Après quatre ans d’attente qui nous auront semblé interminables, et un Sandman plutôt convaincant sur Netflix, le maître de la fantasy Neil Gaiman est de retour sur petit écran. Ce 28 juillet 2023, Prime Video signe la suite de sa série originale Good Omens, dans une adaptation qui n’en est plus vraiment une. Toujours flanquée de son humour absurde, et d’un casting de très haut vol, cette seconde salve d’épisodes est-elle le prodige que l’on espérait ? Critique.
Découvrir Good Omens 2 sur Prime Video
Suite miracle
Good Omens saison 2 arrive dans un contexte particulier pour Neil Gaiman. Sorti en 1990, le roman original signé à quatre mains par l’auteur et son ami de longue date Terry Pratchett (à qui l’on ne doit rien de moins que la saga du Disque-monde) ne couvrait que les évènements adaptés dans la première saison. Le décès de l’homme au chapeau en 2015 semblait avoir définitivement enterré l’idée d’une seconde saison. Force est de constater que Gaiman a su se réinventer au-delà du deuil. Terry Pratchett l’avait déjà convaincu de poursuivre le développement de la première salve d’épisodes à travers une note écrite quelques semaines avant sa mort. La suite de Good Omens sonne désormais comme un hommage à l’un des plus grands écrivains du siècle, autant qu’à l’humour absurde qui liait les deux hommes depuis plus de 30 ans.
Comme pour la saison 1, c’est Neil Gaiman qui est aux commandes. Après tout, qui de mieux pour conter les nouvelles aventures de Rampa et Aziraphale que leur auteur original ? Comme en 2019, l’auteur s’entoure d’une fine équipe, et notamment du réalisateur Douglas Mackinnon qui avait déjà œuvré sur la première saison, ainsi que sur Good Omens : Lockdown, un court-métrage sorti en plein confinement pour célébrer les 30 ans du roman.
Pour donner vie à Good Omens 2, Neil Gaiman a su se réinventer. En s’attardant sur les jeunes années du duo campé par David Tennant et Michael Sheen, et en sortant de son chapeau une nouvelle menace tout droit venue du Ciel plutôt que des Enfers, la série sonne juste, et réussit à devenir un objet cinématographique à part entière, en s’émancipant de son matériau de base.
Tennant et Sheen : le duo infernal
On avait peu de doute sur la question : l’une des plus grandes forces de Good Omens réside dans le talent du duo formé par David Tennant et Michael Sheen qui campent les rôles du démon Rampa (Crowley en VO) et de l’ange Aziraphale. La saison 2 ne déroge pas à la règle, et nous offre un très grand spectacle à l’accent résolument british, et à l’humour absurde assumé.
Pour leur donner la réplique, ils peuvent compter sur une distribution toujours aussi talentueuse. Oubliez Adam Young et Anathema autant que les quatre Cavaliers de l’Apocalypse. La seconde saison resserre ses rangs, dans une narration qui ressemble parfois à un huis clos à ciel ouvert. Seul l’Archange Gabriel, incarné par le génial Don Hamm est de retour. Les téléspectateurs avaient laissé le personnage dans une position d’antagoniste, le voilà désormais amnésique, et doux comme un agneau. Alors que le Ciel et l’Enfer se lancent à la recherche de l’être de lumière disparu, Rampa et Aziraphale vont à nouveau devoir se serrer les coudes pour cacher leur invité surprise aux yeux du monde.
Le trio d’enfer n’est pas le seul à briller. Chez les humains, le couple formé par Magie Service et Nina Sosanya aurait définitivement mérité plus de temps d’écran. Les deux actrices britanniques avaient déjà campé des rôles figuratifs au cours de la première saison (en incarnant les sœurs satanistes Thérèse Garrulous et Mary Loquacious), elles se montrent particulièrement attachantes sur cette nouvelle salve d’épisodes.
Chez les nouvelles recrues, on saluera aussi le talent de Quelin Sepulveda, dans le rôle d’une inspectrice angélique inexpérimentée, qui rêve de gagner ses gallons auprès de la hiérarchie divine. De manière générale, les protagonistes secondaires nous offrent un sentiment d’inachevé. Seule Miranda Richardson, dans la peau de la démon Shax parvient réellement à tirer son épingle du jeu.
Passé présent futur
En misant sur l’humour absurde et les situations improbables, Good Omens ne souffre pas du même premier degré (parfois rébarbatif) qu’adoptait The Sandman. Reste que comme chez sa cousine produite par Netflix, la série de Neil Gaiman multiplie les mini-épisodes pour étoffer le passé de ses protagonistes, ce qui a tendance à brouiller la trame narrative. En explorant le passé d’Aziraphale et Rampa, l’auteur menace à quelques occasions de nous laisser sur le bas-côté. Heureusement, il se rattrape vite. La justesse des dialogues et le talent de Gavin Finey pour la photographie font systématiquement mouche. L’esthétique burtonien du monde démoniaque — tout droit sorti de La Quatrième Dimension — autant que celle de la librairie d’Aziraphale nous en mettent plein les yeux, et on en redemande.
À condition de s’accrocher à son fauteuil, l’enchaînement de ces mini épisodes permet d’étoffer le lore de la série, tout en servant de terrain de jeu aux scénaristes et aux acteurs. Qu’il s’agisse de personnages bibliques ou de pilleurs de tombe, même l’arrivée d’une horde de zombies nazis échappés d’un nanar horrifique des années 1980 ne vient pas gâcher notre plaisir.
Champion du sous-texte
Comme souvent chez Neil Gaiman, le scénario de Good Omens ne se limite pas à une simple histoire de fantasy. Tout au long des six épisodes qui composent la saison 2, Aziraphale et Rampa servent de caisse de résonance à des discours résolument terrestres. Pendant leurs aventures, ange et démon déconstruisent méthodiquement le fossé manichéen entre gentils et méchants, en réécrivant à leur sauce les textes bibliques, où les miracles divins se transforment en malédiction.
La critique est absurde autant qu’elle est acide. Au moment de sa sortie, la première saison avait déjà provoqué l’indignation de certaines associations religieuses. Il y a fort à parier que la saison 2 suivra le même chemin. En mettant en scène un démon au cœur d’artichaut, et un ange prêt à bafouer l’ordre divin pour venir en aide aux humains, Neil Gaiman nous offre un Paradis en pleine crise existentielle, porté par une bande originale de très haut vol signé David Harnold. La reprise d’Everyday de Buddy Holly est une réussite totale, surtout lorsqu’elle est fredonnée à la cornemuse. Pas de doute, elle devrait rester dans l’esprit des téléspectateurs une bonne partie de l’été.
Découvrir Good Omens 2 sur Prime Video
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J’ai beaucoup aimé👍
Du wokisme, toujours plus de wokisme… Good omens 2 n’échappent pas à ce désastre…