Après une première saison pleine de promesses, aussi bien au niveau de l’histoire que de l’animation, il y avait beaucoup d’attente pour le deuxième acte de Blue Lock. Pourvu d’un scénario original, mélangeant à la fois le domaine du jeu vidéo et du football, l’anime nous plongeait dans le Japon post Coupe du monde 2018 et l’élimination des Blue Samurai en 8es de finale du Mondial. Un parcours jugé décevant au pays et qui pousse l’Union Japonaise de Football – l’équivalent de la Fédération Française de Football – à prendre des mesures et à tenter de dénicher coûte que coûte LE joueur, le spécimen rare, l’individu capable de porter la sélection japonaise au sommet et à une victoire en Coupe du monde. Rien que ça.
Pour cela, 300 jeunes joueurs pétris de talent se retrouvent enfermés dans un complexe, le Blue Lock, avec pour objectif de convaincre, progresser et survivre afin de devenir l’heureux élu. Sur ces 300 joueurs, c’est le cas d’Isagi Yoichi qui va nous intéresser, en suivant son parcours ainsi que les interactions qu’il va nouer avec les autres joueurs, autant amis que rivaux. Eh oui, dans le Blue Lock, les places sont chères.
De manga le plus vendu en 2023…
L’anime adapte le manga du même nom, qui mêle donc le principe du battle royale – des éliminations définitives pour les participants les moins performants afin de garder le meilleur élément à la fin – et le football contemporain. L’oeuvre de Muneyuki Kaneshiro et Yusuke Nomura, respectivement à l’écriture et au dessin, avait fait grand bruit, au point d’être le manga le plus vendu au Japon en 2023 (plus de 10,5 millions de ventes), de même que dans l’Hexagone (plus de 8 millions d’exemplaires vendus). Diffusé sur la plateforme Crunchyroll, l’anime n’était pas en reste, grâce à une qualité graphique reconnue et une animation globalement remarquable.
Mais alors, que s’est-il passé ? Un accident ? Une erreur de parcours ? Dès les premiers épisodes début octobre, les critiques ont commencé à pleuvoir sur la deuxième saison de Blue Lock, plus courte que la précédente (14 épisodes contre 24 pour la première saison). Sans que l’on puisse les contredire. Si l’anime reste toujours aussi beau, ce sont les séquences de football qui sont à la ramasse dans cet acte, qui se concentre pourtant sur une épreuve majeure pour les participants du programme Blue Lock : affronter les U20 japonais. Et les battre, sous peine de mettre en péril le projet et de compromettre fortement l’avenir de ces membres.
… à un anime “PowerPoint” en 2024
Là, les épisodes s’enchaînent et le constat est implacable : les moments d’action sont figés, fixes et zoomés, dans un format rappelant celui d’une diapositive ou d’un Powerpoint, comme les internautes, déçus par le changement drastique qui leur a été imposé, l’ont dénoncé à de multiples reprises. L’animation est statique, les déplacements des joueurs sont dépourvus de mouvement et l’ensemble perd en force, en dynamisme et en immersion, ce qui était pourtant la force de la saison 1 de Blue Lock.
Le constat est implacable mais le studio 8-Bit a des excuses. Les mêmes finalement que bon nombre de studios japonais, souvent dépassés niveau effectif et temps pour pouvoir assurer les cadences de production qui leur sont imposées. L’adaptation en film du spin off Blue Lock : Episode Nagi, sorti en juillet dernier, n’a pas du tout aidé les équipes également engagées sur la saison 2 de Blue Lock. C’est la rentabilité autour de l’oeuvre qui a primé, plus que la qualité d’ensemble et c’est bien dommage surtout quand on voit les quelques grands moments distillés ici et là durant la saison – le but de Nagi notamment ou encore celui de Shidou -. Et les deux derniers épisodes surtout.
Une fin incroyable, une narration toujours aussi intéressante, des regrets énormes
Articulée en plusieurs phases, qui nous montre la constitution d’abord de l’équipe choisie au sein du Blue Lock pour affronter les U20, puis la relation entre les leaders des deux équipes, Rin et son frère Sae, la saison 2 multiplie les retournements de situation, les introductions réussies de personnages et démontre la profondeur d’écriture de l’oeuvre, qui n’a pas son pareil pour rendre attachant chacun de ces buteurs égoïstes, obligés de jouer parfois à des postes qu’ils exècrent pour pouvoir exister au plus haut niveau et dans le programme Blue Lock. Si l’animation est en berne les trois quarts de l’histoire, elle renait de ses cendres à la fin, pour nous livrer une qualité digne… d’un film finalement. L’éveil de plusieurs joueurs sur le terrain et notamment celui de Rin est époustouflant, ainsi que les buts qui vont s’enchainer dans la même période, avec une mention spéciale pour celui d’Isagi, ô combien important dans ce choc.
Frustration, c’est le mot au terme du visionnage de cette saison 2, qui envoie plein de belles promesses pour la suite. Autant sur le plan narratif, avec le teasing de l’arc Neo Egoist League ainsi que le retour d’un personnage déchu de la saison 1, que sur le plan de l’animation, qui nous laissent des regrets évidents, quand on voit le résultat possible et final sur seulement deux épisodes. Même si rien ne dit que la saison 3 sera, dans sa globalité, du même acabit. Il faudra patienter pour le savoir, cette dernière n’ayant pas encore été datée. Mais on espère cependant que les nombreuses critiques sur cette deuxième saison serviront de leçon à ceux qui prennent les décisions importantes chez 8-Bit.
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