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Critique Citadel : Diana : série d’espionnage capillotractée ?

Citadel : Diana est-il seulement un spin-off pas terrible d’une série pas terrible ? Aura-t-on l’explication de la coupe de cheveux de l’actrice Matilda De Angelis ? Si juvabien, c’est juvamine ? On va tenter de répondre à presque toutes ces questions.

Dans la guerre de contenu que se livrent les plates-formes de streaming – qui sont néanmoins tombées d’accord pour augmenter les prix, nous refiler la publicité et nous priver du partage de compte – certains services de SVOD ont trouvé leur cheval de bataille, leur petit vivier privilégié. Pour Prime Video, si l’Heroic Fantasy tient une bonne place au sein du catalogue, c’est l’espionnage qui a le beau rôle avec des films et séries en production continue. Jack Ryan, Reacher, The Terminal List, Mr & Mrs Smith… La liste est très longue. Le studio désormais propriétaire de la licence James Bond aime jouer avec les subtilités du genre, mais il lui faut toujours sa dose d’action, d’agence secrète, de trahison et de complot politique. En 2023, ce sont les frères Russo, responsables des plus gros succès Marvel, qui s’occupent de reprendre en main Citadel, une série ayant connu pas mal de complications au point que l’équipe créative aura dû être renouvelée plusieurs fois avant de livrer une version finale fastidieuse.

Résultat, si les frangins ne sont que producteurs exécutifs, on voit leur patte derrière la création de Josh Appelbaum et Citadel n’est pas déplaisante à regarder grâce à un rythme soutenu qui promet un rebondissement par tranche de dix minutes (on a compté), deux comédiens beaux gosses et un mélange entre Mission : Impossible et Jason Bourne. Regardable oui, mais surtout oubliable, car elle ne fait que cumuler les poncifs du genre sans y apporter sa moindre touche d’originalité. Sur les sites agrégateurs d’avis, presse ou public, elle se contente d’avoir la moyenne, pas moins et certainement pas plus. De là à penser que la série avait le potentiel pour devenir une franchise, il y avait plus qu’un pas, mais les chiffres ayant été apparemment au rendez-vous, la loi du marché est impitoyable. Alors en attendant la saison 2, Citadel : Diana débarque.

L’histoire se déroule sur deux époques. En 2022 où Diana, alias Agent 308, est une membre de Citadel infiltrée au sein de Manticore Italie alors que Citadel s’apprête à être anéantie ; et en 2030 où Diana et sa nouvelle coupe de cheveux essaient de quitter Manticore alors que de grands changements au sein de l’organisation se préparent.

À un cheveu de rompre avec Citadel

Il y a trois catégories de spin-off. La première va passer son temps à faire des références grossières à son modèle. La seconde va tenter le numéro d’équilibriste entre héritage et renouveau. La troisième semble ignorer qu’elle est un spin-off. À la manière d’un Paris Has Fallen aussi proche de sa franchise-mère que Vin Diesel d’un oscar du Meilleur acteur, Citadel : Diana ne colle à son aînée que par le physique de son casting, sa temporalité et sa capacité à répéter « Manticore » et « Citadel » comme pour s’en souvenir elle-même.

Un lien si peu tenu que l’avantage est de pouvoir se lancer sur la série sans avoir besoin d’une séance de rattrapage. Le peu d’éléments obscurs étant finalement assez explicites au fil des flashbacks pour ne pas se sentir lésé. Nouvelle histoire, nouveaux personnages et aucune tête vue précédemment pour jouer le clin d’œil. Pour le coup, on reconnaît cette volonté du show de se démarquer de son modèle et de donner la note avec sa propre musique. Pari risqué, mais assumé avec une équipe quasiment entièrement italienne pilotée par Alessandro Fabbri. Les Russo et Appelbaum restent dans le coin en tant que producteurs exécutifs, sans interférer avec ce nouveau bébé.

Une démarcation qui se ressent dans l’ambiance puisque finis les rebondissements systématiques. L’ambiance est plus posée, resserrée autour de quatre personnages et le drame familial remplace une bonne partie de l’action. Si la Diana de la série tente d’échapper à Manticore et au bon goût capillaire, la Diana du titre paraît proche de se débarrasser de Citadel.

Rien à f’hair

Cela demande un certain courage de se défaire de son modèle et cela demande du talent d’en faire quelque chose de correct. Manque de coupe au bol, Citadel : Diana est aussi intéressante à suivre qu’une conférence sur la culture de la pistache de nos ancêtres à nos jours (on n’a cependant rien contre ceux que ça intéresserait, chacun ses hobbies). Les rebondissements omniprésents de Citadel permettaient au moins de relancer une intrigue faiblarde. Ce qu’il manque cruellement à ce spin-off qui a fait le tour de tout ce qu’elle avait à raconter en un épisode et qui ne fera que patiner les cinq suivants. Elle tentera bien d’avancer par moment, mais davantage par obligation que par envie ; de sorte que le twist débarque comme un cheveu sur la soupe en occultant des éléments installés précédemment qui invalident le dit twist. Il semblerait que les scénaristes utilisent la stratégie bien connue du « si je n’en parle plus, ça n’existe plus ».

Citadel Diana (1)
© Prime Video

Là où Citadel copiait toutes les œuvres d’espionnage, Diana fait de même avec le genre mafieux. On y retrouve ce même manque d’inspiration où la fameuse Manticore, qui effrayait Citadel, n’est, en fin de compte, qu’une petite guerre de clans entre criminels. Les gadgets futuristes mis de côté, rien ne différencie la série de n’importe quel show racontant des luttes de pouvoirs au sein de la mafia italienne. Le cliché est partout, tout le temps, et même les acteurs prennent bien soin de correspondre à un stéréotype. Sauf Matilda De Angelis, mono-expressive dans le rôle d’une espionne talentueuse qui a des crises de panique dès qu’elle ressent des émotions (peu pratique dans son métier, certes).

Un manque de fraîcheur conjugué à un manque de maîtrise puisque la série va également échouer dans la manière, à l’image d’un flashforward introductif inutile puisqu’on aura la réponse seulement quinze minutes plus tard et qu’elle n’apportera rien de particulier au reste du récit. Comme Citadel, Diana refait ce qu’elle a vu ailleurs jusqu’à sa mise en scène, en moins bien. Un show inutile, inintéressant qui nous passionnera davantage autour de l’essai capillaire de son héroïne que par son intrigue.

Citadel Diana est sur Prime Video

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Notre avis

Citadel : Diana est un accident, un tunnel d'incompétence pendant six épisodes, qui finira sa course dans le poteau de notre désintérêt. Une série qui veut s'inspirer des meilleures pour un résultat sans âme. Du déjà-vu lassant et mal incarné. Citadel était oubliable, Citadel : Diana est barbante, on a hâte de voir à quoi ressemblera la troisième série, actuellement en développement.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 2 / 10
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