Lui est un agent d’aéroport sans objectif qui a raté son examen d’entrée dans la police, elle travaille avec lui et rêve de vacances tout en espérant voir son conjoint s’épanouir à nouveau. Ensemble, ils attendent un enfant. Carry-On commence telle une comédie romantique de Noël ou presque. Parce que suite à un élan d’ambition, Ethan Kopek (Taron Egerton) va remplacer son collègue au contrôle des bagages à la zone d’embarquement. Il va bientôt se retrouver en contact avec un mystérieux individu (Jason Bateman) qui menace la vie de sa copine. Tout ce qu’Ethan a à faire, c’est laisser passer un bagage qui pourrait bien tuer des centaines de personnes à bord de l’avion.
Usine à productions – on ne se maintient pas au sommet du marché du streaming sans raison, Netflix est capable de nous offrir du très bon, de l’horrible et une majorité de passable. Alors qu’est-ce qui a pu nous pousser à nous jeter sur Carry-On alors que le pitch laisse supposer un Die Hard bas de gamme comme il en fleurit toute l’année sur les plates-formes de SVoD, au cinéma, et la plupart du temps avec Liam Neeson ? Est-ce la filmographie du réalisateur Jaume Collet-Serra qui a signé Sans identité avec Liam Neeson, Non-Stop avec Liam Neeson ou encore Night Run avec Liam Neeson ?
En vérité, nous voulions voir Carry-On (Wayward Son, dédicace aux fans de Supernatural) parce qu’on apprécie énormément Taron Egerton qu’on trouve trop rare à l’écran, on aime tout autant voir Jason Bateman changer de registre et incarner le méchant de service, et parce que malgré notre petite boutade, Jaume Collet-Serra sait faire du divertissement efficace à défaut d’être exceptionnel. Et si ce long-métrage parvient à exaucer toute notre lettre au Père Noël, il se pourrait bien qu’on se laisse gagner par la magie des fêtes et qu’on soit peut-être plus sympa qu’à l’accoutumée. Ho-Ho-Ho.
Le trop est l’ennemi du bien. Le moins aussi.
À l’image de son personnage principal, le film ne fait pas preuve d’une ambition débordante. Les scénaristes T.J. Fixman – dont la plume vient du jeu vidéo – et Michael Green (Jungle Cruise, Blade Runner 2049, Mort sur le Nil…) signent un scénario classique inspiré des films qui ont précédé, où un tueur joue avec sa victime à distance comme Phone Game, Une Journée en Enfer et bien, bien d’autres œuvres. À la différence que Jason Bateman incarne un manipulateur intéressant par sa manière de voir le jeu, comme un simple boulot. La dimension nihiliste du terroriste répond bien à un faux-héros qui n’attendait plus rien. Comme Bateman le dit lui-même, dans un autre contexte, les deux auraient pu prendre un verre et devenir potes parce qu’ils se retrouvent au même niveau d’attente à ce moment-là de leur existence, sauf qu’ils font chacun le chemin en sens inverse.
Voilà, dit comme ça, on pourrait penser que Carry-On a une forte dimension psychologique et que le film va éveiller en nous des questionnements profonds sur notre propre quotidien. En un sens, on apprécie qu’il essaye d’écrire ses protagonistes ainsi au lieu d’en faire de simples coquilles vides. Cela donne au premier acte une certaine saveur, et même si on connaît par cœur le coup de la gentille marionnette et du méchant marionnettiste, on se laisse prendre au jeu avec une certaine délectation, bercés par la voix calme de Bateman et la mâchoire serrée d’Egerton.
D’autant que Collet-Serra sait emballer son objet et parvient à créer un montage dynamique avec finalement peu de mouvement. Une caméra qui va s’emballer au fur et à mesure de la montée en tension et des prises de décision de Kopek / Egerton. On peut même dire que la caméra sait faire simple et efficace, hormis un énorme raté lors d’une séquence en voiture qui fait un peu trop parler le baveux numérique, comme si une IA s’était chargée de la scène.
Un passage manqué dont on comprend que le principal objectif est surtout de créer une respiration à l’écart des deux protagonistes principaux. Néanmoins, la qualité d’écriture n’est pas suffisamment au rendez-vous pour parvenir à porter notre intérêt sur les rôles secondaires, considérés davantage comme des outils destinés à faire avancer le scénario. Néanmoins, on reconnaît l’effort de les doter d’une personnalité afin d’en faire plus que des plots en arrière-plan. Parce qu’autant dire qu’avec sa durée de près de deux heures, Carry-On doit remplir de nombreux trous avec pléthore de seconds couteaux auxquels on ne s’intéresse que très peu.
Cadeau luxueux ou Secret Santa à 10€ ?
Pourtant, on ne ressent pas particulièrement de longueurs, notamment parce que Carry-On maîtrise son rythme et chaque acte se conclut juste avant de tirer sur la corde. On ne peut pas dire qu’ils sont tous au même niveau d’intérêt et que la partie conclusive est bien plus poussive que la première demi-heure, mais on a moins le sentiment de visionner un long-métrage remplissant un simple cahier des charges, comme nous aurions pu nous y attendre.
On ne criera pas au génie pour autant et Carry-On ressemble davantage au papier-cadeau qu’au cadeau lui-même, mais ce n’est pas si simple de réaliser un joli emballage et Netflix nous a trop souvent habitués à nous offrir que le scotch. Dès lors, on apprécie que ce métrage ne cherche jamais à être ce qu’il n’est pas, mais plutôt une pause bienvenue entre deux comédies de Noël qui jouent au jeu des sept différences. Rien de grand ici, juste une production simple qui parvient à divertir avec un casting sympathique et un récit accrocheur.
Si le film n’a pas le niveau pour atterrir sur grand écran – et encore qu’on a vu pire sur grand écran -, il fait office d’une bonne contre-programmation à voir pendant les fêtes. À moins que ce soit nous qui sommes davantage dans l’esprit du héros plein d’espoir que du terroriste cynique. Avec la magie des fêtes de fin d’année et le plaisir de contredire certains collègues qu’on ne citera pas, cette dernière hypothèse n’est pas à exclure.
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