Depuis 1997 et la sortie du premier opus, la saga Gran Turismo continue de faire le bonheur des possesseurs d’une PlayStation. Le jeu de course. Pardon, la simulation de course est l’une des licences les plus vendues sur les consoles de Sony. Un succès que la saga doit surtout à son approche extrêmement réaliste des circuits, des véhicules et de l’expérience de conduite, au point où le constructeur Nissan, en partenariat avec la firme nippone, organise une GT Academy depuis 2008. Il s’agit d’un challenge où les meilleurs joueurs de Gran Turismo s’affrontent pour avoir l’opportunité de passer de la manette au vrai volant en devenant coureur automobile professionnel.
À partir de là, on peut dire que l’idée d’adapter Gran Turismo sur grand écran semble couler de source tant le scénario peut s’écrire tout seul : s’inspirant d’une histoire vraie, le film va s’intéresser à Jann Mardenborough, un joueur qui obtiendra ce fameux ticket d’or en 2011. Pour gonfler un peu la narration et le casting, on rajoutera juste un gars du marketing de chez Nissan (Orlando Bloom) et un ex-pilote bourru devenu formateur (David Harbour). À la réalisation, le très compétent (et maudit) Neill Blomkamp se charge d’allumer les gaz.
Aucune sortie de piste
Si le succès commercial de Super Mario Bros en début d’année à prouver une chose, c’est que les adaptations de jeu vidéo ont moins à gagner à tenter quelques libertés – il faut dire qu’elles sont souvent malheureuses -, qu’à se lancer dans des caresses du fan et du produit adapté dans le sens du poil, bien aidées par une supervision presque dictatoriale des ayants droit. En résulte quasi systématiquement des œuvres certes fidèles, mais dénuées de toutes aspérités, ressemblant d’avantage à des campagnes marketing cinématographiques chargés de nous faire acheter le jeu à la sortie de la salle plutôt que des longs-métrages. C’est propre, lisse, et un peu chiant.
Trois mots qui qualifient très bien ce Gran Turismo qui va passer soixante-quinze de ses cent trente-quatre minutes à nous rabâcher combien l’expérience GT n’est pas un jeu, c’est une simulation et elle est vraiment excellente. La preuve, chaque personne décisionnaire capable de lancer ou interrompre ce challenge sera convaincue en seulement deux lignes de texte et rien, vraiment rien ne viendra remettre en doute la viabilité du projet si ce n’est un ou deux écrans de fumée, histoire de.
Gran Turismo roule en pilotage automatique autour d’un jeune prodige sans défaut, d’un père cliché, d’un représentant Nissan chargé de s’assurer que le constructeur est vu comme le gentil de l’histoire qui croit à fond en ses pilotes sans se soucier des coûts, et d’une multitude de placements de produits. Et si le film aurait pu axer sa narration autour de la dualité entre ces pilotes de simulateur et les vrais, il ne l’esquisse à peine qu’au travers un « rival » transparent de troisième plan dont le seul moteur est davantage la jalousie que la remise en cause de cette légitimité. Aucun antagoniste, peu de péripéties, le métrage conduit sur un circuit plat et en ligne droite. Mais sinon, vous saviez que Gran Turismo n’était pas qu’un jeu, c’est une simulation et elle est vraiment excellente ?
Sous le capot de Gran Turismo
Derrière ce véhicule GT effrayé par le moindre risque de rayer la peinture de la carrosserie, se cache pourtant quelques envies de pousser les chevaux qui vont permettre au film de franchir la ligne d’arrivée juste avant que le sommeil nous gagne. Pour commencer, on peut remercier un David Harbour impliqué qui a la chance d’incarner le seul personnage écrit dont l’existence dépasse la publicité pour Gran Turismo. Chargé de la responsabilité ingrate d’être le moteur de chaque scène, l’acteur supporte le poids avec aisance et envie, au point de parvenir à nous émouvoir lorsque le scénario l’exige.
Autre point fort, Neill Blomkamp, réalisateur maudit au nombre de projets avortés qui frôle le respect (Alien 5 ou RoboCop pour ne citer qu’eux), trouvant ici un beau terrain de jeu pour prouver à tous qu’il mérite davantage de reconnaissance. Car si sa mise en scène n’atteint pas le Rush de Ron Howard ou encore le récent Le Mans 66 de James Mangold, elle sauve sans mal les faiblesses scénaristiques de Gran Turismo, notamment lors du dernier tiers où le frisson et l’excitation d’une course automobile se mêlent enfin à la fête. Le cinéaste y multiplie les effets, que ce soit pour filmer la compétition ou pour conjuguer passé et présent autour d’un pilote qui n’oublie pas d’où il vient. Soudain, Gran Turismo obtient tout ce qu’il lui manquait : une dramaturgie et l’extase du bitume brûlé. Un ultime acte salvateur justifiant à lui seul le prix du billet malgré un très, très long tour de chauffe préliminaire.
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“extrêmement réaliste” ahahahahahahahahahahah. C’est un jeu d’arcade comparé à d’autres titres.
Je retiens surtout qu’il faut offrir un Bescherelle au rédacteur de cet article…
@captainbigleux C’est vrai ça, je comprends toujours pas comment Polyphony Digital pense sortir un jeu de simulation de course depuis tout ce temps. C’est hyper mou, les comportements des caisses sont tellement plats, on ne ressent jamais la brutalité et la nervosité de la mécanique, les chocs on en parle même pas… tout est misé sur l’aspect photoréaliste des voitures et arrières plans, qui n’ont d’effet qu’à leur époque de sortie…
Peut-être la difficulté relativement élevée et mal-dosée peut conforter un peu à son tour l’aspect simulation, mais c’est tout.
Un chef d’oeuvre que je recommande à tous, gamers ou pas car ce film mélange parfaitement les séquences de jeux vidéos peu nombreuses au final et les séquences réelles et immersives qui montrent la dureté du métier de pilote professionnel. Aller au bout de ses rêves en dépit des forces contraires, pardonner les pensées limitantes de parents parfois trop protecteurs, autant de thèmes spirituels sabordés dans ce film servi par une musique sublime !!!! Je suis sorti de ce film boosté et rempli de dopamine !!!!