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Critique Kaleidoscope : c’est quoi cette série concept de Netflix ? 🧩

Netflix a voulu frapper fort dès le début d’année en dévoilant Kaleidoscope, une mini-série portée par Giancarlo Esposito qui repose sur une promesse : celle de modifier notre façon de visionner une série. De grandes paroles pour si peu d’actes…

« Une expérience télévisuelle unique où chaque épisode est une pièce du puzzle. Choisissez l’ordre des épisodes et de la narration ». Voici ce que nous promet le préambule de Kaleidoscope, soit l’histoire d’un casse préparé sur vingt-cinq ans, divisée en 8 épisodes, nommés chacun par une couleur. En gros, soit on suit la série en fonction de l’ordre aléatoire de la plateforme de streaming, soit par nos couleurs préférées, soit par ordre chronologique… Planification, exécution, passé, présent ou futur, chaque épisode est une partie de l’intrigue et s’il n’y a qu’une fin, le chemin pour y parvenir dépend de notre propre volonté. Alléchant non ? Sur le papier du moins.

© 2022 Netflix, Inc.

Mais avant de revenir sur le concept, parlons un peu du scénario. Le show piloté par Eric Garcia, scénariste de Repo Men, s’intéresse à Leo (Giancarlo Esposito), un esprit brillant qui s’apprête à réaliser le casse du siècle en cambriolant le riche concepteur du coffre le plus sécurisé du monde, renfermant sept milliards de dollars. Pour l’aider, il forme une équipe d’experts et il peut compter sur un allié à l’intérieur du système. Évidemment, tout ceci est bien plus personnel qu’on ne pourrait le croire…

© 2022 Netflix, Inc.

C’est dans les vieux pots qu’on fait les confitures

Entre La Casa de Papel et ses adaptations étrangères, Netflix sait depuis longtemps capitaliser sur ses braquages. En mélangeant le genre avec celui du whodunit, que le service a également mis sur le devant de la scène avec le très récent (et très bon) Glass Onion : une histoire à couteaux tirés, il obtenait là le bingo de la future série à succès. Si on y rajoute un casting très impliqué en tête duquel trône un Giancarlo Esposito au charisme et au talent indéniables, Kaleidoscope ne paraît même pas avoir besoin d’un concept pour briller.

© 2022 Netflix, Inc.

De sorte que, même lorsqu’on écarte le principal argument de ventre de la série, Kaleidoscope n’en demeure pas moins intéressante par son intrigue et ses personnages, ayant bien en tête ce qui marchait chez ses consœurs : des plans préparés au millimètre, une cible qu’on adore détester (Rufus Sewell, toujours parfait dès qu’il joue les faux gentils), une équipe incapable de bosser ensemble et de très, très nombreux grains de sable. Kaleidoscope ressemble à des pâtes à la carbonara classiques : facile à faire, recette connue sur le bout des doigts, mais toujours un régal.

© 2022 Netflix, Inc.

Et le show aurait gagné à en rester là. Se contenter presque du minimum, sans faire l’impasse sur l’efficacité. À l’image de sa mise en scène, signée par quatre cinéastes (deux épisodes chacun), propre et dans le cadre pour correspondre aux standards de Netflix en la matière.

© 2022 Netflix, Inc.

Construire un puzzle sans pièces

Sauf qu’il y a cette fameuse promesse. Kaleidoscope veut raconter beaucoup et de manière assez distincte pour que chaque épisode ait une fonction bien précise dans l’avancement de l’intrigue. Assemblement de l’équipe, origine du plan, rencontre, élaboration, cambriolage, cavale, épilogue. Si, comme promis, chacune des parties apporte bien sa pierre à l’édifice en tant que fonctions constitutives du récit, ce découpage empêche néanmoins de comprendre réellement ce qui motive tout ce petit monde.

© 2022 Netflix, Inc.

Face à l’obligation de remplir les cases, le scénario sacrifie ainsi énormément de détails autour de ses personnages secondaires, les utilisant alors comme simples rouages dans sa mécanique. Une dimension utilitaire cristallisée en la personne de Bob, alias Jay Courtney habitué aux rôles de têtes à claques. Sa relation toxique avec Judy (Rosaline Elbay), son impulsivité, sa bêtise, sa violence… chacun de ses actes permet à l’intrigue d’avancer, mais rend d’autant plus sa présence incompréhensible auprès de ses camarades. Difficile de croire que Léo accepte un élément aussi incontrôlable dans un plan réfléchi depuis 25 ans. Les sauts dans le temps semblent dès lors servir non pas pour expliquer les motivations, mais au contraire pour éviter d’avoir à s’y intéresser en passant rapidement à autre chose. Les drames personnels vécus un épisode plus tôt se contenteront ainsi d’une simple évocation une fois qu’on passe au suivant.

© 2022 Netflix, Inc.

Enfin, il convient de s’arrêter sur l’expérience de visionnage. Pour tester le concept, nous avons vécu le show de deux façons : une partie par ordre chronologique, et une autre aléatoirement. À l’issue, impossible de n’y voir autre chose qu’un pur effet d’annonce. Car si certains épisodes peuvent effectivement se voir dans le désordre, cela ne tient pas tant de la construction de la série que du contenu de ces derniers : un épisode dans le passé peut autant se voir au début du récit que sous forme de flashback, rien de nouveau de ce côté. Du reste, on a tenté de regarder le casse juste après l’assemblage de l’équipe. On a eu le sentiment d’avoir manqué énormément d’éléments et cela manquait de naturel. Et comment trouver de l’intérêt à visionner une élaboration dès lors qu’on connaîtrait l’épilogue final avec ses rebondissements déjà étalés ?

© 2022 Netflix, Inc.

Dans sa proposition, Kaleidoscope a ouvert une porte qui aurait mérité une expérimentation moins artificielle au-delà d’un simple effet sonore ou d’éléments visuels rappelant la couleur de l’épisode. On assiste à une rencontre ratée et forcée entre un concept innovant et une narration classique, la seconde tentant de coller au premier quitte à se sacrifier ; comme un Jack s’accrochant à la planche de Rose. On aurait aimé qu’ils tiennent dessus à deux, mais ce n’est pas comme ça que se termine Titanic. Ni Kaleidoscope.

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Notre avis

Sur le fond, Kaleidoscope est comme toute les dernières séries de braquages : rien de neuf sous le soleil, mais on se laisse prendre au jeu, bien aidé par le talent de sa tête d'affiche. Sauf que Kaleidoscope a tout voulu miser sur sa forme sans avoir de réelles ambitions créatives. À l'essai courageux, Netflix a préféré l'absence de risque et accouche d'une série qui devient regardable uniquement lorsqu'on abandonne le concept lui-même. Pas sûr que c'était le but...

L'avis du Journal du Geek :

Note : 4 / 10
3 commentaires
  1. La série se laisse regarder, malgré un découpage des plus Incertains. Certains épisodes se suivent (presque) naturellement, d’autres non.
    L’intrigue reste classique mais certes efficace.
    Au niveau visuel les lumières et décors sont très bien malgré un cgi de rajeunissement pour Giancarlo très mal fait, on regrettera l’aspect cireux et sur maquillé du visage de l’acteur.
    Quelque part, la série rend hommage à pulp fiction dans sa narration et son découpage quand on la regarde en mode “aléatoire” avec ses sauts dans le temps et /ou certaines actions de mise en scène.
    Bref, une bonne mini série qui se laisse regarder, dans n’importe quel sens.

  2. J’ai voulu regarder la série en suivant le concept et j’ai donc choisi une couleur au hasard pour le premier épisode. Pas de chance je tombe sur celui du braquage. Déjà ça a rendu le visionnage de fet épisode un peu bizarre, ne connaissant pas vraiment les motivations et les personnages. Mais surtout ça a fait perdre tout l’intérêt des autres épisodes, que j’ai trouvé juste long et sans enjeux, sachant très bien comment ça allait se passer du coup j’ai lâché après 3 épisodes.
    Une bonne série, comme un bon film (à part certain très particulier comme pulp fiction, ou memento), c’est avant tout un enjeu, et une histoire qui se construit autour, en montant crescendo en tension. Là on perd tout ça, et le visionnage devient juste une recherche de complément d’information sur les personnages, ce qui perd rapidement de son intérêt quand on ne s’attache pas à eux en suivant leur quête et leur enjeu au fur et à mesure.

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