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Critique Doctor Strange 2 : le multivers complètement barré de Sam Raimi

Après No Way Home, Marvel officialise l’ouverture du multivers avec le second opus des aventures de Doctor Strange. Que vaut le film réalisé par Sam Raimi ? Critique à chaud.

Depuis ses premières aventures sur le grand écran en 2016, Doctor Strange a su se rendre indispensable au Marvel Cinematic Universe. Alors que les figures de proue de l’univers cinématographique tirent à tour de rôle leur révérence, Benedict Cumberbatch pourrait bien s’imposer comme un personnage capital dans les prochaines phases du MCU. Ce second volet a donc une responsabilité double, introduire le multivers sur le grand écran et acter le sacrement du sorcier.

Pour mettre en scène ce long-métrage, la maison des idées recrute l’un des réalisateurs les plus emblématiques du genre : Sam Raimi. Considéré comme le père des super-héros modernes, depuis sa trilogie Spider-Man au début des années 2000, le cinéaste semblait avoir dit adieu aux personnages en capes et collants.

Kevin Feige a visiblement trouvé les bons arguments pour le faire revenir derrière la caméra. Un choix éclairé de la part du Big Boss, qui offre par la même occasion à Marvel sa première incursion dans le cinéma de genre.

Après avoir croisé la route du tisseur de toile dans Spider-Man : No Way Home, Doctor Strange doit faire face aux conséquences désastreuses du sort qu’il a jeté pour permettre à Peter Parker de conserver son anonymat. Les portes du multivers sont définitivement ouvertes et le danger plus latent que jamais. Avec Wanda Maximoff et une jeune fille aux dons mystérieux, Doctor Strange va devoir affronter des créatures venues d’autres mondes pour espérer sauver l’humanité d’un puissant ennemi.

Peur sur Marvel

Marvel a promu ce nouveau long-métrage comme sa première incursion du côté de l’horreur. Une production à contre-courant de la tendance chez la firme au logo écarlate, plutôt habituée aux punchlines bien senties. Portée par un maître en la matière, le réalisateur d’Evil Dead, l’initiative sonne comme une bonne nouvelle dans un univers cinématographique ultra-calibré laissant peu de place à la vision artistique de ses cinéastes. Si certains ont réussi à s’extraire ne serait-ce qu’un peu de ce formatage, James Gunn en première ligne, force est d’admettre que l’originalité de propos et de vision n’a pas vraiment sa place au sein du MCU.

Sam Raimi semble néanmoins avoir bénéficié d’une liberté inédite, et c’est tant mieux. Le réalisateur va avoir le loisir d’explorer la destinée de l’un des protagonistes Marvel qui sont chers à son cœur. Si c’est Spider-Man qui avait obtenu ses faveurs en 2002, il avait déjà fait part de son attachement au personnage de Stephen Strange bien avant que Marvel et Disney ne s’y intéressent. Dans Spider-Man 2, il y fait brièvement référence au détour d’une séquence au Daily Bugle. Deux protagonistes très différents donc, mais dont il s’empare avec brio.

Après une introduction pied au plancher, cela ne fait plus aucun doute : Sam Raimi va aborder les nouvelles aventures du sorcier avec une tonalité définitivement inédite au sein du MCU. Il y aura du gore. Dès les premiers instants, devant les yeux médusés des spectateurs, Strange arrache le globe oculaire d’une créature visqueuse et tentaculaire, on est déjà conquis.

Doctor strange, America Chavez et Christine Palmer
Sam Raimi explore des couloirs sombres du MCU Crédits : Marvel

Tout dans la mise en scène crie horreur et frissons. De l’esthétique gothique, aux décors, en passant par des créatures peu ragoûtantes, Sam Raimi met tout son talent pour l’horreur au service d’un jeu de tension sadique. On traverse le miroir édulcoré de Marvel pour se plonger au cœur d’un film teinté de références visuelles aux maîtres du genre, de The Ring à Alien. Si on redoutait que la créativité de Sam Raimi soit sacrifiée sur l’autel de la maison des idées, nous voilà rassurés.

Le réalisateur ne fait pas dans la dentelle, il malmène ses protagonistes et semble prendre un plaisir fou à le faire. Sa caméra virevoltante immortalise avec ingéniosité cette aventure interdimensionnelle. Le montage n’est pas en reste, il permet d’ajouter à l’ambiance et d’appuyer les nombreux gags visuels. Une impression de cartoon 2.0, renforcée par des partis pris étonnants. Sans en dire trop sur l’intrigue, sachez simplement que Sam Raimi ne s’est rien refusé.

Dommage, si le curseur est globalement poussé à son paroxysme (à l’échelle Marvel hein), le réalisateur n’a pas pu échapper à la consigne PG 13 du film. Les scènes trop violentes se déroulent hors-champ. On aurait aimé que cet amour pour le gore prenne vie sous nos yeux plutôt que de se contenter des limites du cadre.

On notera en revanche un véritable travail sur le son, pour construire les séquences “jumpscares”. En Dolby Atmos, ça fait son petit effet. Si l’horreur ne s’invite pas complètement sur l’écran, dans nos esgourdes, c’est une autre musique.

Pérégrination spatio-temporelle

Avec un peu plus de deux heures au compteur, Doctor Strange in the Multiverse of Madness adopte un rythme effréné. Il faut dire que les notions à aborder sont nombreuses. Au scénario, Michael Waldron, à qui l’on doit déjà Loki pour Disney+, a la lourde tâche de faire référence à plusieurs productions majeures de cette nouvelle cuvée Marvel, tout en prenant soin de ne laisser aucun spectateur sur le bord de la route.

Alors que le MCU envahit le petit écran avec des séries dérivées, l’intrigue globale de la licence ressemble de plus en plus à un véritable sac de nœuds qui peut sembler difficile à démêler. Fort heureusement, Waldron parvient à raccrocher les wagons pour ceux qui n’auraient pas vu l’intégralité des séries proposées par la plateforme. Quelques notions de bases sont néanmoins nécessaires, notamment pour apprécier les nombreux clins d’œil et références distillées dans le récit.

Doctor Strange 2
Sam Raimi taillade allègrement les codes du MCU Crédits : Marvel

Si le multivers est évidemment au cœur de l’intrigue, il est aussi et surtout une manière pour Waldron de confronter les personnages à leurs désirs profonds. C’est sans aucun doute l’aspect le plus réussi du film : construire un parcours cohérent pour chacun des protagonistes. Une aventure tendre, sombre et diablement efficace.

On regrette néanmoins que ce rythme tambour battant pousse Doctor Strange in the Multivers of Madness à survoler quelques éléments qu’il aurait été intéressant d’approfondir. C’est notamment vrai du côté d’America Chavez, campée par la prometteuse Xochitl Gomez. Marvel a néanmoins sans doute déjà prévu d’explorer sa destinée plus en détails avec une production solo, au cinéma ou dans la petite lucarne.

Reste que parfois le caractère volontairement décousu du récit et de ses pérégrinations spatio-temporelles a ses revers. À mesure que l’on s’approche de la conclusion, l’intrigue ne parvient pas toujours à garder son cap. Heureusement, lorsque le film commence doucement à glisser vers le pathos, Sam Raimi nous rattrape à la volée avec sa mise en scène.

Elizabeth Olsen : suprême

Après une performance de haute-volée dans Wandavision, Elizabeth Olsen s’impose comme une évidence au sein du Marvel Cinematic Universe. D’une sincérité singulière, l’actrice parvient à donner du corps à son personnage au point de presque éclipser le rôle-titre.

Benedict Cumberbatch, moins solennel que dans le premier film, ne démérite pas. L’acteur parvient à rendre hommage à la partition qui lui est offerte, multiple et exigeante. Un exercice loin d’être évident, duquel il sort avec les honneurs. Le reste du casting est tout aussi inspiré, à commencer par Benedict Wong qui joue parfaitement les acolytes pour Doctor Strange.

Doctor strange Benedict Wong
Crédits : Marvel

On terminera par la musique de Danny Elfman, référence du cinéma de genre à la partition riche et diverse. Après Batman chez Burton, le compositeur, retrouve Sam Raimi 20 ans après le premier Spider-Man. De cette nouvelle collaboration, naissent des compositions mémorables.

Grinçante, la musique cinématographique de Doctor Strange in the Multiverse of Madness pioche du côté de l’horreur pour parfaire le tableau et rester cohérente avec le discours original du film. Le compositeur ponctue le récit avec brio, tout en rendant hommage à l’excellent travail de Michael Giacchino sur les premiers opus. Monsieur Danny Elfman n’a rien perdu de sa splendeur.

Surprise à bien des égards, Doctor Strange in the Multiverse of Madness nous transporte là où on ne l’attendait pas. C’est aussi la preuve que lorsque les réalisateurs s’écartent du lourd cahier des charges de la maison des idées, le film de super-héros peut se réinventer. Mais n’est pas Sam Raimi qui veut, ce film fera sans doute figure d’exception dans un univers cinématographique ultra-calibré. À moins que Kevin Feige ne se décide enfin à recruter des artisans portés par une réelle vision artistique.

Voir Doctor Strange 1 et Wandavision sur Disney+

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Notre avis

Véritable surprise à bien des égards, Doctor Strange in the Multiverse of Madness est une réussite. Devant la caméra de Sam Raimi, le Marvel Cinematic Universe arbore une nouvelle teinte : celle du sang. Si le curseur aurait pu être poussé plus loin, l’incursion du cinéaste dans la franchise bénéficie d’une singularité que l’on peut saluer. Il n’est pas exempt de défauts, mais ce second volet des aventures de Doctor Strange s’impose déjà comme l’un des meilleurs films de cette nouvelle cuvée Marvel.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 9 / 10
5 commentaires
  1. Critique intéressante, j’étais déjà hypé, maintenant j’ai vraiment vraiment hâte d’être au ciné 🙂
    Je vous trouve juste un peu dur sur le manque de variété au sein du MCU.
    On a eu des séries très différentes les unes des autres et loin être stéréotypées. Les Éternels était aussi un film atypique, de même que Shang-Chi et maintenant Dr. Strange.
    Depuis la fin de la saga de l’infini, Disney et Kevin Feige tentent de nous proposer des contenus surprenants et de renouveller, c’est en tous cas mon sentiment.

  2. Je pense qu’il s’agit là d’une curieuse analyse. Les réalisateurs sont très libres puisque tous les films Marvel sont relativement différents. Mais ils suivent une ligne: une progression dans l’horreur car on avance peu ç peu vers des terrains inconnus. Cela ne dépend pas de la liberté des réalisateurs mais de la nécessité de l’arc narrative pris par K Feige! Il y a eu le temps de la mise en place des héros, le temps des combats épiques héroiques, le temps de la faiblesse des héros, des regrets, le temps déosrmais des conséquences de leurs actes. Il s’agit de redonner au MCU ce qu’on a oublié: il est une logique successif de thèmes. Il s’agissait quand même ce réunir les deux plus puissants Avengers! Pour autant, on comprend à la fin du film, qu’en fait le mal absolu ne fait que commencer! Il est très clair que les simples Avengers ne font plus le poids, il faut réunir tous les héros Marvel. Si dans le monde parallèle au nôtre on voit des héros d’autres univers mourir, il est clair que leur double vont apparaitre: on va clairement vers la réunion de tous les univers. Moi j’attends de voir l’arrivée enfin de Daisy Quake, de Yoyo, des Défenseurs, des nouveaux Avengers, des XMEN etc!! Ce film n’est que le second prélude dans le multivers (le premier étant le dernier Spiderman)

  3. Pour ma part j’avais beaucoup d’attente en voyant Sam raimi rejoindre l’écurie Mcu, mais finalement un peu déçu, scénario stérile, dénouement beaucoup trop facile, humour a la homecoming, cahier des charges mcu… Bref content d’avoir eu une touche de raimi mais tellement déçu en même temps. Film absolument pas nécessaire a la suite et a la narration du mcu. Pas mal de défauts mais pas mauvais pour autant… on va dire moyen

  4. Je suis fan de Sam Raimi, notamment les Evil Dead et Jusqu’en enfer.

    J’ai reconnu les nombreux clins d’oeil dans ce 2eme volet de Dr Strange, les portes qui se ferment avec zoom dessus, zoom sur les visages hurlants, le gore, le sang, les jump scare, les zombies, les grimoires de magies et bien sur l’acteur Bruce Campbell.

    L’univers de Sam Raimi se prête très bien à Dr Strange.

    J’espère que le 3ème film sera aussi réalisé par Sam Raimi.

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