Il Ă©tait une fois, un pays divisĂ© en royaumes gouvernĂ©s par les plates-formes de streaming. Le plus ancien et le plus puissant d’entre eux, Netflix, voyant ses territoires constamment menacĂ©s par ses voisins, dĂ©cida d’exploiter au maximum les ressources de son domaine, multipliant les films et sĂ©ries afin de s’assurer la fidĂ©litĂ© de son peuple entre ses murs. Cependant, la qualitĂ© de ses productions dĂ©pendait fortement de deux critĂšres : lâidentitĂ© de chaque maĂźtre dâĆuvre et, surtout, la libertĂ© accordĂ©e Ă chacun.
Hormis quelques artisans immigrĂ©s des plus hautes sphĂšres de l’art cinĂ©matographique, le reste Ă©tait sous Ă©troite surveillance de la gouvernance netflixienne dont le plan de bataille n’accordait aucun Ă©cart. Un plan de bataille basĂ© sur une exigence d’efficacitĂ©, de quantitĂ©, quitte Ă sacrifier l’originalitĂ© et la prise de risque. ConsĂ©quence directe : la force de frappe Ă©tait massive, protĂ©iforme, consommable, mais prĂ©visible. La forge locale produisait des armes filmiques Ă la chaĂźne sans prendre le temps d’aiguiser la lame.
Les observateurs du royaume, Ă l’Ćil las, virent toutefois leur curiositĂ© ravivĂ©e lorsque la classe dirigeante dĂ©cida de placer sa jeune GĂ©nĂ©rale Millie Bobby Brown – dont les victoires d’audience se comptent en annĂ©es avec Stranger Things et les deux volets Enola Holmes – Ă la tĂȘte (d’affiche) d’un nouveau projet, La Demoiselle et le Dragon.
Celle-ci y incarne une jeune fille d’un territoire appauvri, promise Ă un mariage princier. Elle ignore, cependant, que l’entreprise n’est vouĂ©e qu’Ă la sacrifier Ă un dangereux dragon. Seule et perdue au sein de la caverne de la crĂ©ature, elle va devoir faire appel Ă son intelligence et son courage pour espĂ©rer en sortir vivante.
Pour mettre en scĂšne cette aventure, Netflix convoque le maĂźtre d’Ćuvre Juan Carlos Fresnadillo, dont lâexpĂ©rience au sein de l’art horrifique avec, notamment, 28 Semaines plus tard, pourrait ĂȘtre utile ; bien que l’homme n’ait pas accompli de haut fait depuis plusieurs annĂ©es. Pour le seconder, on lui adjoint un compagnon chargĂ© d’Ă©crire l’histoire contĂ©e, Dan Mazeau, dont les exploits se comptent au nombre de deux : l’un des plus mauvais Ă©pisodes de Fast & Furious (Fast X) et l’oubliĂ© La ColĂšre des Titans avec le sieur Sam Worthington.
RĂ©uni dans la salle du conseil netflixienne, le trio reçut ses ultimes consignes : continuer de mener la bataille sur le champ de la modernisation des mythes et des lĂ©gendes – en mettant en avant une figurine fĂ©minine forte et ne pas s’effrayer de l’inclusivitĂ© – et, surtout, de ne pas coĂ»ter trop cher (entre 60 et 70 millions de dollars).
Pour la premiĂšre pierre, Millie Bobby Brown elle-mĂȘme ne peut qu’acquiescer ; la jeune femme est un porte-Ă©tendard fier et affichĂ© de cette mouvance, au point de se placer en productrice exĂ©cutive du projet. La Demoiselle et le Dragon lui fait honneur en lui permettant d’exprimer tout son talent face Ă l’adversitĂ© des Ă©preuves. Elle demeure un joyau au milieu des roches. N’en dĂ©plaise aux dĂ©tracteurs coincĂ©s dans des traditions archaĂŻques, la princesse libĂ©rĂ©e dĂ©livrĂ©e n’a que faire d’un chevalier, et ce, depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ .
NĂ©anmoins, mĂȘme les observateurs les plus favorables Ă l’Ă©panouissement de cet esprit Ă©mancipateur ne peuvent, devant cette production du royaume, que reprendre les armes lorsque la malhonnĂȘtetĂ© et la maladresse se rencontrent. C’Ă©tait, lĂ encore, un mot qui se murmurait dans tout le pays depuis des lunes, Netflix se laissait submerger par son envie de forcer le cours naturel des choses sans y mettre les ressources humaines et matĂ©rielles nĂ©cessaires Ă la rĂ©ussite de ses desseins.
Ainsi, Millie Bobby Brown aurait toute lĂ©gitimitĂ© de s’Ă©tonner de voir chacune de ses aventures Ă©crites et dirigĂ©es par des mains masculines. La Demoiselle et le Dragon n’Ă©chappera pas Ă la rĂšgle, faisant preuve d’une application scolaire sur son versant fĂ©ministe sans sâapercevoir que celui-ci n’est composĂ© que de cadavres d’idĂ©es oubliĂ©s sur les champs de bataille Ă une Ă©poque oĂč les hommes se pensaient seuls maĂźtres de guerre. Ils ont pris dans leur besace le livre de foi du comportement fĂ©minin, le mĂȘme qui fut Ă©crit par un confrĂšre masculin, et ils en recrachent chaque ligne sans se rendre compte de l’usure de ces derniĂšres.
Les bons soldats Fresnadillo et Mazeau pourront s’en dĂ©fendre, ils n’auront fait que suivre les ordres avec assiduitĂ©. NĂ©anmoins, un mal leur incombe, celui d’avoir hurlĂ© leur plan de combat dĂšs qu’ils se sont lancĂ© l’Ă©pĂ©e Ă la main. Loin de planter la lame dans le cĆur de la plaie, le mouvement est aussi prĂ©visible que grossier, le mĂ©trage affichant ses intentions peu sincĂšres dĂšs son ouverture. De la caractĂ©risation de lâhĂ©roĂŻne au personnage d’Angela Bassett en passant par les figures masculines soumises ou repentantes, la catapulte est prĂ©fĂ©rĂ©e Ă la plume dans tout ce qui compose cette nouvelle production trop peu habitĂ©e.
Quelques observateurs, pourtant, Ă la vision du cynisme de la stratĂ©gie et de la mĂ©diocritĂ© de sa mise en Ćuvre, se mirent Ă esquisser ce qu’aurait pu ĂȘtre La Demoiselle et le Dragon s’il avait eu le savoir-faire des grands de ce monde. Tout part d’une idĂ©e d’abord, celle de mettre en scĂšne une femme aux prises avec une crĂ©ature cracheuse de feu au sein d’un labyrinthe naturel. « Quel fantastique concept pour un film d’horreur claustrophobe ! », s’exclamĂšrent certaines voix. « Oui ! Si on rajoute du sang et une mise en scĂšne jouant sur les Ă©chelles de grandeurs, on pourrait rajouter une tension supplĂ©mentaire ! », ajoutĂšrent d’autres. « Pas besoin de beaucoup de budget, il suffirait de jongler avec l’ombre du danger et quelques Ă©lĂ©ments de la crĂ©ature en gros plan », dirent-ils tous en cĆur.
Sans le savoir, ils venaient de rĂȘver d’Ă©lĂ©ments qu’ils avaient pourtant eus sous les yeux. La Demoiselle et le Dragon a su, par quelques moments fugaces, proposer quelque chose de plus grand, lorgnant du cĂŽtĂ© de ce qu’a pu offrir le royaume voisin Disney+ avec Prey. Il y a eu de l’espoir par sĂ©quences avec des dĂ©cors, des angles de camĂ©ra tendus, qui ne demandaient qu’Ă s’exprimer davantage. Mais, Ă l’image des effets spĂ©ciaux hĂ©ritĂ©s plusieurs fois d’Ă©pisodes de Xena, la guerriĂšre, l’incapacitĂ© va de pair avec la facilitĂ© et, ensemble, elles ont trop souvent raison des bonnes intentions. Ainsi pĂ©rirent la demoiselle et son dragon.
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Ne faudrait-il pas revoir le titre de l’article ? :
“Critique La Demoiselle et le Dragon : conte pour petits et glands ”
Ou quand une petite lettre change tout le sens đ
Observation du 2024-08-03 Ă 11h50
Les connaissant, c’est complĂštement volontaire par rapport Ă la qualitĂ© du film Ă mon avis
Je confirme…
Je me demande si câĂ©tait fait exprĂšs le jeu de mot âŠ
Chacun son avis, on peut passer un bon moment ou voir que du nĂ©gatif, aprĂšs, pas obligĂ© de descendre et le film et ceux qui ont aimĂ©. En attendant, il fait parler, donc pas si navet mais plutĂŽt dĂ©rangeant…..
Personnellement, j’ai adorĂ© alors je suis un gland et je m’en fiche cordialement
TrĂšs bon film et trĂšs mauvaise critique. Ăa sent l’incompĂ©tence rĂ©dactionnelle. Ceux qui sont incapables d’Ă©crire ou rĂ©aliser un film, savent mieux que tous le monde ce que devrait ĂȘtre un film…
Que voilĂ un critique pompeuse qui voudrait que toutes les productions soient des sĂ©ries corĂ©ennes Ă l’esthĂ©tique sombre qui laisse un gout d’incomprĂ©hension. N’en dĂ©plaise aux goĂ»ts d’Alain, la petite lucarne est aussi un outil de divertissement. Et c’est exactement ce que propose Netflix ici. Un divertissement accessible Ă tous, prĂŽnant des valeurs d’Ă©mancipation. A l’instar de la caverne de la Rose d’Or, qui passait tous les ans Ă NoĂ«l et que la plupart des gens nĂ©s dans les annĂ©es 80-90 ont du voir plus d’une fois. Des tĂȘtes d’affiche : Ursula Andress et Jean Pierre Cassel dans une production TV italienne… Ce n’Ă©tait pas du grand cinĂ©ma, mais juste l’occasion de passer un bon moment.
La critique est aisĂ©e, mais l’art est difficile.
Oui c’est un divertissement lambda qui sera vite oubliĂ© (si ce n’est dĂ©jĂ fait).
La critique vise juste.
J’ai bien aimĂ© ce film et l’actrice est excellente, je n’aime pas par contre votre article qui est long a souhait et mal rĂ©digĂ©, on ne parle ni des effets spĂ©ciaux ni du dragon… Je regrette seulement qu’une chose c’est que ce ne soit pas plus long on aimerait savoir que devient cette demoiselle et son nouvel ami dragon
Jâai beaucoup aimĂ© ce film donc je suis la plus grande des glands đââïž
Je me suis diverti Ă le voir mais c’est un navet. Mais sĂ©rieusement, l’image est prenante et l’univers m’a plut mais le scĂ©nario n’est pas Ă la hauteur de ce que cela aurait pu ĂȘtre, surtout que la bande annonce gĂąche la seule scĂšne inattendue du film. Les opposants (sauf le dragon) manque de fond, aucune tension. J’ai l’impression d’avoir vu un film tournĂ© pour durer 4h qui a subit des coupes pour rentrer dans la standard du tĂ©lĂ©film.