Tout juste un an après La Fiancée de Shibuya, Conan Edogawa lève l’ancre vers une nouvelle enquête, cette fois au milieu du Pacifique. Pour son vingt-sixième film, la licence de Gōshō Aoyama change de cap. Les aventures du petit détective s’apprêtent à prendre un tournant décisif. Près de trente ans après l’empoisonnement de Shinichi par l’organisation des Hommes en noir, le héros piégé dans un corps d’enfant va devoir enquêter à visage découvert, et risquer sa vie pour sauver (encore une fois) le monde d’une menace mondiale. Critique.
Conan prend le large
Détective Conan est de ces licences que l’on prend toujours autant de plaisir à retrouver sur grand écran. Reste qu’après 30 ans, 103 tomes reliés et plus de 1000 épisodes animés, la licence commençait à tourner en rond. Les deux derniers longs-métrages animés réalisés par Chika Nagaoka et Susumu Mitsunaka ne prenaient pas beaucoup de risques, en se confortant dans un confortable statu quo, attendu mais efficace. Cette fois, c’est Yuzuru Tachikawa qui est à la barre. Déjà à l’œuvre sur les licences Bleach et Sword Art Online, le réalisateur entend bien faire de son passage un tsunami dans le lore de la saga.
Toujours accompagné de son doppelgänger Ai Habarra et de sa famille d’accueil, Conan profite de vacances bien méritées à Hachijō-jima, au large des côtes japonaises. Heureux hasard pour la suite du film, Interpole a posé ses valises à quelques mètres de là sur la Bouée du Pacifique, une île artificielle perdue au milieu de l’océan. Dans le plus grand secret, des ingénieurs venus du monde entier préparent le Japon à rejoindre un réseau de reconnaissance faciale mondiale. D’ici quelques heures, les millions de caméras de surveillance qui quadrillent la planète seront bientôt capables de géolocaliser n’importe qui, n’importe où.
Si l’idée d’une surveillance de masse digne de la dernière saison de Black Mirror ne semble pas inquiéter Conan et ses amis, les prouesses techniques de l’intelligence artificielle derrière la bouée du Pacifique alertent l’organisation des Hommes en noir, qui craint de voir ses activités criminelles exposées au grand jour. Gin, Vodka et Vermouth décident de s’emparer de la technologie en kidnappant sa créatrice, Naomi Argento. Grâce à l’IA, l’organisation découvre qu’Ai Habarra est toujours en vie, et se mettent en tête de la retrouver.
Le début d’une nouvelle ère
Pour Conan et les Détectives juniors, l’enquête du Sous-marin noir est une véritable course contre-la-montre. Le héros doit non seulement protéger son identité, mais aussi sauver son amie d’un nouvel ennemi surnommé Pinga, infiltré au sein d’Interpol. À condition d’oublier les grosses ficelles qui retiennent parfois la narration – comme le fait qu’un enfant d’une dizaine d’années soit invité dans l’une des bases politico-militaire les plus secrètes du monde avant d’avoir eu le temps de lever le petit doigt, ou encore qu’il parvienne à quitter un sous-marin niché au fond de l’océan sans subir le moindre dégât – l’aventure nous emporte rapidement. On se surprendra même à verser une ou deux larmes lors de la scène finale.
C’est assez rare pour être évoqué, Le Sous-Marin noir ne se contente pas du traditionnel schéma narratif qui articule généralement les films de la saga. Sans trop en dire pour garder un peu de suspens, la fin de cette nouvelle enquête ne marque pas de retour au statu quo original. Pour Conan, certains adieux sont plus difficiles que d’autres.
Cette prise de risque permet à la saga de faire souffler un vent de fraîcheur sur Détective Conan, on ne s’en plaindra pas. L’arrivée de Pinga met un bon coup de pied dans la fourmilière, et si la résolution est finalement assez attendue (voir un tantinet tirée par les cheveux), elle permet d’amorcer un nouvel arc narratif.
Les fans de la première heure ne seront cependant pas déçus. Si Yuzuru Tachikawa veut changer la recette, il garde les mêmes ingrédients. Dès les premières secondes du film, la musique nous hérisse les poils, et nous rappelle au bon souvenir d’un après-midi pluvieux sur France 3.
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C’est pas dit dans le film, mais Kuroda sait que Conan est derrière Kogoro l’endormi et que ce dernier travaille contre l’organisation (il est le supérieur de Bourbon dans les services secrets japonais).
S’il a permis à Conan de venir sur la Bouée du Pacifique c’est qu’il sait qu’il doit y avoir une raison (d’autant plus après l’attaque à Francfort).