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[Critique] Dalton Trumbo

Le biopic de Dalton Trumbo sort demain dans les salles, et met en lumière l’acteur Bryan Cranston dans un rôle de composition. Un choix concluant ? Ce…

Le biopic de Dalton Trumbo sort demain dans les salles, et met en lumière l’acteur Bryan Cranston dans un rôle de composition. Un choix concluant ?

Cranston-Trumbo

Ce n’est pas la première fois que le cinéma américain semble vouloir exorciser la Guerre Froide et fouiller dans son passé, mais la période semble plus que jamais d’actualité. Spielberg et les frères Cohen se sont d’ailleurs récemment pliés à l’exercice avec Le Pont des Espions et Avé Caesar. Si le premier, tout en tension, laisse transparaître une critique de la pensée US de l’époque, le second tourne en dérision les communistes d’Hollywood, en les traitants comme des intellectuels atteints d’une maladie passagère.

Le film de Jay Roach s’intéresse à l’un d’entre eux, et tente de rallier l’humour des Cohen à des productions autrement plus sérieuses comme La Liste Noire (Winkler) ou le très engagé Good Night and Good Luck (Clooney). L’itinéraire de Dalton Trumbo s’y prête particulièrement bien puisqu’il a subi la violence du maccarthysme de plein fouet. Ouvertement communiste, il fut pris pour cible par la Commission de la Chambre sur les activités antiaméricaines , qui voit en lui et ses collegues des traitres à la nation. Leurs actions, couplées à l’ambiance paranoïaque qui régnait sur les plateaux aura tôt fait de permettre le boycott de 300 artistes, qui s’attireront l’ire d’une grande partie du public américain.

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Bryan Cranston enfile le costume de Trumbo à merveille. Étiqueté comme le talent le plus tardif d’Hollywood, l’acteur évite les écueils et saisit l’esprit malicieux de ce scénariste, boulimique de travail. Confronté à des seconds rôles triés sur le volet, Helen Mirren et John Goodman en tête, il laisse transparaître la pugnacité du personnage tout soulignant l’insouciance d’une certaine bourgeoisie de l’époque. La photographie est soignée et met en valeur une mise en scène efficace, mais trop académique.

Ce paradoxe se retrouve d’ailleurs dans les travaux de Roach, qui oscillent entre Mon Beau-père et moi et Recount, un des téléfilms politiques les plus ambitieux de ces dernières années. Le réalisateur alterne entre dénonciation de l’hypocrisie ultime du milieu du cinéma et une galerie burlesque de réalisateurs et d’auteurs. John Wayne devient ainsi l’incarnation la plus pure du parti républicain quand Otto Preminger représente une certaine ouverture d’esprit « européenne ».

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Au milieu de ces artistes prêts à trahir leur conviction pour un second rôle, John Goodman excelle en producteur de nanar qui permettent à Trumbo de survivre. Le film tacle aussi l’idéalisme de ces « résistants » en nœud papillon, qui brandissent le communisme comme facteur de libération sociale sans vraiment savoir ce qu’il se passe en union soviétique.

On déplore en revanche que le long-métrage ne se focalise pas plus sur les chefs-d’œuvre de l’écrivain, auteur de monuments comme Spartacus, Exodus ou Johnny s’en va-t-en-guerre. C’est d’autant plus dommage que c’est grâce à son talent qu’il s’affranchira du maccarthysme, qui l’a poursuivi pendant tant d’années. Si l’humour permet de redonner sans cesse du rythme à la narration, il a tendance à édulcorer les effets néfastes du combat de Trumbo sur lui-même et sa sphère familiale.

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On le voit certes travailler et se « doper », mais insister un peu plus sur la face plus sombre de l’écrivain, devenu accro à l’alcool et aux amphétamines, aurait permis de donner plus de relief à son sacrifice. Ceux qui voulaient en savoir plus sur l’homme en lui-même resteront peut-être sur leur faim. Mais son combat intellectuel vaut déjà largement le détour.

Malgré une mise en scène sans fulgurances, Dalton Trumbo est un film malin porté par un casting de haut vol. Il n’arrive pas toujours à relier la petite histoire à la grande, mais décrit avec précision l’état d’esprit du cinéma américain pendant la guerre froide. Il nous rappelle habilement que n’importe quelle nation, aussi puissante qu’elle soit, peut rapidement tomber dans le piège de la censure et de la prohibition. Un message toujours utile alors que la liberté d’expression est au cœur de tous les débats.

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1 commentaire
  1. Tres bon film candidat aux oscars qui a ete écarté suite à la pression des medias (Leo tu ne meritais pas ce prix) et au scandale discriminatoire soulevé par ce chef d’oeuvre.

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