Les films Amblin Entertainment ont bercĂ© lâenfance de nombreux cinĂ©philes. Pour beaucoup, les premiers frissons dans les salles obscures sont intimement liĂ©s Ă la saga Jurassic Park initiĂ©e par Steven Spielberg en 1993. Depuis, les spectateurs ont pu dĂ©couvrir deux autres volets Ă la qualitĂ© inĂ©gale. La licence nâa pas tardĂ© Ă sâimposer comme une rĂ©fĂ©rence, pour qui aime les crĂ©atures du crĂ©tacĂ© et les explorations de milieux hostiles.
Au milieu des annĂ©es 2010, Paramount Pictures dĂ©cide ainsi de ressusciter ce monstre du box-office, pour sâintĂ©resser Ă de nouveaux personnages et Ă de nouvelles intrigues. La saga Jurassic World est nĂ©e et ce nâest plus Steven Spielberg qui est Ă la barre. Rappelons quâil avait dĂ©jĂ cĂ©dĂ© sa place pour Jurassic Park 3. Cette fois-ci, câest Colin Trevorrow qui a la lourde tĂąche dâexplorer cet univers peuplĂ© de crĂ©atures sanguinaires.
Si le premier film sonnait comme une resucĂ©e de Jurassic Park, le deuxiĂšme avait nĂ©anmoins rĂ©ussi Ă se renouveler un peu dans la mise en scĂšne et les enjeux. Du cĂŽtĂ© du scĂ©nario en revanche, câest lĂ que la bĂąt blesse. Jurassic World 3 est donc attendu au tournant, dâautant plus quâil doit clĂŽturer les aventures de Claire et Owen.
Quatre ans aprĂšs la destruction de Isla Nublar, les dinosaures font dĂ©sormais partie du quotidien de lâhumanitĂ© toute entiĂšre. Un Ă©quilibre fragile qui remet en question la domination de l’espĂšce humaine alors que les crĂ©atures les plus puissantes se partagent les ressources de toute la planĂšte.
Claire et Owen vivent loin des radars avec la jeune Maisie Lockwood qui, on l’a appris dans le second volet, nâest autre que le clone de Charlotte Lockwood, la fille du partenaire de John Hammond.
De leurs cÎtés, Ellie Sattler et Alan Grant reprennent du service quand des sauterelles géantes et préhistoriques menacent les récoltes de toute la planÚte. En chemin, ils vont croiser la route de Ian Malcolm, toujours campé par le génial Jeff Goldblum.
Je ne vois pas bien le raptorâŠ
AprĂšs avoir fait de lâexploration de ces terres hostiles par les humains son fond de commerce, Jurassic World change de dynamique en explorant la maniĂšre dont les deux espĂšces doivent apprendre Ă cohabiter. Cette approche sur le papier est plutĂŽt intĂ©ressante, puisquâelle permet de redistribuer les cartes aprĂšs 5 opus sur le grand Ă©cran. Les humains sont aussi des monstres, qui exploitent des crĂ©atures pour leur propre profit. La narration aborde dâailleurs briĂšvement le braconnage, sans pour autant sâattarder sur la question. Le Monde dâAprĂšs, un titre qui rĂ©sonne Ă©trangement aprĂšs une pandĂ©mie qui aura bousculĂ© nos sociĂ©tĂ©s et nos modes de vie, entend sâimposer comme une fresque Ă©cologique et nostalgique.
Lâintroduction est dâailleurs intĂ©gralement centrĂ©e sur ce volet, avant que ce dernier ne disparaisse tout Ă fait au profit de lâaction. La jeune Maisie a Ă©tĂ© enlevĂ©e, Owen et Claire vont se la jouer Taken pour la ramener au bercail. Elle nâest dâailleurs pas la seule Ă avoir Ă©tĂ© kidnappĂ©e puisque le bĂ©bĂ© du raptor Blue a aussi Ă©tĂ© emportĂ©.
LâĂ©cologie est Ă©galement au cĆur du parcours dâAlan Grant et Ellie Sattler, qui doivent prouver que lâentreprise de Lewis Dodgson est responsable de la famine qui se prĂ©pare. Autant de balises posĂ©es par la longue introduction, qui auront finalement peu dâimportance Ă mesure que progresse le rĂ©cit. Raccourcis scĂ©naristiques, ellipses, Le Monde dâAprĂšs dĂ©laisse complĂštement son point de dĂ©part pour se concentrer sur son argument de vente principal : la rĂ©union des anciens et la nouvelle gĂ©nĂ©ration qui se profile.
Si le rythme est plutĂŽt maĂźtrisĂ©, on navigue avec aisance entre les diffĂ©rents lieux et sous intrigue, il est bien difficile de saisir le chemin que veulent emprunter les scĂ©naristes Colin Trevorrow et Emily Carmichael. En rĂ©sulte un monstre dâaction brouillon, qui a bien du mal Ă garder le cap.
Pire, aprĂšs deux heures de pĂ©ripĂ©ties, on se demande finalement si tout ça servait bien Ă quelque chose. MĂȘme les enjeux Ă Ă©chelle humaine, les liens familiaux, sont sacrifiĂ©s au profit dâune recette purement nostalgique.
Jurassic World 3 aurait pu sâĂ©pargner bien des soucis en revoyant ses ambitions Ă la baisse. LĂ , on se sent flouĂ© tant la promesse dâexplorer cette cohabitation nâest pas respectĂ©e. Le Monde dâAprĂšs ressemble finalement trait pour trait Ă celui dâavant.
Des héros fort mollassons
Star Wars, Harry Potter⊠Les salles obscures en 2022 ont comme un air de dĂ©jĂ -vu. Ă lâheure oĂč Hollywood recycle Ă tout-va ses licences les plus cultes, ne serait-on pas loin de frĂŽler lâindigestion ? Jurassic World adopte la mĂȘme stratĂ©gie, en faisant revenir ses personnages les plus iconiques. La saga ne se contente dĂ©sormais plus de citer son aĂźnĂ©e, elle invite directement ses acteurs phares pour des adieux tonitruants.
Devant la camĂ©ra de Colin Trevorrow, câest un peu le dĂ©filĂ© des cĂ©lĂ©britĂ©s. Laura Dern, Jeff Goldblum et Sam Neill reprennent du service, pour le plus grand bonheur des fans de la premiĂšre heure. Une rĂ©union qui Ă©videmment plutĂŽt rĂ©jouissante, surtout que la narration sâamuse Ă maltraiter ses idoles dâantan. Une Ă©quipĂ©e conservĂ©e dans du formol, qui a droit Ă ces quelques moments de comĂ©die et de tendresse.
Du cĂŽtĂ© des enjeux en revanche, câest une autre musique. La portĂ©e Ă©motionnelle du rĂ©cit tombe Ă lâeau, le suspens est sacrifiĂ© au profit de lâambiance bon enfant de la production. Personne nâest jamais vraiment en danger, mĂȘme les personnages secondaires sont sains et saufs. Seuls les figurants se font massacrer sans vergogne. Câest dâailleurs ce que lâon apprĂ©cie le plus dans ce nouvel opus, quand il transforme des morts de second plan en vĂ©ritables sĂ©quences cartoonesques. Il ne manquait plus que le cri de Wilhelm pour parfaire le tout.
Du cĂŽtĂ© des acteurs, lâĂ©quipe nâa pas pris une ride. En particulier Jeff Goldblum qui reste nĂ©anmoins un peu trop en retrait Ă notre goĂ»t. Sam Neill et Laura Dern retrouvent leur complicitĂ© Ă lâĂ©cran, alors que Bryce Dallas Howard et Chris Pratt resservent la mĂȘme soupe que dans leurs prĂ©cĂ©dents opus.
Un peu partisan du moindre effort, le duo fait le strict minimum. Alors forcĂ©ment, les anciens leur volent un peu la vedette. Isabella Sermon sâen sort plutĂŽt bien, la jeune britannique en a sous la pĂ©dale. On terminera par Campbell Scott, qui campe un antagoniste froid et impassible, Ă la limite de la tĂȘte Ă claques. Une parodie Ă peine dĂ©guisĂ©e des magnats des nouvelles technologies, mais qui ne parviendra jamais Ă devenir une menace suffisante.
Des dinos mais pas de gore
On le disait plus haut, Jurassic World reste tout Ă fait bon enfant du dĂ©but Ă la fin. LĂ oĂč la tension des premiers films reposait sur un ennemi tapis dans lâombre, Le Monde dâAprĂšs explore moins cette dimension. Pour tous nos personnages, câest plutĂŽt une quĂȘte de rĂ©ponse qui se joue devant la camĂ©ra. Lâheure nâest plus vraiment Ă la fuite, mĂȘme si quelques sĂ©quences du genre sont au programme.
Câest particuliĂšrement vrai pour un cache-cache sous lâeau avec une crĂ©ature aux dents acĂ©rĂ©es. On retrouve ce qui faisait le succĂšs de Jurassic Park, avant de se rappeler douloureusement que rien nâest plus comme avant. Pourtant, des idĂ©es de mise en scĂšne, il y en a un peu, notamment quand on cherche du cĂŽtĂ© des hommages visuels Ă la saga.
Des jeux de premier et dâarriĂšre-plan, une tĂȘte de dino dans une sculpture ronde, une scĂšne suspendue dans le vide, difficile de ne pas comprendre les nombreux appels du pied de Jurassic World 3. Pour autant, la mayonnaise ne prend pas. Si on se prend au jeu, le film laisse un goĂ»t amer.
Quelques scĂšnes tapent nĂ©anmoins Ă l’Ćil, lorsque Colin Trevorrow joue avec lâĂ©clairage et les perspectives. Quand est-il des dinos ? Industrial Light & Magic a fait du bon boulot avec ses crĂ©atures numĂ©riques, sans pour autant rĂ©volutionner la recette. On notera d’ailleurs quelques incrustations rĂ©alisĂ©es Ă la truelle.
Et pour ceux qui regrettent la quasi-omniprésence de monstres numériques, on retrouve aussi des animatroniques pour donner un cÎté tangible à tout cet univers. Des petites bestioles gluantes et peu ragoûtantes, qui parviennent à imposer une ambiance définitivement rétro.
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ca ne donne tellement pas envie….. la deuxieme partie du 2 etait deja atroce mais la, j’ai l’impression qu’ils en ont fait un film entier….. đ
J’ai Ă©tĂ© le voir samedi FN avant premiĂšre et je me suis rĂ©galĂ©e… Les mauvaises critiques je m’en fiche
Pas trĂšs constructif comme commentaire @Gravey :).
Que vous vous ĂȘtes amusĂ©e, tant mieux pour vous ! Chacun est libre d’aimer ce qu’il aime, mais dire qu’on se fiche des critiques c’est non seulement dommage (on peut apprĂ©cier une oeuvre tout en en reconnaissant les faiblesses) mais c’est aussi insultant pour le ou la critique en question.
…c’est lĂ que le bĂąt blesse…
JDG et ses critiques, elles sont loin de faire l’unanimitĂ©.
Il vaut mieux trouver un autre site pour ce genre de chose surtout si vous trouvez qu’elles sont Ă l’inverse de vos goĂ»ts.
Perso je suis plus sur AlloCinĂ©…
Je suis allée le voir en avant-premiÚre et je suis sortie de la salle clairement mitigée, mais sans vraiment savoir mettre des mots sur le pourquoi. Eh bien cet article le fait parfaitement.
J’ai trouvĂ© ça excellent, je me fiche de la critique de JDG