S’inspirant librement des écrits de Nancy Springer, Netflix semblait avoir la recette gagnante en portant Enola Holmes à l’écran. Un nom de famille extrêmement populaire, une cible adolescente toute trouvée et un casting identifié en tête duquel trônent Millie Bobby Brown (Eleven dans Stranger Things) et Henry Cavill (le Superman du DCU, The Witcher). En résultait une aventure sympathique bien que trop inconséquente pour marquer durablement les esprits. À Enola Holmes 2 de remédier à ce problème.
Ce second opus, toujours dirigé par Harry Bradbeer (Fleabag) sous un scénario de Jack Thorne (His Dark Materials), enchaîne directement avec les événements précédents. Enola a pris son indépendance et décide de concurrencer son illustre frangin en ouvrant son propre cabinet de détective. Mais pas facile d’être prise au sérieux lorsqu’on est une femme à la fin du XIXe siècle. Sur le point d’abandonner, elle se voit enfin confier une affaire : retrouver une jeune fille disparue.
Un second épisode qui n’a pas vocation à changer sa formule et pour les amoureux des mimiques faciales de Millie Bobby Brown, Enola Holmes 2 pousse les curseurs au maximum. La jeune femme est en complet surjeu à l’image de l’enthousiasme débordant de son personnage. Sourcils froncés, yeux écarquillés ou moue boudeuse, l’actrice s’en donne à cœur joie.
Et si cette abondance de grimaces lui offre, étonnamment, ce petit côté attachant, il n’en est rien pour sa proportion à casser le quatrième mur. Là aussi, ce nouveau volet a décidé de ne plus faire dans la demi-mesure et on a presque le droit à un regard caméra toutes les deux phrases. Une manière de sur-expliquer les émotions du personnage ou l’intrigue qui agace au plus haut point étant donné que ça ne fait que surligner les évidences tout en ralentissant le rythme. Bradbeer a sans doute voulu se servir de son expérience sur Fleabag en oubliant qu’il y avait le talent d’écriture de Phoebe Waller-Bridge derrière.
Concernant le reste du casting, si Sam Claflin est le grand absent de cet opus, tous les autres répondent présent. Netflix a d’ailleurs bien compris l’intérêt d’avoir Henry Cavill dans sa distribution. Si Eudoria Holmes (Helena Bonham Carter) continue ses petites apparitions, Sherlock Holmes gagne fortement en temps de présence, au point d’avoir presque son film dans le film. Le lore de l’occupant du 221B Baker Street est fortement exploité, comme si la plateforme de streaming cherchait à s’attirer les faveurs des fans au-delà de son héroïne principale. Une stratégie payante tant elle permet à Cavill de convaincre davantage, mais qui risque néanmoins de faire grincer des dents les plus réfractaires au changement.
Enola Holmes, nouvelle référence du Young Adult ?
L’autre changement majeur touche le cœur même du récit. Si Enola Holmes premier du nom restait, malgré son élan féministe, finalement anecdotique, force de constater que ce second opus se démarque à tous les niveaux. Pas qu’on soit dans le haut du panier des films du service de SVOD, ni dans celui du Young Adult, genre qui a perdu de ses lettres de noblesses ces dernières années, mais parce qu’il épouse enfin son plein potentiel.
De l’enquête cousue de fils blancs précédente, Enola Holmes gonfle son intrigue et nous offre une narration réservant bien des rebondissements derrière quelques évidences. Ces dernières étant nécessaires pour le jeune public auquel le film se destine. Toujours aussi énergique, mais plus mature, le film dose bien mieux investigation et action tout en jouant avec les codes, détournant malignement plusieurs clichés.
Évidemment, le discours féministe est, lui aussi, revu à la hausse, quantitativement et qualitativement, se servant de son époque pour faire écho à des combats malheureusement toujours actuels. Certes, le propos n’a aucune subtilité, mais lorsqu’il se glisse naturellement au détour d’un bal ou en pleine course-poursuite, il parvient à faire effet. Un discours qui risque peut-être de provoquer des accusations de marketing cynique, mais qui, entendus par les bonnes oreilles, pourrait éveiller quelques jeunes consciences.
Enola Holmes 2 se révèle être un divertissement adolescent bien moins crétin que beaucoup de ses congénères. Agaçant par moment et long (plus de deux heures !), c’est aussi un long-métrage séduisant dans sa façon d’aborder certains sujets et dont, qu’on l’apprécie ou non, il peut être utile de montrer aux plus jeunes. Loin devant Katniss Everdeen et ses ersatz, on tient peut-être, enfin, une héroïne jeunesse de référence.
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J’aime trop bien le film , c’est vraiment bien .
Ouais, vu hier, bof. ça passe le temps mais ne restera pas dans ma mémoire, comme le premier, et je n’aurai jamais envie de les revoir.
J’en viens à me demander si Millie Bobby Brown peut jouer et faire ressentir des sentiments sans mimiques et grimaces.
Je l’aimais bien surtout dans Stranger Things