Au sein de la sphĂšre des passionnĂ©.es, Everything Everywhere All at Once est dans toutes les bouches depuis plusieurs mois. Sorti le 25 mai dernier aux Ătats-Unis, le film distribuĂ© par A24 a totalisĂ© prĂšs de 70 millions de dollars sur le territoire, et approche des 100 millions Ă travers le monde. Certes, rien de comparable Ă un Marvel, mais Ă sa propre Ă©chelle, c’est un vĂ©ritable exploit qui a intriguĂ© et dont la renommĂ© n’a eu de cesse de grandir Ă l’aube de sa sortie française. Une sortie inespĂ©rĂ©e jusqu’Ă ce qu’ Originals Factory et PathĂ© Live finissent par parvenir Ă un miracle.
Et puisqu’on parle de Marvel, si Doctor Strange in the Multiverse of Madness entamait la saison estivale des salles obscures en mettant en scĂšne le principe d’infinitĂ© d’univers parallĂšles, il n’est pas anodin que cette pĂ©riode se ferme sur un film Ă l’idĂ©e similaire, mais bien plus Multiverse et bien plus Madness. De lĂ Ă dire que Doctor Strange n’Ă©tait qu’un Ă©chauffement…
Michelle Yeoh y campe Evelyn Wang, une sino-amĂ©ricaine quinquagĂ©naire qui n’a plus aucun contrĂŽle sur sa vie. Elle est empĂȘtrĂ©e dans les impĂŽts, sa fille qu’elle ne comprend plus lui prĂ©sente sa copine, elle doit gĂ©rer son pĂšre venu de Chine et son mari lui demande le divorce. C’est Ă cet instant qu’elle se retrouve mĂȘlĂ©e au multivers afin d’y affronter une force obscure. Alors qu’elle observe toutes les vies qu’elle aurait pu mener, elle doit sauver le monde et tenter de prĂ©server sa famille.
S’il fallait rĂ©sumer Everything Everywhere All at Once en un mot, ça serait « fou ». Les Daniels (surnom donnĂ© aux rĂ©alisateurs Daniel Scheinert et Daniel Kwan) avaient dĂ©jĂ montrĂ© leur goĂ»t pour les idĂ©es dingues avec Swiss Army Man en 2016 oĂč Paul Dano se liait d’amitiĂ© avec un cadavre jouĂ© par Daniel Radcliffe, mais il semblerait que ce n’Ă©tait qu’un amuse-bouche, leur nouveau projet poussant tous les curseurs au maximum. Avouons-le, Ă la sortie de la salle, on a aucune idĂ©e de ce qu’on vient de voir, tout simplement parce qu’on a tout vu en une seule fois.
Everything
Everything Everywhere All at Once est une chronique familiale. Un film de science-fiction teintĂ© d’arts-martiaux. Une comĂ©die absurde. C’est une Ćuvre si riche, si extravagante, qu’elle en devient indĂ©finissable. Elle Ă©pouse son concept pour se livrer Ă tous les dĂ©lires qui sont passĂ©s par la tĂȘte de ses auteurs et qui les autorise Ă un mĂ©lange des genres sans retenue.
En ne se privant de rien, le film se dessine comme une jonction de toutes les inspirations, allant de Matrix Ă 2001, L’OdyssĂ©e de l’espace en passant par The Mask tout en rendant hommage au style Wu Tang (catĂ©gorie de films d’arts-martiaux chinois). Plus qu’un long-mĂ©trage, on est face Ă une expĂ©rience de ce qu’autorise le cinĂ©ma Ă la fois en termes de mise en scĂšne â le montage Ă©clatĂ©, l’utilisation d’un environnement comme croisement des genres â et en termes de narration avec la mise en pratique des mondes parallĂšles.
Une expĂ©rience qu’il est difficile d’analyser tant le mĂ©trage ne nous laisse jamais le temps de respirer. On est dans un tambour de machine Ă laver qui ne nous recrachera qu’Ă la toute fin. Everything Everywhere All at Once est un risque. Celui de l’abandonner, lessivĂ©, en cours de route tant on ne parvient pas Ă ingurgiter ou comprendre tout ce qui se dĂ©roule sous nos yeux. Nous-mĂȘmes, bien qu’ayant particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© l’exercice, on mentirait en dĂ©clarant avoir saisi chaque tentative d’explication au milieu d’une foule d’informations. AssurĂ©ment grisant, volontairement Ă©puisant.
Everywhere
Une confusion qui ne touche absolument pas les auteurs qui ne lĂąchent jamais leur fil rouge en chemin. DerriĂšre son cĂŽtĂ© fourre-tout, Everything Everywhere All at Once raconte l’infiniment petit au sein de l’infiniment grand. Comme s’il l’objectif de ce dĂ©luge d’univers ne ramenait finalement qu’Ă un seul propos : notre capacitĂ© Ă Ă©couter l’autre, Ă l’accepter.
L’univers qui se disloque n’est qu’une image pour raconter le morcellement d’une vie, d’une famille. Ce n’est pas pour rien que le mĂ©trage se divise en chapitre, comme s’il fallait, aprĂšs avoir explosĂ© le rĂ©cit, le recentrer vers la chose la plus simple et la plus complexe du monde : une Ă©motion. Au travers ses diffĂ©rentes versions, Michelle Yeoh se raconte et revient constamment au mĂȘme point Ă force de ne pas s’ouvrir. S’ouvrir Ă ses vies perdues, Ă ses proches. Everything Everywhere est une chronique familiale. Et un film de science-fiction teintĂ© d’arts martiaux. Et une comĂ©die absurde. All at Once.
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Des trĂšs bons films
Je l’ai vu y’a 2 jours : totalement barrĂ©, j’ai adorĂ© ! Franchement un excellent dĂ©lire.
Ca fait du bien de voir un film comme ça !
Ca ne m’a pas paru long du tout !
Pareillement, je l’ai vu 2 fois, j’ai adorĂ©, et je mentirais si je prĂ©tendais avoir tout compris.
Cette vision du multivers est beaucoup plus emouvante et personnelle que chez Marvel (mais c’est pas le mĂȘme registre, donc ça se tient dans les 2 cas), et les acteurs sont impeccables, la sublime Michelle Yeoh pour commencer, mais tous les autres aussi. Un film buffet campagnard: Ă©mouvant, philosophe, hilarant, grotesque, absurde, intelligent, pour cinĂ©philes, pour se dĂ©tendre, All at once !