Quelques années après BoJack Horseman, Aggretsuko et Big Mouth, Netflix est de retour avec une nouvelle série animée pour adulte. À mi-chemin entre Rick et Morty, Les Mitchell contre les machines et Final Space, la nouvelle création originale du N Rouge surfe sur les codes d’un phénomène bien connu en 2021 : le complotisme. Sortie le vendredi 22 octobre dernier, cette comédie satirique et irrévérencieuse en dix épisodes a fait une arrivée discrète au catalogue de la plateforme de SVOD, mais promet déjà de s’imposer comme l’une des séries les plus populaires du moment.
Vous avez dit conspiration ?
Imaginée par Shion Takeuchi, Inside Job nous plonge dans le quotidien de Cognito Inc, une entreprise gouvernementale fantôme chargée d’alimenter les complots du monde entier. Responsable de l’assassinat de JF. Kennedy, du faux alunissage de 1969, des Minions et des crop circles dans les champs, l’organisation est gérée d’une main de maître par la société de l’ombre, mais doit composer avec des employés pas toujours efficaces, accros aux drogues de synthèses, aux réseaux sociaux et nostalgiques de la guerre d’indépendance américaine.
À la tête de cette équipe dysfonctionnelle, Reagan Ridley est une trentenaire ambitieuse, experte des nouvelles technologies et complètement névrosée. En plus de devoir supporter ses collègues, la jeune femme doit aussi gérer son nouveau titre de directrice adjointe et ses relations familiales tendues avec son père, ancien génie du mal un poil désaxé, bien décidé à révéler au monde la face cachée de l’Amérique.
Sur Netflix, le complotisme est un sujet qui rapporte. Ces dernières années, plusieurs documentaires ont traité avec brio le sujet, depuis La Terre à plat, Derrière nos écrans de fumée et The Great Hack, qui s’attèlent à debunker les théories des truthers. À l’opposé, d’autres productions ambitionnent quant à elles de semer le doute sur certaines théories obscures, depuis la série devenue culte Alien Theory, jusqu’au très récent documentaire conspirationniste antivax Hold-Up.
À l’heure où théories du complot et truthers occupent de plus en plus de place dans l’espace médiatique, et que les Qanon et conspirationnistes inondent jusqu’à la Maison-Blanche, il était temps d’offrir au phénomène la postérité satirique qu’il mérite. Pari réussi pour Inside Job, qui s’affranchit avec brio d’un thème pas si facile à aborder. Sans échapper à quelques longueurs, la série traite chaque épisode comme une excuse pour ironiser sur les théories qui abondent sur les réseaux sociaux, et force est de constater que cela fonctionne.
Le complot des complotistes
Contrairement à la Terre telle qu’elle est décrite dans Inside Job, la nouvelle série Netflix est loin d’être aussi creuse qu’elle n’y paraît. Derrière son humour graveleux et absurde, Shion Takeushi parvient à jouer sur les codes du complotisme, pour nous offrir la critique acerbe et grinçante d’une Amérique obnubilée par les conspirations. Le talent de l’auteure n’était plus à prouver, puisqu’on l’avait déjà vu à l’œuvre dans les excellentes séries animées Souvenirs de Gravity Falls et Regular Show.
Sans tomber dans la complaisance ni la moquerie gratuite, Inside Job nous interroge sur les plus grands complots de l’Histoire, depuis les reptiliens jusqu’aux expériences secrètes de la CIA. En voulant changer le monde de l’intérieur, Reagan semble intimement convaincue d’œuvrer pour un monde meilleur, et on finit presque par s’attacher à ses élucubrations mégalomaniaques. D’autant plus que si Cognito Inc agit en secret, les vrais dirigeants de l’ombre ne sont peut-être pas ceux que l’on croit.
En plus de surfer sur les théories complotistes les plus célèbres du XXIe siècle — aujourd’hui devenues de véritables références dans la culture populaire, Inside Job nous offre aussi un vibrant hommage à la pop culture, avec une flopée de références, easter eggs (attention aux images subliminales) et caméo improbables. Avec seulement dix épisodes, cette première saison nous laisse un cruel goût de trop peu.
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