Lorsque Michel Hazanavicius a déclaré vouloir réaliser un remake de Ne coupez pas !, tous les sourcils se sont levés d’étonnement. Il faut dire que le film japonais sorti en 2019 s’est rapidement fait une réputation de petit bijou dans le milieu et ce, malgré une relative invisibilité pour le plus grand nombre. Dès lors, voir le réalisateur des deux premiers volets d’OSS 117 ou de La Classe américaine s’atteler, de plus si tôt, sur une adaptation française, avait tout du projet casse-gueule dont on ne comprenait pas l’intérêt, et croyait encore moins en sa réussite. Sauf peut-être pour faire une publicité supplémentaire à l’original.
Sauf que Coupez ! a réussi à attirer l’attention, en grande partie par son statut de film d’ouverture du Festival de Cannes (hors-compétition). Erreur de programmation ? Copinage ? Chantage d’un réalisateur connaissant l’école où sont scolarisés les enfants du président du Festival ? Non, Coupez ! est tout simplement un bon film. Un très bon film.
Pour celles et ceux au fond de la classe qui n’auraient pas suivi le pitch du métrage de Shin’ichirô Ueda, celui d’Hazanavicius reprend les mêmes lignes : un tournage d’un film de zombies petit budget avec une équipe très peu impliquée, hormis le réalisateur, est soudain perturbé par l’irruption de véritables morts-vivants.
L’originalité d’Ueda
Rendons à César ce qui appartient à César, la première réussite du film tient à son intrigue tirée de son aîné. On ne saurait trop vous en dire sans vous révéler les moments forts de Coupez !, mais il convient de surligner une information importante : le long-métrage ne vous donnera de prime abord aucune clé de compréhension quant à son objectif. En résulte une première demi-heure réellement nanaresque où on a le sentiment d’assister à un film (faussement) de série Z qui cumule les mauvais effets, les mauvais maquillages et les pires jeux d’acteurs se contentant de dialogues lourdingues.
Une entrée en matière a priori rebutante pour qui n’aurait pas été préparé à s’infliger une telle médiocrité. Il y aura même fort à parier que certains ne pousseront pas la curiosité plus loin, se demandant comment le cinéaste et le casting aient pu signer pour ça avant de quitter la salle.
Grosse erreur tant cette première partie est nécessaire pour la suite qui dévoilera des trésors d’intelligence et d’imagination, bouleversant notre vision de l’œuvre. Le scénario prend alors la forme d’un pari. Un pari risqué où on tente de maintenir l’intérêt du spectateur par son plus mauvais côté d’entrée de jeu avant d’exceller par la suite en dévoilant ses secrets. L’entreprise est folle, l’idée est géniale.
Parce que le film est avant tout une lettre d’amour enflammée pour le cinéma Z ; celui qui surmonte son budget, son amateurisme pour aller jusqu’au bout de son entreprise contre vents et marées. Celui qui ne renonce jamais pour nous offrir le meilleur du pire et nous rappeler qu’on commence tous quelque part et qu’avant de réaliser Titanic, James Cameron nous offrait Piranha 2.
L’expérience et l’humour d’Hazanavicius
Mais pourquoi un remake si le récit reste quasiment le même ? Juste une question de visibilité ? Non, car derrière Coupez ! se cache Michel Hazanavicius et que le réalisateur a du bagage, que ce soit derrière la caméra ou dans la comédie. Son premier apport réside dans cette fameuse première partie dans laquelle il distille assez de faux pour maintenir notre curiosité en éveil là où son homologue jouait la carte du médiocre plus vrai que nature. L’approche française peut paraître moins courageuse, mais elle a le mérite d’amuser d’emblée, installant tranquillement son ambiance future sans provoquer un décalage trop déstabilisant.
Ensuite, le réalisateur à l’ingéniosité d’assumer son adaptation en l’intégrant au scénario. Coupez ! assume son modèle, le revendique, le montre et tourne en ridicule le concept même du copier-coller. Le cinéaste retrouve avec délectation son esprit parodique en utilisant son remake pour se moquer de cette mode où on n’adapte plus, on calque. Un film dans le film où on abandonne toute réflexion pour obéir aux décideurs. La critique n’est pas subtile, mais elle est écrite avec le plus grand amusement.
Et puisqu’on vous parlez tantôt de l’humour, là encore le réalisateur nous offre un bijou du genre où les vannes fusent aussi rapidement que le grand guignol prend possession de chaque situation. On est dans l’absurde, le burlesque, un grand bordel où chaque personnage arrive à briller dans l’unique but de nous faire marrer. Et à ce jeu-là, Romain Duris trouve l’un de ses meilleurs rôles en tant que chef d’orchestre de cette fantastique supercherie.
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Cela a l’air d’un film de la série B selon ces captures , l’humour pas très fin du 1er degré ?
Cela plaira peut-être après tout.
Le but est de remplir à nouveau les salles de cinéma alors que nous sommes en post covid (où en tous els cas vivons comme si il n’était plus là)
Vu ce mardi et j’ai bien ri.
Du bon Hazanavicius.
Seule ombre au tableau, Bérénice Béjo, que j’ai trouvé un cran en dessous du reste du casting, comme bien souvent malheureusement… Mais c’est sa femme, et il la case presque dans tous ses films…Elle a bien de la chance.
Pas vu, mais l’idée du tournage d’un film ringard, ça penser à un film encore plus ancien l’original Nippon, “Ca tourne à Manhattan” de 1995, très réussi, dans celui là, la cible c’était l’intellectuel New Yorkais, genre de caricature à la Woody Allen.
Brillant remake. Une belle montée en puissance : jouissif.