Dire que notre rapport au travail de Franck Gastambide est compliqué tient de l’euphémisme. Toute notre sympathie pour le bonhomme mise à part, il nous a autant convaincus par la qualité de ses deux saisons de Validé, qu’on ne saurait lui pardonner Taxi 5 ou Medellin (Pattaya nous a fait rire, désolé). Comme si l’acteur, réalisateur, scénariste et dresseur exprimait davantage son talent sur les formats longs dramatiques que sur les longs-métrages comiques. Une hypothèse qui ne demandait qu’à se confirmer avec La Cage, sa seconde série, cette fois à destination de Netflix.
Dire que notre rapport aux productions de Netflix est compliqué tient de l’euphémisme. Le prix de notre abonnement à la plate-forme mis à part, elle nous a autant surpris par la qualité de certaines séries comme Arcane, qu’on ne saurait lui pardonner Loups-Garous, Furies et la liste est longue. Comme si le service de SVoD investissait davantage son argent en contenu générique destiné à simplement grossir son catalogue qu’en projets originaux. Une hypothèse – qui n’en est pas vraiment une, on connaît la réponse – qui ne demandait qu’à se confirmer ou à s’infirmer avec La Cage, série chapeautée par Franck Gastambide.
Taylor (Melvin Boomer) est un jeune combattant amateur qui rêve de rejoindre les rangs de l’UFC, la plus prestigieuse organisation d’arts martiaux mixtes. Mais la route est longue et il n’a pas de temps à perdre. Lorsqu’une opportunité en or s’offre à lui, il décide de prendre un risque énorme contre l’avis de son nouveau coach, Boss (Franck Gastambide). Soudain, il se retrouve propulsé dans la lumière.
Rocky Balbo-mâle
Gastambide n’a jamais caché son amour pour la saga Rocky. Il fait bien d’aborder le problème frontalement lors d’une petite séquence qui nomme l’inspiration tant La Cage se présente comme un medley de la franchise portée par Sylvester Stallone, Creed compris. La chose amuse presque lorsque l’on voit que cinq scénaristes ont planché sur les cinq épisodes de show et que tout ce petit monde réuni ne parvient pas à trouver récit plus original que celui de l’outsider promis à une carrière médiocre qui se voit offrir un ticket d’or. La série coche littéralement toutes les cases de son modèle, le fameux montage d’entraînement en prime.
Désolé de monter sur le ring et de frapper directement, mais oui, La Cage ne brille à aucun moment par son écriture. Les personnages sont des condensés de clichés joués par des acteurs qui ne cherchent pas la nuance. On peut même réduire l’ensemble du tableau à une caractéristique principale. On retrouve ainsi le colérique (le méchant vraiment méchant), le jaloux, l’enthousiaste, le torturé, le sage ; sans oublier les deux figures féminines malheureusement cantonnées au rôle de serpillière. Le show pose son décor, on est dans une histoire de bonhommes et de bagarre et ici comment on soigne un trauma de bonhomme ? Par la bagarre. La subtilité a appelé, elle profite bien de ses vacances.
Forcément, un tel déluge de stéréotypes empêche l’histoire de prendre des embranchements inattendus et on part sur un festival de grosses ficelles qu’on voit venir à des kilomètres. Et si le rebondissement ne prend pas, ce n’est pas parce qu’il n’a jamais été vu ailleurs (quoique, ça n’aide pas), mais parce qu’on a bien pris le soin de nous le préparer et nous le souligner depuis les épisodes précédents. Toutefois, contrairement à ce qu’a pu laisser penser le box-office de Taxi 5, ici le ridicule ne tue pas.
La Cage aux fous de MMA
Pourquoi ? Car malgré un scénario aussi original qu’un dragueur saoul, La Cage est une belle surprise (contrairement au dragueur saoul). Simplement parce qu’elle réussit ce qu’on lui demande vraiment, son sujet. Le MMA (arts martiaux mixtes) n’est pas le sport le plus adapté à l’écran malgré quelques bons essais comme Kingdom et de la même manière que Validé avait su mettre en avant la planète rap, la série Netflix sait ce qu’elle adapte et lui montre le respect qu’il convient.
Loin de faire du sport de combat un prétexte à la violence (la bagaaaarre), La Cage le traite avec déférence en prônant ses institutions – L’UFC est le Graal de tout combattant – et en partageant ses valeurs. Il n’y a pas qu’une question de sang et de coups, mais de mentalité, de façon de traiter l’adversaire, d’entraînement, de mode de vie. En ce sens, la série a pour objectif pas si dissimulé de changer notre regard sur ce sport en mettant en avant ce qui motive ses praticiens. Non, aucun coup n’est gratuit. Si Rocky peut être vu comme le modèle du film de boxe, La Cage se présente comme le temple du MMA.
Et pour montrer que Gastambide connaît ce qu’il adapte, il nous sort le très grand jeu en se faisant adouber par les plus grands noms. Pour n’importe quel fan, la série est un festival d’apparitions cinq étoiles et chacune a son rôle à jouer dans le destin de Taylor. Ancienne et nouvelle génération de champions donnent ainsi leur vision du MMA par la pratique ou des conseils, offrant au show une aura indéniable. Le réalisateur a signé une sorte d’Avengers de la discipline.
Il n’était donc pas question que l’hommage s’arrête à la grille et Gastambide manie la caméra avec la nervosité d’un vrai combat et la fluidité d’un beau spectacle. Le rythme des cinq épisodes se tient bien et on prend un réel plaisir à voir les combattants s’échanger des civilités sur le ring. On ressent toute l’intensité, la puissance des coups et la dangerosité de ce sport et on comprend en un clin d’œil ce qui en fait sa popularité.
Dès lors, La Cage porte bien son nom parce que c’est elle le centre d’attention. C’est l’unique décor où les destins se créent, les carrières malheureusement s’arrêtent, les animosités se règlent, les hommes se cherchent eux-mêmes et se trouvent ou non. Un lieu qui vampirise tout jusqu’à rendre le reste du récit au mieux accessoire, au pire dérisoire. Qu’importe si on se moque de l’intrigue ou des personnages, car dans la cage, ça ne rigole plus.
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