Un garçon, Ken Tatakura, dit Okarun. Une fille, Momo Hayase. Le premier est introverti, porte des lunettes, a des difficultés d’interactions sociales, croit aux extraterrestres, mais pas à l’existence des fantômes. La deuxième est jolie, branchée, ne manque pas de répartie et s’avère penser tout le contraire de son camarade de classe. Tout les oppose et tout va les rassembler le jour où après avoir parié pour savoir qui avait tort et qui avait raison, ils se retrouvent face à une vérité implacable : les fantômes et les extraterrestres existent.
Réalisé par un studio plein de… science
Dan Da Dan, c’est ça. Enfin, pardon, sur le fond, qu’on développera encore un petit peu dans les lignes suivantes. Mais sur la forme, on est face à un anime qui joue sur le principe de la constante contradiction, que ce soit sur les relations entre les personnages, leurs motivations, leurs enjeux, mais aussi sur le rythme en lui-même et la narration de l’intrigue, qui nous attrape quand on pense avoir tout vu et tout deviner et nous arrache une larme au moment où on s’y attend le moins.
Diffusé depuis le mois d’octobre dernier en France sur les plateformes Netflix, Crunchyroll, J-One et ADN, l’anime a frappé un grand coup, grâce notamment au travail du studio japonais Science SARU. Si vous êtes bien connecté à l’univers de la pop culture, le studio ne vous est pas inconnu, c’est à lui que l’on doit l’excellente série animée Scott Pilgrim prend son envol, sorti à l’automne 2023 sur Netflix. Science SARU, c’est aussi Devilman Crybaby en 2018, le film Inu-Oh en 2022 ou encore deux épisodes de la série anthologique Star Wars Visions (2021). Sacré CV.
Cassage de codes en règle
À l’image, ce dernier se ressent très vite avec une qualité d’animation certaine, qui sert tous les aspects de l’intrigue. Quand le texte est profond, l’émotion est palpable, à l’image de l’épisode 7 qui ferait couler des larmes à un cœur de pierre. Quand ça s’agite, avec des duels frontaux avec des spectres ou des aliens, l’image s’emballe, se distend, se déforme, dans un joyeux bordel coloré assumé et au rendu assez exceptionnel. Des choix de plans originaux, des zooms variés, un travail très fourni sur les paysages pour venir tout chambouler l’instant d’après par une scène totalement décalée. En définitive ? C’est beau, très, très beau même, très bien animé et cela sert grandement la cause d’une narration assez bluffante.
Si Dan Da Dan joue sur l’absurde en permanence, c’est pour mieux casser les codes du shonen classique et Ă©viter au spectateur une lisibilitĂ© trop Ă©vidente sur les Ă©vĂ©nements Ă venir. Les personnages sont des contradictions permanentes, Ă l’image de Jiji, l’ami d’enfance et premier amour de Momo, sportif et beau gosse qui s’avère ĂŞtre un comique 24/24, mais avec flanquĂ© d’une gentillesse infinie. Le contraire du sportif populaire au lycĂ©e. Idem pour l’histoire.
Les deux boules d’un mec
Dans Dan Da Dan, notre duo va vite accueillir une plĂ©thore de personnages, tous plus ou moins importants, avec des enjeux tournant autour de plusieurs thèmes principaux dont l’amour et le sexe. Une façon comme une autre de revisiter des sujets indĂ©modables et toujours aussi connectĂ©s Ă notre quotidien. Après une rencontre avec un esprit particulièrement belliqueux, MĂ©mĂ© Turbo, qui va le maudire — ce qui lui permettra plus tard de conserver ses pouvoirs — Okarun se retrouve Ă la recherche de ses… testicules perdus.
https://x.com/Crunchyroll_fr/status/1768681410531840344
Ne demandez pas pourquoi, ce serait vous enlever tout le sel de l’histoire. Mais sachez que cette quête va impliquer tout son nouveau cercle social et évidemment, Momo en premier lieu. Chercher les testicules de son pote est une chose, chercher les bijoux de famille d’un garçon pour qui on craque sans même parvenir à se l’avouer en est une autre et c’est aussi ça, Dan Da Dan : une sacrée comédie romantique.
Fuis-moi, je te suis… mais jamais tout seul
Ces deux êtres que tout oppose se fuient et se cherchent en permanence, au fur et à mesure que l’évidence s’impose à leurs yeux. Évidemment, il y a du monde autour, des enjeux variés, de la jalousie et des protagonistes qui viennent compléter le duo pour former un triangle amoureux puis un carré puis… vous avez compris. Les situations cocasses, les quiproquos se mélangent, sans nuire à l’histoire, sans être lourd, puisqu’au fond, on se rend vite compte qu’on adore ça et qu’on en redemande même.
Les codes de la comédie romantique sont là , revisités, sans être “gnangnan” et la qualité d’écriture y est pour beaucoup. À nos yeux, la romance développée dans Dan Da Dan est une des meilleures que l’on ait vues depuis bien longtemps dans un anime, qui plus est dans un shonen, qui a toujours tendance à nous l’imposer ou à la suggérer de manière discrète, sans jamais l’assumer dans son propos principal.
Un sans-faute oui, mais jusqu’à quand ?
Dan Da Dan aurait pu se contenter de jouer sur ces thèmes de base, l’occulte et le surnaturel, pour nous séduire. Non, l’anime donne du coffre à toutes ses composantes, servi par un casting aux petits oignons. Mention spéciale pour la grand-mère de Momo, Seiko, mentor spirituel de sa petite-fille et qui, par ces décisions toujours aussi farfelues, la guide sur le chemin de la maturité. Momo est exceptionnelle, Mémé Turbo une fois contenue dans un chat porte-bonheur a les punchlines qu’il faut au moment opportun… chacun des personnages, qu’il arrive en cours de route ou pas s’impose tout de suite, dégage un charisme, un potentiel sympathique qui fera débattre de nombreuses heures les fans sur qui est son préféré et pourquoi.
https://x.com/Crunchyroll_fr/status/1825570452187582845
Si le look des mĂ©chants est souvent grotesque et leur motivation un peu “neuneu”, force est de constater qu’on a dĂ©vorĂ© les 12 Ă©pisodes de Dan Da Dan. Avec la furieuse envie, vu le double cliffhanger de fin, d’y retourner. On est sur un sans-faute, servi par un opening de très, très grande qualitĂ© et l’inquiĂ©tude face Ă un produit de cette dimension, c’est finalement de se demander si le miracle va se poursuivre encore longtemps, si on ne finira pas par se lasser de ces pĂ©ripĂ©ties en tout genre et si l’histoire continuera Ă nous surprendre. Premiers Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse en juillet prochain, pour la diffusion de la saison 2. En attendant, il serait vraiment dommage de passer Ă cĂ´tĂ© de ce phĂ©nomène.
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