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Critique Daredevil : Born Again : le diable de Hell’s Kitchen est de retour

Disponible à compter de ce mercredi 5 mars, les deux premiers épisodes de Daredevil : Born Again nous replongent dans l’univers de l’Homme sans Peur et de sa nemesis, Wilson Fisk avec un double enjeu : conserver l’ambiance et l’aspect sombre de la série autrefois sur Netflix et amorcer une vraie relance autour de la hype des productions Marvel. Et le contrat est bien parti pour être plus que rempli.

Évoquer la série Daredevil, sortie sur Netflix à l’été 2015, avant d’être rapatriée la même saison sept ans plus tard (2022) sur Disney +, c’est à la fois remuer des bons souvenirs et susciter de la peur. Un constat ironique pour la deuxième partie lorsqu’on connaît l’un des célèbres surnoms du personnage, l’Homme sans Peur. Mais sans pour autant être dénué de vérité.

Daredevil en 2015, c’est une série sombre, une série forte, un univers violent comme rarement Marvel a su le matérialiser à l’écran avant et comme jamais jusqu’à présent — excepté avec le Punisher, le MCU a su nous l’offrir après. Écriture, ambiance, personnages ultra-charismatiques, à l’image de l’avocat-justicier Matt Murdock et de son adversaire, Wilson Fisk, et acteurs à l’interprétation remarquable – Charlie Cox pour Daredevil, Vincent D’Onofrio pour le Caid : Daredevil avait marqué les esprits durant trois saisons, élargissant son champ d’action avec des menaces comme La Main, Bullseye, l’intégration d’une réunion de super-héros urbains, The Defenders (Luke Cage, Jessica Jones, Iron Fist) ainsi que la gestion toujours aussi délicate du justicier sans pitié Frank Castle.

Des épisodes qui frappent fort, d’entrée

À l’époque, on évoque une “masterclass”. Alors forcément, quand une nouvelle série Daredevil, Daredevil : Born Again est annoncée en juillet 2022 lors de la San Diego Comic-Con, la crainte s’installe. Celle, compte tenu de la qualité globale des séries Marvel désormais, d’un produit au rabais et bien loin des standards établis par la première série d’origine. Crainte accentuée par les atermoiements en coulisses, la dernière grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood et la réécriture totale de la série à la moitié de sa production.

Pour convaincre, au-delà du fait de réunir le casting d’origine des dernières saisons – Foggy, Karen, Matt, Wilson Fisk, sa femme Vanessa, Frank Castle – Daredevil : Born Again se devait de frapper fort. Très fort. Et cela tombe bien, c’est exactement ce que fait la série créée par Dario Scardapane et réalisée par le duo formé par Justin Benson et Aaron Moorehead. Les trois hommes n’en sont pas à leur coup d’essai chez Marvel Studios : le premier s’est notamment chargé des deux saisons du Punisher tandis que les deux autres ont réalisé la série Moon Knight et quelques épisodes de la saison 2 de Loki.

Un Fisk différent et plus exposé

Le trio s’est efforcé de se rapprocher au maximum du produit d’origine, à tel point que les deux premiers épisodes de Daredevil : Born Again ressemblent plus à l’introduction d’une saison 4 qu’à un soft reboot du personnage et de son univers. En parlant d’introduction, cette première fournée d’épisodes, disponible ce mercredi sur la plateforme Disney +, a le mérite de nous rappeler l’essentiel des enjeux des trois précédentes saisons. Évidemment, on ne saura trop vous conseiller d’avoir fait vos devoirs avant, devoirs impliquant en plus des saisons 1,2 et 3 de Daredevil, les séries Hawkeye et Echo. Car dans Born Again, le focus n’est pas seulement braqué sur Matt Murdock – on y reviendra – mais aussi sur son meilleur ennemi, Wilson Fisk.

Fisk Daredevil Born Again
© Marvel Studios

Ce dernier, à la fin de la série Echo, a été guéri d’une grande partie de ses traumatismes d’enfance par Maya Lopez. Remis de sa blessure à l’œil – son ancienne protégée lui a littéralement tiré dessus à la fin d’Hawkeyel’ancien grand manitou de la pègre new-yorkaise s’apprête à faire son retour dans la Grosse Pomme, avec une ambition politique : celle de devenir maire. Objectif que l’intéressé va atteindre dans Born Again, non sans conséquences, on peut évidemment s’en douter. Fisk, qui a toujours agi dans l’ombre et n’a jamais voulu s’exposer en public, va devoir apprendre à composer avec une notoriété nouvelle. Tout en reprenant le fil d’une relation mise sur pause avec Vanessa, sa femme.

Matt secoué comme jamais

Revenons à Matt. La bande-annonce laissait entendre que ce dernier avait remisé costume et bâtons pour ne garder que le costume de l’avocat. Oui, mais pour quelle raison ? Sans vous spoiler celle-ci, les deux premiers épisodes répondent à la question de façon spectaculaire et posent les bases de ce nouveau Daredevil, avec une dualité déjà bien marquée chez Matt, tiraillé entre son passé de justicier et sa volonté de faire le bien et d’améliorer le système. On peut supposer que celle-ci va durer un moment et il faudra attendre la découverte des sept derniers épisodes pour savoir comment Matt va finir par tourner le dos à ses nouveaux principes et à renfiler le masque.

Matt Et Fisk
© Marvel Studios

Ce qui est certain, c’est que Marvel voulait frapper un grand coup pour le retour en grande pompe de Daredevil et c’est le cas, avec un événement d’une envergure conséquente, que peut-être une poignée de fans ou de théoriciens, entre analyses et interprétations des déclarations des uns et des autres, avait pu voir venir. Cet événement donne le ton de Born Again, qui se veut sombre, violent, très violent et avec une mise en scène finalement très proche des saisons de Daredevil. Le produit source est respecté et on n’aura plus peur de de dire que le sang peut couler à flot chez Disney, avec un mélange entre la violence des mots et la brutalité des coups, reçus comme distribués.

Une même recette qui évolue, des effets spéciaux qui font (un peu) tache

Ecriture, dialogue, jeux d’acteurs : tout est dans la continuité du passé, avec un curseur placé plus haut, en espérant qu’il ne descende jamais au fil de la saison. Même le générique suit le même cheminement de pensée : on retrouve la tonalité et le thème de celui réalisé à l’époque par John Paesano, avec un rythme plus lent et un autre arrangement signé des Newton Brothers. Même chose pour la direction artistique, qui rappelle un peu différemment les thèmes exposés (la chute du système judiciaire, New-York) à l’époque.

Seule fausse note notable dans ces deux premiers épisodes : si les chorégraphies lors des scènes d’action ont été travaillées, certains effets spéciaux sont beaucoup moins convaincants au rendu, notamment dans le domaine aérien, ce qui est dommage pour un super-héros urbain habitué à se balancer de toit en toit avec son grappin. Espérons que cela s’améliore dès les prochains épisodes et les futures autres voltiges de Matt Murdock. Dès l’épisode 3 ?

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Notre avis

Dans une année où Marvel a besoin de marquer des points, vu les échéances à venir et les gros projets en chantier, Daredevil : Born Again réalise une entrée fracassante. Ces deux premiers épisodes, qui mettent clairement les enjeux en place, sans pour autant tous les exposer, constituent une introduction réussie, avec une filiation très forte avec le produit d’origine. Il faudra juger sur la durée, voir si le soufflet ne retombe pas et espérer que le meilleur reste à venir mais au vu de ses débuts, Daredevil : Born Again semble bien parti pour être l’un des meilleurs produits sortis de chez Marvel Studios. Et il était temps.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 9 / 10

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