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Critique Civil War : déjà le film de l’année ? 💥

Il y a des films dont les images restent gravées longtemps après, comme si leur but était de hanter un spectateur témoin de ce qu’il ne voulait pas voir. Civil War, porté par Kirsten Dunst, est de ceux-là.

De l’aveu d’Adam McKay, lorsqu’il préparait le scénario de son Don’t Look Up : déni cosmique, il a dû le réécrire plusieurs fois pour forcer le trait de sa satire tant la réalité – entre l’élection de Trump et l’épidémie mondiale de COVID – rattrapait sans cesse l’absurdité initiale de sa fiction. Difficile de ne pas penser à ces propos lorsqu’on pose notre regard sur Civil War d’Alex Garland, portrait fictif d’une Amérique en proie à une nouvelle guerre civile dans un futur proche.

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© A24 / DCM

En prenant le parti de suivre cette destruction des États-Unis tels que nous les connaissons par le biais d’une équipe de journalistes traversant un bout du territoire pour se rendre à Washington DC avant sa chute, le réalisateur et scénariste nous renvoie volontairement aux images de l’attaque du Capitole américain aux premières heures de l’année 2021 par les partisans d’un Président attisant les braises. D’une allocution initiale d’un chef de l’État (incarné par Nick Offerman) coupable de prime abord – avant que l’on n’en apprenne davantage – d’un déni manifeste de la réalité, le cinéaste nous renvoie à ces chefs d’État autour du globe fautifs du même tort. Le premier pas dans Civil War est tremblant, car le film n’a d’inventé que la situation présentée, pas les causes et encore moins son portrait des conséquences. Et, contrairement à Don’t Look Up, on ne peut pas se réfugier derrière l’humour.

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© A24 / DCM

En tant que metteur en scène, Alex Garland a autant de défenseurs que de détracteurs. Néanmoins, on ne peut nier qu’au sein d’Ex Machina, Annihilation, la série Devs ou Men se dévoilent de vrais gros morceaux de cinéma capables de nous emporter sur un plan de film. Civil War ne fera pas exception et il suffit d’une explosion kamikaze pour nous faire entendre l’ampleur du drame qui va se dérouler devant nous.

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© A24 / DCM

Captation America

Mais Civil War est surtout un film de peu de mots, où Garland, épousant le principe d’Hitchcock qui déclarait que « tout ce qui est dit et non montré est perdu pour le spectateur », place l’image au centre de son récit. Une pièce maîtresse de sa dramaturgie à la fois dans ce qu’il met lui-même en scène et par ses deux figures féminines principales, photographes de guerre. Le long-métrage n’a pas vocation à nous expliquer la situation géopolitique, c’est une capture d’un moment de pure folie où des hommes s’entre-tuent par conviction, par rage, par survie ou par pulsion.

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© A24 / DCM

L’appareil photo se transforme alors en symbole. Là où la caméra est devenue une arme de propagande aux mains de chaque belligérant, l’appareil photo est une captation objective de la réalité. Il grave l’image des victimes de guerre, de ceux qui la font, de toute l’absurdité et de la morbidité de ce nouveau monde, sans distinction de camp. Un point de vue que le film embrasse en évitant d’exploiter les allégeances. Qu’on soit catapultés au sein d’une escarmouche ou d’un groupe armé isolé, on ne peut que deviner qui se bat sous quel drapeau, sans aucune certitude avant le champ de bataille final, nécessairement plus explicite. Une volonté de nous laisser dans le flou pour nous surligner l’évidence : dans une guerre civile, il n’y a pas de gentils ou de méchants, l’essentiel est juste d’être celui encore en vie à la fin. Quand deux snipers se croisent, le pourquoi devient stupide, seul reste le « comment être celui qui fera le bon tir ? ».

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Ce refus de s’attarder sur le contexte général peut créer une forme de frustration, Civil War étant en perpétuel décalage entre ce que nous aurions pensé voir et ce qu’il veut qu’on voit. Alex Garland est le seul maître à penser de son histoire et n’a pas la bonté de vouloir lâcher la moindre concession afin de nous dresser un portrait plus élargi de la situation. À l’image de ses personnages, le métrage suit sa route, s’arrête pour porter un regard sur des cas isolés, mais ne se lancera jamais dans une vision aérienne de son sujet. Civil War est une interview inversée où il nous donne ses réponses en nous abandonnant avec nos autres questions. Et pourtant, tel le journaliste Hunter S. Thompson nous racontant le derby du Kentucky sans écrire une ligne ou presque sur les chevaux, Alex Garland a parfaitement retranscrit les détails d’une guerre civile sans s’embourber à l’expliquer.

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Iron Woman

Un portrait brut et brutal d’une Amérique en plein chaos au travers des images nihilistes prises par celles et ceux qui refusent de prendre parti, mais dont la réalité en fait des acteurs à part entière. C’est là l’autre tour de force de Civil War, celui de rester coller aux visages des personnes qui ont le leur collé à l’appareil alors que la mort devient une routine comme une autre.

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Une galerie de personnages qui ont délaissé la morale et la solidarité dans leur quête du bon cliché, de l’exclusivité. Comme si, pour parvenir à capturer l’âme des participants au conflit, il fallait avoir abandonné la sienne. La perte d’humanité se joue ainsi à chaque niveau et le film met en scène ce point de bascule lorsque la photographe de guerre émérite, jouée par Kirsten Dunst, rencontre la novice Cailee Spaeny (qui brillait en début d’année dans Priscilla). La première est un exemple de froideur forgé par des années de conflits aux quatre coins du monde et qui n’a pas davantage de sensibilité pour celui touchant aujourd’hui son entourage. La seconde cherche la gloire sans avoir conscience de ce que signifie côtoyer la mort.

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À ce titre, Alex Garland a fait des choix de casting judicieux, tant Kirsten Dunst est désormais une figure installée à Hollywood qui voit Cailee Spaeny, dont la carrière s’annonce tout aussi prometteuse que son aînée, marcher sur ses traces. Une sorte de passage de relais qui peut également se voir comme un avertissement cynique envers une industrie qui n’hésitera jamais à sacrifier ses gloires vieillissantes (on sait combien il devient plus difficile pour les actrices ayant dépassé quarante ans de trouver des rôles au sein des productions américaines) au profit d’une jeunesse qui a faim.

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Deux femmes, bien accompagnées par Wagner Moura et Stephen McKinley Henderson, dont la guerre va tester les limites. Jusqu’où peut-on regarder des cadavres en face avant de se perdre ? Jusqu’où peut-on regarder des cadavres en face avant de se retrouver ? Civil War propose un récit humain glaçant où une photo peut dire la vérité et un cri nous ramener à la réalité. 109 minutes qui en paraissent le double lorsqu’on les passe en apnée, le souffle coupé par une tension de chaque instant. Le meilleur film de Garland et l’une des œuvres majeures de l’année, assurément.

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Notre avis

Civil War fait partie de ces films qui ne s'oublient pas facilement dans son portrait glaçant, nihiliste et maîtrisé d'une Amérique en proie au chaos. Tout n'y est que folie, celle des hommes qui font la guerre comme ceux qui s'en veulent les témoins. Comme cela devient une habitude avec Alex Garland, le réalisateur et scénariste déteste emprunter les chemins balisés, préférant nous livrer une guerre civile qui ne ressemble à aucune autre, sauf à la sienne. Un parti-pris qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais qui vaut absolument le coup d’œil.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 9 / 10
9 commentaires
  1. Vous avez quand même pas mal avec vos conviction partisanes…. et donc la manipulation des élections par les démocrate on oublie ? La présence avéré du FBI parmis les manifestants pour mettre le feu et inciter les gens à rentrer dans le capitole on oublie aussi ??

        1. Leur flotte attend patiemment derrière la face cachée de la lune pour intervenir justement que le FBI et les Chinois s’allie pour faire gagner Poutine contre les rempants qui sont encore plus dissimulé que les reptiliens…

  2. t inquiète Trump arrive avec ses propres complots, pas besoins d’en rajouter… Mais n’oublie pas ton gilet par-balle

  3. Mouais vu hier, cette critique est bien pompeuse pour le vide de ce film. C’est beau d’utiliser le mot nihiliste mais c’est du vide plus simplement.
    Je comprends l’idée de ne pas prendre parti et de ne pas connaitre le contexte pour montrer qu’il n’y a ni gentils ni méchant n’est pas inintéressante en soi. C’est vrai qu’alors on se met dans la peau d’un journaliste neutre. Mais à ce moment là il ne fallait pas dire que le gouvernement faisait tuer les journalistes à vue. On se retrouve alors forcément du coté de l’AO.
    L’idée de faire des plan sur la beauté calme des fleurs et des jolies prairies pour contraster avec la folie de la guerre c’est sympa mais ça va 5 minutes. La quantité de plans de remplissage contemplatifs et de plan de regards profonds (vides) est hallucinante. Du coup il ne se passe rien pendant ces moments. Alors oui on montre des visages et il n’y a pas de dialogues mais ça ne montre rien et c’est bien du temps perdu.
    Oui il y a quelques scènes assez crues dures. Bref la quasi absence de dialogues et de contexte fait qu’on a pas vraiment à faire à un film, il n’y a même pas un scénario, il n’y a qu’un pitch. De fait l’empathy pour les personnages est presque absente, je pense même que c’est voulu mais alors si on ne ressent même pas d’émotion, à quoi bon ?

    Et la fin me semble bien incohérent pour un film de guerre, on ne fait pas ce qui a été fait dans un contexte stratégique de guerre et, “il” n’aurait jamais dû être là, il devrait être dans un bunker

    Voilà encore un film prétentieux qui ne dit rien

  4. Je ne suis pas d’accord avec ce dernier commentaire. Le film pointe le voyeurisme de ces photographes de guerre en quête d’une image héroïque de combat. Dans leur périple à travers un pays en feu, ils tombent par hasard sur un village épargné. Sur place, peu d’habitants restent mais ils se tiennent à l’écart du combat (idéologique ?) et vivent donc en paix.

    Cette Amérique d’un autre temps, plutôt qu’intéresser les Photographes, les transforme en consommateurs. Ils ne pensent qu’à acheter – robe, chapeau – alors qu’ils pourraient donner un visage et un poids à cette autre Amérique. Mais si ça saigne pas, ça n’intéresse pas la Presse.

    Le film est donc une acerbe dénonciation de cette presse américaine et mondiale qui attise le feu en grossissant chaque fait d’arme d’un camp ou d’un autre.

    Un road movie à travers une Amérique de demain, une dystopie que la Presse aura soin d’empêcher, en calmant le jeu.

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