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Critique Gladiator 2 : de mal empire ?

S’il y a bien un projet qu’on ne supposait pas voir un jour, c’est bien celui de Gladiator 2. Mais puisque Ridley Scott a apparemment de la suite dans les idées, nous revoilà foulant le sable du Colisée. Qu’est-ce qu’il pourrait mal se passer ?

Avec cinq Oscars pour onze nominations, il est presque étonnant que Paramount et Ridley Scott aient attendu dix-huit ans (au moment de l’annonce officielle du projet) pour envisager une suite au chef-d’œuvre du monsieur. Et si vous croyez que l’apparente fin de l’histoire et du personnage principal – spoiler ? Le film a vingt-quatre ans – était une raison suffisante pour empêcher Gladiator 2, vous êtes bien naïfs.

Seize ans après la mort de Maximus et de l’Empereur Commodus au Colisée, Rome est entre les mains de deux frères Empereurs qui continue de vouloir étendre l’emprise de l’Empire sur le monde. Le Général Acacius est envoyé conquérir l’une des dernières cités libres de Numidie, dans laquelle vivent Hanno et sa femme. Alors qu’elle est tuée sous ses yeux, Hanno est fait prisonnier et va devoir sauver sa vie dans l’arène en tant que gladiateur. Mais Hanno n’est peut-être pas celui qu’il prétend et son destin va être intimement lié à celui de Rome.

Par quel bout de l’épée prendre Gladiator 2 ? Cela dépend finalement de ce que vous attendez du film. De notre côté, il montrait tous les signes du projet risqué qui n’avait que peu de chances de réussir malgré un casting éclatant et Ridley Scott de retour derrière la caméra. Pourquoi ? Simplement parce qu’on avait du mal à envisager ce qui pouvait encore être raconté autour de nos guerriers en jupette ; que le premier est un monument du cinéma qui se suffisait à lui-même ; que les derniers bébés de monsieur Scott, House of Gucci et Napoléon, étaient très loin d’avoir été convaincants ; et que la dernière fois où il a voulu donner une suite à sa filmographie, cela a donné Prometheus, auquel nous n’adhérons toujours pas. Sans compter que, dans la mode des résurrections dans laquelle a plongé Hollywood les deux pieds devant, très peu de métrages se sont montrés à la hauteur.

Aimes-tu les films de gladiateurs ?

Partant de ce constat craintif quant au résultat, on peut se réjouir, Gladiator 2 fait davantage que mordre la cheville de son aîné. On peut même dire qu’il parvient à lui atteindre le genou. L’histoire nous traverse sans qu’on ne lui trouve de longueur ou un manque cruel et Ridley Scott semble réellement prendre du plaisir derrière la caméra. Reprenant le principe presque obligatoire de la suite de faire plus fort, d’aller plus loin que l’original, chaque séquence de bataille fonctionne comme une nouvelle version grandiloquente de celles vues dans Gladiator. Le budget et les progrès techniques aidant, le réalisateur remplace l’escarmouche du premier par la prise d’une cité, les chars par la bataille navale avec requins, le tigre par le rhinocéros…

Gladiator 2 (1)
© Paramount

Ridley Scott, 86 ans au compteur, continue de prouver qu’il reste un maître de la mise en scène avec un sens du découpage et un goût pour la démesure. Malgré des effets numériques parfois peu travaillés, le reste de Gladiator 2 nous en met plein les yeux que ce soir par l’ampleur des séquences ou les chorégraphies de combat. L’effort et le soin se voient sur les décors, les costumes et l’atmosphère épique générale. Plus surprenant, ce goût du spectacle et du divertissement s’accompagne de plusieurs actions sanglantes voire gores, comme pour prouver que vingt-quatre ans après, on ne se refuse plus rien. Une absence de limite qui joue également contre son camp lorsque le cinéaste use et abuse de la symbolique, prouvant que le trop est l’ennemi du bien.

S’il semble répéter par moment le schéma de son modèle, Gladiator 2 fonctionne davantage en miroir de celui-ci, reprenant ses lignes pour dessiner son héritage avant de se catapulter vers l’avenir. Là où Maximus était le moteur de l’intrigue, Hanno n’est que l’étincelle qui allumera la mèche. Ce second volet entend se raconter au-delà du sable du Colisée, dans les intrigues de couloir du palais. Le film se joue sur une échelle plus politique que guerrière, offrant à ceux qu’on supposait le second rôle, le devant de la scène.

Gladiator 2
© Paramount

Conséquence aussi bénéfique que malheureuse, Paul Mescal a beau être la tête d’affiche, il est sans doute le personnage le moins intéressant de l’intrigue, se contentant d’être un Maximus bis à l’esprit de vengeance mal orienté. De l’autre côté, les motivations de Pedro Pascal comportent des nuances séduisantes à explorer, véritable héros d’une tragédie grecque ou shakespearienne. Une direction que le film ne prendra pas, comme s’il se retrouvait prisonnier par son statut de suite autour de gladiateurs.

Gladiator : folie à deux

Comme un certain film autour d’un méchant de Batman récemment sorti en salles, Gladiator 2 a beau réussir sur de nombreux points évoqués ci-dessus, il passe son temps à être saboté par le scénario de David Scarpa, scénariste de Napoléon, quitte à égratigner plus d’une fois la légende de son modèle.

On passera sur les anachronismes qui amusent plus qu’autre chose pour nous concentrer sur la faille d’un projet qui veut coller à un héritage qui semble pourtant le désintéresser. La fadeur d’Hanno tient autant à sa motivation déjà-vu que par une écriture particulièrement pauvre autour de dialogues faiblards. En face, Denzel Washington vole la lumière à chacune de ses interventions autant par le charisme de l’acteur que parce que le scénario lui offre les meilleures lignes. Soucieux de ne pas reproduire le script de David Franzoni, Scarpa apporte un soin particulier à son récit politique là où le sable et les combats paraissent l’ennuyer. Manque de pot, cette partie est inévitable et on se retrouve face à un film qui captive davantage par son arrière-plan que par son premier, sans parvenir à inverser la donne.

Gladiator 2 sonne parfois trop comme un aveu de faiblesse d’un film qui sait qu’il ne fera pas mieux que son aîné et qui doit coller à ses traces alors qu’il n’en a pas envie ; à l’image de la réutilisation de la musique originale de Zimmer. Il faudra attendre les deux tiers du métrage pour le voir prendre une direction plus inédite, mais toujours entravée.

Ultime acte de rébellion ou souhait de draguer une partie des fans amatrice de théorie, le fantôme de Maximus (pas littéralement, n’ayez crainte). Joker : Folie à deux nous avait montré comment briser l’image que l’on pouvait avoir d’un personnage d’un film à l’autre. Gladiator 2 refait la même en jouant la carte du rebondissement facile et faignant qui change notre vision de Maximus et relativise énormément ses grandes envolées comme « Père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée, et j’aurai ma vengeance dans cette vie ou dans l’autre » ou encore « Père bien aimé, veille sur ma femme et mon fils l’épée à la main. Murmure-leur que je ne vis que pour les retrouver, car tout le reste n’est que poussières ». À chacun de juger de la cohérence en fonction de ce qu’il imaginait ou non au visionnage du film original, de notre côté, on est simplement persuadé d’une chose : Gladiator 2 n’avait pas besoin de jouer cette carte pour réussir, car c’est bien lorsqu’il n’est pas dans le Colisée qu’il prend vie.

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Notre avis

Gladiator 2 pouvait-il se glisser dans la jupette de son modèle ? Impossible. Et il échoue à vouloir trop souvent essayer avec un scénario enchaîné par son modèle. Vae Victis, malheur aux vaincus ? Pas vraiment puisque ce film prouve néanmoins que Ridley Scott est infatigable et que le bon péplum nous avait manqués autant que Denzel Washington est indispensable au cinéma. On craignait le pire, il n'est jamais arrivé et si on n'a pas eu la suite parfaite, beaucoup de suites ratées rêveraient d'être Gladiator 2.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
17 commentaires
  1. Ce film est une honte, pas seulement pour son prédécesseur mais également pour l’ensemble des films. Rien ne va, rien n’a de sens. Aucun des personnages n’est attachant, le scénario n’a ni queue ni tête, on passe de scènes en scènes comme si on regardait un spectacle au cirque et pourtant ils présentent un plus grand intérêt que des singes mutants contre des gladiateurs de l’antiquité. Si vous avez aimé, même un peu gladiator et que vous souhaitez vous épargner 2h30 restez chez vous. Faire payer à ce prix ce “travail” quelle indignité, n’y a t-il donc personne capable de regarder le film avant de balancer ce nanar en salle ?? Les scènes comme les effets sont dignes d’un mauvais sharknado. Quarante ans après la sortie de retour vers le futur, voilà gladiator 2 et retour vers le passé avec des effets à faire pleurer du sang. Je vous en prie. Ce film aura au moins le mérite de répondre à la question : “pourquoi les gens ne vont plus au cinéma ?” voilà la réponse, merci ridley, s’il vous plait qu’on lui trouve un HEPAD.

    1. Punaise mais je croyais être le seul à avoir vu une version bêta du film…
      Les VFX sont absolument dégueulasses, on en parle des babouins et des requins aussi bien fait que dans les réalisations Netflix ? Jurrassic Park de 94 a des effets plus réalistes…

      Le doublage FR fait toc des douzaines de fois, et punaise la première rencontre entre Hanno et sa mère…la meuf est FLOUE. Y a un souci de focus sur la scène…

      C est bâclé techniquement…250 millions pour ça c est une hallucination.

      Après pour l histoire et le scenar ça casse pas trois pattes a un canard mais ça va.
      Sauf la scène de fin…où tu t attends a voir Mouphassa du Roi Lion sortir des nuages…

  2. Excusez moi mais avez vous déjà vu le film en question ?
    Non, parce qu’au cas où vous ne le savez pas, il sort demain en salle en France.
    Dire qu’un film est nul sans l’avoir vu, c’est magnifique ( précision : Je répond aux deux précédents commentaires pas à l’article )

    1. Bonjour ,

      Oui c’est de plus en plus fréquent comme dans les jeux videos . Des gens qui se permettent de critiquer tout sans avoir vu le film ou jouer au jeu , c’est la nouvelle mode . Déplorable !

        1. La nouvelle mode c’est de penser tout savoir et ne jamais rien vérifier, la lecture pourrait etre une solution, mais ça serait trop demander.

    2. Il y a un truc qui s’appelle avant première, et effectivement m’empressant de prendre une place à 18 euros, je le regrette amèrement, Ce film est une daube si on le compare a l’original. Le seul acteur qui s’en sort bien, c’est Pedro pascal, même Denzel se noie.
      Gardez donc votre argent et n’allez pas le voir

    3. Il faut peut-être se renseigner un peu, il est sorti le 10/11, en tout cas dans certains cinéma, merci David de vérifier les informations avant d’écrire n’importe quoi

  3. Je suis plutôt d’accord avec la conclusion de la critique.
    Gladiator 2 est un film honnête, on passe un bon moment en le regardant. Visuellement, c’est superbe. Ensuite, le scénario est plutôt bien ficelé et le lien avec le premier opus est assez bien amené. On peut également dire que le casting est extrêmement bon. Enfin, la bande son ne révolutionne rien mais est bonne, les rappels de “we are free” étant pertinents.

    Finalement, le plus gros défaut du film c’est qu’on le compare à son prédécesseur qui est un chef-d’œuvre. Gladiator 2 n’est pas de cette catégorie, c’est indiscutable, mais il est largement assez bon pour mériter une note proche de celle que le JDG a donnée.
    N’y allez pas en attendant d’être soufflés par un film légendaire, mais plutôt pour voir un péplum moderne de qualité et une conclusion à une histoire qui a démarré il y a une vingtaine d’années.

    Je conclus en disant que mon point de désaccord avec la présente critique porte sur la prestation de Paul Mescal. Je l’ai trouvé excellent, très charismatique et pas du tout en retrait par rapport à l’excellent Denzel Washington. Leur duo fonctionne bien parce qu’il oppose l’opulence à l’humilité, la politique à l’action, les paroles aux actes. Cette dualité est un moteur du film et on peut facilement dire que les deux acteurs sont l’un des plus gros points positifs du film.
    Ceci dit, ce n’est qu’un avis, allez vous faire le vôtre, vous passerez un bon moment 🙃

  4. Moi je suis désolé j’ai été voir l’avant-première gladiateur 2 je trouvais que ce film était sympa fidèle au premier moi j’ai adoré mais je ne comprends pas que les gens puissent critiquer ce film parce que pour un deuxième il est pas mal quand tu vois le film Le Joker le premier était beau mais le deuxième est très nul que là gladiateur 2 vaut le coup quand même d’aller le voir… Enfin voilà c’est mon avis et tu es pris du début jusqu’à la fin et tu vois pas les 2h30 passé…

  5. I x II = 1

    Comment résoudre ce problème : faire la suite d’un film complètement autocontenu, qui avait une vraie fin à son histoire ? Le Cinéma nous a pourtant donné des exemples prouvant que c’est possible – Alien (tiens ?), Indiana Jones, Les Gremlins, que des histoires dont les opus 2 se sont créés en prenant cul par dessus tête le premier, en allant notamment dans une surenchère exaltante, voire même kamikaze.
    Sans que ça soient des films assurés de devenir des franchises en plusieurs volets (comme Star Wars et Mission Impossible, autre exemples avec des opus 2 qui se présentent comme une antithèse du 1).
    C’est justement en reprenant la structure de “Gladiator”, puis en la détournant, que ce deuxième film trouve sa raison d’être… jusqu’à ce que cette idée se retourne aussi contre lui.
    Rien d’étonnant, Ridley Scott a fait comme d’habitude : foncer tête baissée, avec des œillères, et finir le job coûte que coûte.

    Parce que le film sorti en 2000, il n’a pas été conçu en sortant de nulle part…
    On peut supposer que “Titanic” a donné un gros coup de pouce à ce projet, c’est à dire un grand film historique, classique, romantique (ou romanesque, comme “Braveheart” avant lui), fait avec des outils modernes – les images de synthèse – et une violence qui fait mal.
    Et en tant que film-film, et pas pensum, c’était blindé de références extra Péplumiques comme tel camp de soldats au look japonais, tel début westernien à la “Josey Wales”, telle Rome représentée dans une mise en abîme sur l’œuvre de Leni Riefenstahl…
    Même s’il y a toutefois une réflexion finaude sur l’asservissement du peuple par le Divertissement, faisant des icônes et réécrivant la réalité aussi bien dans l’arène – la reconstitution décalée de la bataille de Zama – que dans le scénario du film – “c’est ce qui m’intéressait… et puis à quoi bon critiquer la vraisemblance, de toute façon vous n’étiez pas là à l’époque !” (ça va être la réponse de prédilection de Scott, pour l’éternité).

    Alors un acteur en état de grâce (Russell Crowe, et Marc Alfos à la VF !), un casting de gueules britishs, une musique entre Wagner et Orient, omniprésente et inoubliable, des flashs oniriques qui font même entrer une dimension mythique… Idéal pour devenir culte, idéal pour les spectateurs en mal d’une masculinité tranquille, honorable, frissonnante, puissante et immortelle (encore plus aujourd’hui).
    Idéal pour créer un sous-genre, qui va essaimer dans les années suivantes, dans son versant Fantastique (dieux, Titans etc) comme dans celui du Rationnel (“Le Roi Arthur” de Antoine Fuqua, qui reprend des scènes et musiques zimmeriennes à l’identique). Mais sans jamais égaler l’original, ni au niveau du succès, ni même en allant tutoyer les Oscars.
    Idéal pour être moqué aussi (le premier degré des dialogues, quelques flous et ralentis d’époque), pas suffisant pour réhabiliter Ridley Scott pour les spectateurs chafouins, le considérant comme antipathique depuis les 90’s… mais en fin de compte, on devrait s’en ficher que ce réalisateur soit un grand ronchon, non ?

    “Vous en voulez encore ? Ça ne vous a pas rassasié ? C’est pour ça que vous allez venir ?
    Ce n’est pas ce que vous aurez… Tant mieux ?”

    Très tôt dans ce nouveau film, on va comprendre que Toutes les péripéties originelles vont être refaites, une après l’autre, tous les enjeux d’antan résumés rien que dans la première demi-heure. C’était bien la peine de résumer toute l’histoire dans un super générique animé, où les visages y sont insaisissables, comme engloutis dans le Temps (thématique Scottienne). Entièrement peinte par Gianluigi Toccafondo, comme pour le logo de la société de production du réalisateur, Scott Free… une manière de rappeler qui est le patron, à qui ça appartient.
    Et les personnages équivalents y seront surtout des variations des premiers. Rien d’inhabituel, c’est une manière futée de faire une suite-remake, questionnant le Passé (la Postlogie de Star Wars).
    Utilisant l’idée du double, avec d’un côté Maximus qui se répartit dans deux personnages distincts (Hanno et Acacius), de l’autre deux frères empereurs décadents au lieu d’un (Geta et Caracalla). Et puis Peter Mensah reprend le rôle de Djimoun Hounsou… ah non ? Ben ça sera aussi Alexander Karim.
    Bref il y a beaucoup d’acteurs “réplicants”, qui essayent d’exister autant que dans le premier film (la durée est quasi identique), mais qui manquent évidemment d’une construction narrative solide.

    La présence de Paul Mescal est toujours assez bizarre, mais après tout si Daisy Edgar-Jones peut aller chasser des tornades… Peut-être embauché parce qu’il a un visage au profil antique, il arbore régulièrement un large sourire dont on ne sait pas si c’est un signe de folie de son personnage, ou bien la jubilation ironique de l’acteur découvrant le chaos d’une grosse production.
    Là où Maximus avait un parcours plutôt rectiligne de héros tragique (et de “mort qui marche”), celui-là est moins prévisible, peut-être plus guidé par quelques tourments mystiques. Et présenté via des circonstances rebattues, qui lorgnent vers la tragédie grecque la plus échevelée – “je vais tuer le responsable de la mort de ma femme qui se trouve être le mari de ma mère qui m’a caché l’identité de mon vrai père”…
    Pourquoi, comment ces rebondissements, on ne sait pas. Tout au plus Ridley Scott nous cale de petits flashbacks qui escamotent Spencer Treat Clark.
    L’auteur répondrait sûrement que vous avez déjà vu des films du même genre, vous connaissez les codes et conventions, vous savez de quoi on parle…
    Et pour les empereurs, z’avez qu’à regarder sur Wikipedia. Soyez des dégourdis !
    De toute façon, des éléments historiques se passant sur plusieurs années sont à nouveau tordus et condensés en une courte période, donc il ne vaut mieux pas prendre tout ce qu’on voit au premier degré, encore une fois.

    Et le film est rempli de antihéros, ou de salauds, ce qui fait qu’il est moins facile de s’attacher à qui que ce soit dans ce pot-pourri d’influences. D’ailleurs le personnage de Pedro Pascal, grand guerrier las, désespérément en quête de paix, fait aussi penser au Hector du film “Troie”.
    Joseph Quinn (beaucoup) et Fred Hechinger (un peu moins) sont amusants en souverains dégénérés, moins métaphores que symboles du caractère cyclique de la Tyrannie, se réinstallant périodiquement car les sociétés ont toujours été fragiles. Misanthropie Scottienne, qui invalide la fin naïvement optimiste du premier film – et ça, les fans n’aiment pas non plus, quand on brise un idéal (voir la Postlogie Star Wars, justement).
    Quant au choix de la surenchère dans les arènes et dans l’intrigue, avec la présence de beaucoup d’animaux transformés en créatures de Fantasy (puisque tous en images de synthèse), ça n’est pas assez poussé dans des délires à même de se fendre la gueule… Ni même utilisé pour mieux rendre compte de la mégalomanie horrifique des méchants : quand on décide d’user de requins, ça serait de intéressant montrer comment on a réussi à les amener dans l’arène, donc en en tuant évidemment des dizaines au passage… Si on avait eu quelques scènes comme ça, dans les coulisses du spectacle, ça aurait permis de soutenir un propos, de le densifier.

    Pas de ça chez Scott, ses films digressent et nuancent à peine. Ils sont quasiment à nu, on voit toutes les coutures, et si ça marche c’est juste parce que c’est suffisamment bien emballé.
    On retiendra alors que Connie Nielsen a quelques jolies scènes à son actif, et ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas un rôle important à défendre (par contre l’autre revenant, Derek Jacobi, fait de la peine).
    Et évidemment Denzel Washington est l’attraction principale du film.
    On attend “son” moment avec impatience, celui où il va niquer de l’intérieur la mécanique du blockbuster. Ça arrive un peu tardivement, après deux tiers de film à jouer avec les dents de lapin et les mouvements de bras, en petit “Roman Gangster”, sorte de Baelish Littlefinger en version bling bling… puis il nous secoue le cocotier (et les têtes), prouve la prédominance du pouvoir occulte sur celui qui est à la vue de tous, et il est alors Énorme.
    Mais hélas ça ne dure pas assez longtemps. Loin de profiter d’un script à l’écriture digne d’une série télé (un troisième film est également envisagé), tout se règle en une fois, de façon expéditive… parce que l’identité de “Gladiator” se doit d’être respectée un tantinet, donc sans cliffhanger à la fin – quoique…
    C’est à déplorer que Denzel ne se mette pas à bouffer tout cru l’ensemble du casting, parce que là ça aurait vraiment été un film surprenant, radical, exaltant.

    Oublié le dynamitage en règle, sauf qu’il est beaucoup trop tard pour faire machine arrière : “Gladiator II” n’est pas seulement un miroir inversé du premier volet…
    Il est aussi un film de son époque (opposé au Cinéma du Passé ?).
    Plus préoccupé par le fait d’être efficace et pragmatique (le gimmick du blé et du sable, pas seulement pour faire joli), tellement en manque d’ampleur qu’on croirait être dans un huis clos (en même temps, ça sert l’histoire), incapable de faire durer des plans composés de beaux éléments (c’est pas comme si Scott n’était pas un amateur de belles toiles), ni d’emballer une bande son galvanisante qui n’aurait pas été encombrée par les thèmes musicaux de Hans Zimmer…
    Et où les rares moments d’émotion surgissent… lors des flashbacks du premier film. C’est bien connu, la Nostalgie naît de choses qui ont été perdues et qu’on ne peut pas recréer.
    Et ce qui reste ici bas a beau ne pas être très excitant, il n’empêche pas ça a son lot de moments spectaculaires et que ça se laisse voir… avec plus de curiosité que de chaleur humaine.

    Glaciator ⚔️

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