Il y a cinq ans, Phil Lord et Chris Miller ont étonné leur monde en signant La Grande Aventure Lego. Le film, qui semblait se destiner à n’être qu’un immense placement de produit, s’est en fait révélé extrêmement inventif et divertissant, autant pour les petits que les grands.
En 2019, voilà que débarque sa suite, La Grande Aventure Lego 2. Le film nous emmène pile là où se terminait le premier volet, lorsque notre petite bande de Lego tombait nez à nez avec les Duplo, les jouets de la petite soeur, qui ont la ferme intention de détruire leur monde. En quelques secondes à peine, Lego 2 nous plonge dans un monde apocalyptique, cinq ans après les événements du premier volet. Les jouets ont tenté de survivre aux attaques répétées de l’armée à paillettes de la frangine, en se cachant dans un univers devenu un terrain vague en ruine version Mad Max. Les personnages se sont endurcis par la même occasion, dans un monde devenu hostile. Tous ? Pas vraiment, car Emmet continue à rêver de jours meilleurs et fait toujours preuve d’un optimisme à toute épreuve. C’est justement dans cet optimisme du personnage principal qu’est dépeint l’un des thèmes principaux du film, à savoir la maturité. En effet, Emmet doit rapidement s’endurcir, et par extension le garçon qui le contrôle, Finn, doit mûrir.
Les bases de la Grande Aventure Lego 2 sont posées lorsque les jouets de la soeur font irruption une énième fois et kidnappent la clique du premier épisode, dont Lucy. Furieux, Emmet va alors tenter par tous les moyens de sauver ses compagnons, en partant seul affronter le monde d’en haut et libérer ses amis et sa dulcinée.
Une double lecture perdue dans un immense bordel fluo
C’est généralement l’un des points les plus cruciaux qui font un bon film d’animation : la double lecture. Le premier volet s’était emparé avec brio de ce principe en ravissant autant les petits, par son intrigue simple, son design et son rythme effréné, que les grands, en y ajoutant des références à tout-va à la pop culture. En bref, cela permet à toute la famille de s’émerveiller dans les salles obscures. La Grande Aventure Lego 2 comporte toujours cette double lecture, mais certains traits sont tellement forcés qu’ils rendent le film compliqué à suivre. Le scénario est bancal, et le rythme, toujours aussi effréné, finit par nous disperser.
Pour les enfants, l’histoire devient rapidement compliquée à suivre, et les nombreuses scènes musicales ne se révèlent pas aussi mémorables que le « Everything is Awesome » du premier volet. Une chanson sobrement intitulée « The Song That Will Get Stuck Inside Your Head » ne se retient finalement pas tant que ça, alors que je suis sorti du cinéma avec la chanson culte du premier volet en tête. Certaines chansons comportent tellement de références que les enfants risquent de ne pas forcément comprendre.
En essayant de reproduire à l’identique la mayonnaise du premier volet, cette suite tombe très souvent à plat. Trop de références, parfois répétées à de maintes reprises (Batman), finissent par nous éloigner de l’histoire principale. C’est justement là que Lego 2 pèche, puisque son histoire se révèle finalement assez creuse. On dirait que les références sont là pour faire oublier ce vide, mais il y en a beaucoup trop. Si certaines font mouche, comme l’apparition brève (mais intense) de Bruce Willis, d’autres finissent par lasser à force de répétition.
Pendant une heure et quarante-huit minutes, La Grande Aventure Lego 2 nous propulse dans un véritable déluge de lumière, de paillettes et de chansons afin de ne jamais perdre l’attention du spectateur. On ne s’ennuie pas, c’est certain, mais pourtant, la succession effrénée des séquences souvent très lourdes finit par lasser. L’impression générale est celle d’un film globalement assez bordélique, qui peine à faire avancer une intrigue très (trop ?) légère.
Le film de la maturité ?
Avec un scénario très simpliste, le premier volet avait su concilier de nombreux thèmes en établissant une critique acerbe du capitalisme (représenté par le personnage du Président Business) sur fond de propagande, tout cela pour nous servir une ode à la construction et à l’imagination sans limite, adage de la marque de jouet. Les références, savamment distillées ici et là, nous faisaient pleinement prendre part à l’aventure, qui avait tout d’un mélange brillamment exécuté entre un Toy Story sous amphétamines couplé à l’humour corrosif de South Park.
Malheureusement, dans ce deuxième opus, on ne retrouve pas cette intelligence. À l’instar de Toy Story 3, La Grande Aventure Lego 2 souhaite nous emmener sur les chemins de la maturité de Finn, le jeune garçon à qui appartiennent les jouets. Contrairement à Toy Story où les jouets ont leur volonté propre, les Legos ne vivent qu’à travers l’histoire que raconte l’enfant, ce qui permet notamment de traduire les pensées du jeune garçon dans les actions des jouets. Le désir de maturité de Finn est ainsi dépeint dans le désir d’Emmet de s’endurcir à tout prix, notamment lorsqu’il fait la rencontre de Rex, une sorte d’Han Solo version dresseur de raptor et doublé par Chris Pratt. C’est d’ailleurs de ce personnage que vient le twist de La Grande Aventure Lego 2, mais il est si confus que l’effet de surprise manque de saveur.
Hélas, le thème de la maturité, si brillamment exécuté dans Toy Story 3, sonne ici creux, car le discours et l’émotion qui y sont liés finissent par se noyer dans un joyeux bordel qui se solde par un final mièvre sur la relation entre le garçon et sa sœur. Si La Grande Aventure Lego 2 n’est pas foncièrement mauvais, il est loin de tenir la comparaison avec son aîné. La faute peut-être à son réalisateur, Mike Michell, qui n’a pas réussi à insuffler la magie du premier. Après avoir signé Shrek 4 ou encore Alvin et les Chipmunks 3, le cinéaste n’a pas su se montrer aussi talentueux que Phil Lord et Chris Miller, le duo explosif qui avait su faire du premier volet bien plus qu’un simple placement de produit.
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Un très bon film. La comparaison est desavantageuse car le premier est excellent. Les chansons sont pas mémorables, mais visuellement la chorégraphie de la reine aux milles formes est remarquable et originale. D’ailleurs, ce personnage est une bonne surprise. Ce que les critiques n’ont pas compris c’est que les Lego sont un jeu genré. La soeur a une manière de jouer différente du frère. Les Lego Friends sont pour les filles etc… Le frère joue à Mad Max alors que la fille c’est spa et relooking. Ce film est un doigt d’honneur au politiquement correct car l’homme et la femme sont complémentaires et pas interchangeables, c’est pourquoi les deux mondes des visions du frère et de la soeur cohabitent ensemble à la fin du film. Ceux qui critiquent ce film sont les défenseurs de l’éducation non genrée qui ne supportent pas que le rose c’est pour les filles. Lucy a noirci ses jolies cheveux bleus au marqueur car c’est le jouet du frère. Donc oui, les jouets ont un sexe, celui de son propriétaire. A bon entendeur.
Tiens vous ne regardez pas les films d’animation en français au JdG ? Le doublage VF du premier était pourtant super génial. Du coup je me demande comment ils ont traduit la “chanson qui te reste dans la tête” dans celui-ci ?
les traductions et VF de cette versions sont moins bonnes notamment celles de Rex, c’est dommage! mais ca reste un bon film 🙂