En attendant la sortie de la saison 2, Jujutsu Kaisen arrive en France cette année, avec le prequel Jujutsu Kaisen 0. Prévu pour le 16 mars au cinéma, l’anime s’offre un nouveau héros, mais des enjeux toujours aussi poignants.
Entre adaptation fidèle et fan service
Sorti en décembre 2021 au Japon, Jujutsu Kaisen 0 est l’adaptation animée du prequel de la série imaginé par Gege Akutami. Sous ses airs de shonen classique, le manga paru en 2017 dans le Jump Giga retrace l’histoire de Yuta Okkotsu, un lycéen possédé par l’esprit de Rika, sa petite-amie. Déjà traumatisé par la mort de la jeune fille alors qu’ils étaient enfants, le personnage doit désormais vivre avec le fléau de cette dernière. Un monstre de classe S aussi terrifiant qu’envahissant, qui s’est donné pour mission de protéger Yuta de tous les dangers qui l’entourent.
Après un énième “accident” durant lequel Rika a grièvement blessé un groupe de brutes qui s’en prenaient à lui, Yuta intègre finalement l’école d’exorcisme de Tokyo, où il rencontre le célèbre Satoru Gojo. Aidé de ses nouveaux amis, l’adolescent va tenter de se défaire de sa malédiction, tout en devenant malgré lui le symbole de la lutte du bien contre le mal.
Fidèle au prequel papier, ce premier long-métrage signé par le studio d’animation MAPPA surfe allègrement sur le succès d’une licence déjà culte. Le réalisateur Sunghoo Park ne s’y trompe d’ailleurs pas, en distillant ici et là de nombreuses références à destination des fans. Entre deux mandales, on retrouve ainsi quelques personnages normalement absents du prequel, à commencer par le génial Kento Nanami, qui s’offre une petite apparition pour l’occasion.
Pour autant, le film mise aussi sur un potentiel nouveau public, et c’est d’ailleurs ce qui fait sa force. En plus de rallier une communauté déjà bien acquise à sa cause, Jujutsu Kaisen 0 prend aussi le temps d’expliquer chaque aspect de l’intrigue, au point que même les plus novices ne devraient pas se sentir exclus. Évidemment, connaître les personnages qui graviteront plus tard autour de Gojo et Yuji Itadori constitue un avantage indéniable. Pour autant, c’est loin d’être indispensable. L’arc de Yuta et Rika se veut être un stand alone, force est de constater qu’il fonctionne à merveille, tout en apportant davantage de profondeur à l’histoire principale.
Miroir et torgnolles
Au même titre que dans la série animée, l’une des plus grandes forces de Jujutsu Kaisen 0 réside dans son animation. Exit les plans fixes et les personnages statiques, il faut bien admettre qu’à ce niveau-là, le travail du studio MAPPA est tout simplement époustouflant. Les mouvements sont fluides, le chara-design à la hauteur de nos espérances, et les fléaux qui peuplent le monde de Gege Akutami tout simplement terrifiants. On n’en attendait pas moins du studio, ce dernier ayant déjà fait ses preuves, aussi bien sur la première saison de Jujutsu Kaisen, que sur le final de la série animée L’Attaque des Titans.
Sur les combats tout particulièrement, le travail du réalisateur Sunghoo Park est une réussite. Très présentes dans le film, les scènes d’affrontements entre personnages brillent par la précision de leurs chorégraphies presque chirurgicales. Finalement rien d’étonnant quand on sait que le cinéaste était déjà en charge des spectaculaires scènes d’action de la série animée The God of High School.
C’est aussi dans l’animation que le réalisateur parvient avec brio à appuyer la dualité existante entre Yuta et son successeur Yuji Itadori, le héros de la série principale. S’il n’est pas présent dans Jujutsu Kaisen 0, le réceptacle de Sukuna laisse planer son ombre sur le film, qui s’amuse régulièrement de la dichotomie existante entre les deux personnages.
Il faut dire qu’entre Yuji et Yuta, c’est un peu le jour et la nuit. L’un est d’une insouciance presque insupportable, mais peut heureusement compter sur sa force physique hors-norme pour venir à bout des fléaux les plus récalcitrants. L’autre est chétif, déprimé et n’accepte de devenir exorciste que pour se débarrasser de ses propres démons. Deux caractères opposés qui finiront cependant par emprunter le même chemin, pour un effet miroir qui n’échappera pas aux fans de la série. Dès la première scène, le long-métrage de Sunghoo Park joue sur un air de déjà-vu, et poursuit son jeu d’imitation tout au long de l’aventure, prenant parfois quelques discrètes initiatives par rapport au manga papier.
Geto, le vrai héros ?
Un bon héros n’est rien sans un bon méchant. MAPPA l’a bien compris, et c’est une attention toute particulière que le studio d’animation accorde à Suguru Geto, le grand méchant de l’histoire. Si la série animée s’était montrée plutôt avare d’informations sur le personnage lors de la première saison, le film lui permet de gagner en épaisseur, on ne s’en plaindra définitivement pas. Exit le rôle d’antagoniste manichéen, Geto est présenté comme un idéaliste prêt à tout pour bâtir le monde dont il rêve, quitte à faire tous les sacrifices, même les plus éthiques.
Pas encore affublé de sa cicatrice sur le front, le maître des fléaux a enfin droit à une intrigue à sa hauteur, avec l’attaque du 24 décembre, pendant la tristement célèbre parade des 100 démons. Un épisode sanglant, qui sera de nombreuses fois évoqué dans le manga principal pour rappeler les atrocités commises par le personnage. Plus intéressant encore, Jujutsu Kaisen 0 est aussi l’occasion de revenir sur les liens d’amitié qui existaient autrefois entre Geto et Gojo. Un aspect du lore qui n’est jamais évoqué dans la série animée, et qui permet aux fans comme aux nouveaux venus de mieux comprendre les enjeux du film.
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