujourd’hui une famille, rien de sa relation avec sa fille ne montrera signe d’une évolution du protagoniste, qui ne peut changer sans perdre l’intérêt du métrage. Le Flic de Beverly Hills 4 est une impasse qui n’a rien apporté de neuf et qui aurait pu être remplacé par n’importe quelle autre comédie d’action à l’esprit rétro qui n’aurait pas eu les chaînes d’un héritage à ses pieds. Comme quoi, on peut être à la fois un divertissement plaisant et un épisode de trop.
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Séquelle ayant perdu sa dynamique, parfois trop bavard, le Eddy est bien mou, fini ses éclats de rire. Bref à voir pour le côté nostalgique mais pas à revoir.
yep ! c’est comme voir un concert de Bob Dylan aujourd’hui, ça sonne faux !