Hasard du calendrier, octobre 2014 aura vu, sur nos écrans, la naissance de deux boogeymen campés par des acteurs sur le retour. D’un côté, Keanu Reeves allait incarner John Wick dans une franchise qui servira de mètre étalon pour le cinéma d’action hollywoodien de la décennie qui suivra ; de l’autre, Denzel Washington retrouvait son fidèle acolyte Antoine Fuqua pour refaire la décoration d’un Bricorama dans Equalizer premier du nom. Et si on précise premier du nom, c’est que personne n’aurait pu prédire qu’on en serait aujourd’hui à parler de Equalizer 3.
Il faut dire que malgré la présence toujours aussi charismatique de Denzel, bien plus crédible qu’un Liam Neeson en faiseur de veuves tarif senior, Equalizer possédait un certain charme, sans pour autant démontrer une quelconque revalorisation de l’actioner. C’était simple, efficace, oubliable. Le succès au box-office et le manque d’idées d’Antoine Fuqua aidant, ce qui n’était absolument pas conçu comme une trilogie accouche maintenant d’un « chapitre final », histoire de nous faire croire que tout était prévu depuis le début. Pour les plus anciens de nos lecteurs, on a envie de vous rappeler une fameuse pub où la marmotte met le chocolat dans le papier d’alu.
Bref, on retrouve Robert McCall « deux C, deux L » se faisant oublier dans une petite ville du Sud de l’Italie après un énième carnage dont lui seul à le secret. Une vie bien tranquille à laquelle il prend goût, jusqu’à ce qu’il découvre que les ennuis des habitants face à la mafia. Devant ses opprimés sans défense, McCall sait qu’il doit à nouveau agir.
Tiens, voilà du bourrin ?
Quand on demande à McCall s’il est un bon gars ou un méchant, le bonhomme ne sait quoi répondre. Il faut dire que l’introduction nous montre le résultat du monsieur dans ses œuvres et qu’il n’apprécie que très peu qu’on lui refuse l’accès à un vignoble. Aura-t-on droit à l’opus le plus violent de la franchise ?
Étrangement, non. Car si Fuqua ne lésine pas sur l’effet gore et l’hémoglobine dès qu’il faut empiler du figurant, Equalizer 3 ne multiplie pas ses moments, préférant se concentrer sur la fatigue morale d’un personnage qui se questionne sur ses actes. En un sens, là où John Wick aura fait de la surenchère sa marque de fabrique au fil des épisodes, cette saga, qui lui emprunte pourtant beaucoup, décide de jouer en opposition sur la ligne d’arrivée. Moins d’action, moins de rythme, l’accent est davantage mis sur la nuance et la remise en cause de la violence. Un changement d’angle d’approche qui surprend, sans déplaisir.
Cela ne veut pas dire pour autant que, dans sa quête de justice, Denzel Washington échangera des politesses. Néanmoins, et peut-être que l’âge de l’acteur (proche de 70 ans) peut en être l’une des causes, le scénario aura moins tendance à le montrer comme instrument de mort que comme la mort elle-même. Là où John Wick restait un char d’assaut lancé à toute vitesse, Equalizer 3 ne s’intéresse plus tant à la méthode qu’au résultat. On compte les morts, mais la manière se fait plus discrète, plus rare à l’écran. L’ombre de McCall plane sur ses ennemis et l’apparition de sa silhouette signe déjà leur trépas. Dans un sens, il incarne un véritable boogeyman ; lorsqu’on le voit, il est déjà trop tard. Poétique ? Certainement. Fainéant ? Assurément. Car si l’idée est plutôt intéressante, elle ne peut cacher la réalité d’une flemmardise de la mise en scène et de la chorégraphie de l’action.
L’Equalizer fatigué
Inutile de se voiler la face. Car Equalizer 3, dans son ambiance plus posée, fonctionne effectivement comme une mise à la retraite pour le justicier Washington et, surtout, pour la franchise. Cette dernière n’a effectivement plus grand-chose à raconter, pour peu qu’elle en ait eu un jour. Sauf qu’ici, les apparences ne peuvent être sauvées, obligeant l’histoire à tergiverser autour d’une organisation mafieuse ou d’une enquête parallèle de la CIA.
Des sous-intrigues qui ne cachent jamais leur fonction de simple remplissage avant l’inévitable carnage final. De sorte que malgré une durée de film plutôt dans les clous (1h50), on a constamment l’impression, si ce n’est de longueur, de voir un métrage qui tire sur la corde de son héros et de sa mythologie. Comme si tout le monde avait besoin de reprendre son souffle sans que l’énergie déployée ne se voie à l’écran. Ils n’ont plus l’âge pour ces conneries.
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Ce qui est positif c est qu il est beaucoup mieux noté par le public que par la presse qui n a d yeux que pour les films wokistes où l on se meurt d ennui !