Un deuxième succès pour Max ? Pour faire sa place dans le secteur ultraconcurrentiel de la SVOD, la filiale de Warner Bros a une stratégie bien rodée. Outre la mise à disposition des titres emblématiques d’HBO, de Game of Thrones à The Last of Us en passant par la prochaine série Harry Potter, l’entreprise espère attirer de nombreux regards avec ses univers les plus plébiscités au cinéma. The Penguin est née de cette envie d’approfondir cette mythologie cinématographique, de faire le pont entre deux opus de The Batman. En novembre, c’est l’adaptation de Dune par Denis Villeneuve qui profite d’un tel traitement de faveur. Cette fois-ci, c’est un bond de 10 000 ans dans le passé qui est au programme des réjouissances. Pour ne pas interférer avec les plans de Jon Spaihts et Villeneuve pour Messiah, la narration de cette série se concentrera sur la naissance du Bene Gesserit et son ascension fulgurante pour devenir une entité primordiale pour l’Imperium.
Après une guerre sans merci entre les humains et les machines pensantes, l’Imperium se reforme dans la crainte de voir à nouveau les technologies prendre le contrôle. Valya Harkonnen, dont le nom est tombé en disgrâce suite à ces événements, rejoint la Communauté des Sœurs afin de développer ses capacités hors du commun. Mais lorsqu’un certain Desmond Hart fait son apparition, la communauté voit son influence s’étioler. S’engage alors une lutte acharnée contre ce mystérieux soldat qui prête allégeance à l’Empereur. Nous avons vu les quatre premiers épisodes, faut-il succomber à l’appel ?
Conflits épicés
Dès les premiers instants, Dune : Prophecy renie toute connexion avec l’histoire de Paul Atreides et son arrivée sur Arrakis. Si Denis Villeneuve a fait de la planète l’épicentre de ces films, c’est bien loin de ces paysages arides qu’évoluera le projet autrefois baptisé The Sisterhood. Elle s’attachera à explorer en détails le mystérieux Bene Gesserit et ses mécaniques de pouvoir. Aux côtés de Valya Harkonnen, c’est l’apprentissage de celles que l’on qualifie bien volontiers de sorcières qui sera décortiqué, autant que les personnalités qui évoluent dans l’enceinte de l’austère académie. Plus politique que la proposition de Villeneuve, et ainsi plus bavarde, Prophecy est à la fois un retour bienvenu dans l’imaginaire de Frank Herbert et une réappropriation de l’ambition de Denis Villeneuve.
Il apparaît très clairement que la série doit plus à Game of Thrones que la duologie Dune. L’histoire navigue entre plusieurs lieux et points de vue, pour raconter comment la Communauté des Sœurs va devenir un acteur central du pouvoir politique. Les milliers d’années qui séparent cette nouvelle proposition de l’histoire de Paul Atreides offrent aux scénaristes une liberté de mouvement, leur permet de s’extirper des motifs inhérents au premier livre. C’est particulièrement vrai pour la figure du messie (même si elle plane toujours) et la prophétie qui conduira à sa prise de pouvoir. Portée par un casting de talent, en particulier Emily Watson et Jessica Barden dans la peau de Valya Harkonnen, Dune : Prophecy se révèle être un appendice intéressant sur l’histoire d’un monde fictif dont il reste encore tant à découvrir.
Si toutes les ramifications de ce tableau ne profitent pas d’un traitement convaincant, lorsque la série se concentre sur la famille Harkonnen, elle trouve sa lumière. Méprisée de tous et enfermée sur une planète hostile, la dynastie appelée à occuper une place essentielle dans le cycle originel se révèle être le cœur battant de cette série dérivée. Outre le conflit centenaire avec les Atréides — qui est évidemment toujours d’actualité à l’époque de Paul et Feyd — ce sont les sacrifices des sœurs Valya et Tula qui sont abordés par le biais de flashbacks assez savants.
Reste que la série doit faire entrer quantité d’idées dans six petits épisodes, ne donnant pas toujours aux spectateurs le temps de prendre la mesure des scènes les plus marquantes. Les quatre épisodes que nous avons vus ne laissent que peu de répit au spectateur, qui doit se familiariser avec un univers dense et en apparence assez inédit. Les mécaniques sont éculées, rien n’est véritablement surprenant, mais l’on se prend assez au jeu pour vouloir poursuivre aux côtés des héros assez admirablement incarnés.
Dissonance cognitive
Harkonnen, Atréides, Épice et Imperium, pas de doute, c’est bien du cycle Dune dont il s’agit. Dès les premiers instants, la série s’attarde à raccrocher son univers à la saga principale en convoquant des éléments visuels et sonores tirés devenus emblème d’une licence qui compte pour Warner Bros. L’on peut apercevoir les boucliers vrombissants présentés dès le premier film de Denis Villeneuve, reconnaître les tenues caractéristiques des Sœurs du Bene Gesserit telles que la Révérende Mère incarnée par Charlotte Rampling.
Néanmoins, pour tout ce que la série a de familier, elle offre une part non négligeable de nouveauté. Le plus frappant reste la manière dont l’histoire s’interdit pour l’heure de faire intervenir Arrakis. Elle centre son attention sur d’autres planètes. De ce changement de décor découle un bouleversement évident d’esthétique, plus proche des standards de la science-fiction. L’apparition d’un bar éclairé de néons rouges, la présence d’une musique techno ou encore des véhicules volants chromés, cultive la dissonance cognitive du spectateur. Il s’en retrouve tiraillé entre ce qu’il connaît de Dune à travers le regard de Villeneuve et ce que lui présente la créatrice de Prophecy Diane Ademu-John et Allison Shapker. L’expérience sensorielle, véritable argument en la faveur de Dune au cinéma, ne tient plus vraiment.
On terminera sur la musique originale, qui là encore s’affranchit de l’ombre d’Hans Zimmer pour aller plus largement piocher dans les standards du catalogue d’HBO. Des violons grinçants, quelques accents plus métalliques, mais une approche moins organique, les partitions de Volker Bertelmann ne sont pas particulièrement mémorables, et sans doute trop présentes pour permettre à quelconque thème de se démarquer.
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Il est quand même bon à rappeler que la série est tout de même tirée d’un livre: La Communauté des Sœurs.
Dont l’un des auteurs, Brian Herbert, est le fils de Frank Herbert, le créateur de la saga Dune.
soporifique tout comme les films
On est d’accord que sur la premiere photo, c’est frank dubosc avec une perruque?! 😀