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Critique Blue & Compagnie : sommes-nous devenus trop vieux ? 🫧

John Krasinski fait son retour sur le grand écran et abandonne ses monstres effrayants pour des créatures issues de l’imaginaire enfantin. Blue & Compagnie est-il la comédie familiale de l’année ?

Après la saga Sans Un Bruit, John Krasinski s’essaie à la chronique tendre et familiale chez Paramount Pictures. L’acteur et réalisateur déplorait de n’avoir aucun film à montrer à ses enfants — qui n’auront pas le droit de voir la duologie horrifique avant leurs 40 ans — il a décidé de s’inspirer de leur imaginaire pour raconter la rencontre entre une petite fille et des amis imaginaires sur le déclin. Blue & Compagnie entend profiter du printemps et d’une accalmie dans les salles obscures pour réunir petits et grands autour d’un conte enchanteur et enchanté. Mais la magie va-t-elle opérer ?

Des années après un déménagement précipité, Bea est contrainte de revenir à New York pour quelques jours. Elle est de retour dans l’appartement qui l’a vue grandir et passe quelques jours aux côtés de sa grand-mère. Mais une nuit, elle croise la route d’étranges personnages. Elle découvre rapidement qu’elle est l’élue, la seule humaine capable de voir les amis imaginaires des autres enfants. Débute alors une quête qui va lui permettre d’aider ces créatures magiques à se reconnecter avec leurs propriétaires.

Critique Blue & Compagnie
© Paramount Pictures

Grandir trop vite

Dès l’introduction, John Krasinski plante le décor d’une comédie enfantine qui n’épargnera pas ses spectateurs pour autant. Au travers d’une séquence flashback, plutôt bien exécutée, le réalisateur introduit la notion qui sera à l’épicentre de son récit : le deuil. Tandis que de plus en plus de films pour enfants préfèrent éviter les sujets qui fâchent, Krasinski s’en empare avec brio pour construire son protagoniste attendrissant. Bea, du haut de sa dizaine d’années, n’est pas une enfant comme une autre.

Marquée par l’absence d’une mère, elle est plus mature que ses contemporains. Une mélancolie plane au-dessus de cette introduction, qui va peu à peu tendre vers la comédie plus enfantine et régressive. Car l’objectif pour le récit est moins de raconter la découverte de ce monde des merveilles qu’un retour à l’enfance pour le personnage incarné par Cailey Fleming. C’est son émerveillement qui sera moteur, autant que sa collaboration avec le personnage de Ryan Reynolds.

Blue Et Compagnie Enfants
© Paramount Pictures

Révélée par la série The Walking Dead, dans laquelle elle campe Judith Grimes, la jeune comédienne s’empare ici du personnage d’une pré-ado discrète. Face à elle, l’interprète de Deadpool apparaît plus dans la retenue qu’à son habitude, même s’il ne se départit pas de son énergie et de son talent pour les mimiques. Steve Carell et Phoebe Waller-Bridge sont aussi invités pour compléter le quatuor de tête, les deux acteurs prêtent leurs voix à certains amis imaginaires abandonnés par leurs créateurs. Sans surprise, Carell attire la lumière et vole la vedette au reste de ses congénères.

Si la réunion de ces talents aurait dû faire des étincelles, Blue & Compagnie souffre d’un manque flagrant d’entrain. Plaisant lorsqu’il s’aventure du côté du drame ou de la mélancolie, le film peine à faire naître ses moments de comédies. La faute à un scénario trop convenu, qui ne peut plus profiter de l’effet de surprise de son ouverture pour faire des miracles. Cette tiédeur n’est pas uniquement de la responsabilité du récit, les torts sont partagés avec une copie visuelle bien trop dans la retenue.

Blue Et Bea
© Paramount Pictures

Et si…

Blue & Compagnie, de son titre originale “If”, est une invitation au voyage. Le film est nourri des idées saugrenues des enfants, toujours prompts à inventer des personnages hauts en couleur pour leur tenir compagnie. Ce qui plombe cruellement cette proposition artistique, c’est justement l’inventivité. Si le réalisateur n’a pas à rougir de sa mise en scène, l’esthétique aseptisée de la copie n’est pas des plus enthousiasmantes.

Licorne Blue Et Compagnie
© Paramount Pictures

Les personnages animés manquent de folie, se contentant d’être des héros peu imaginatifs… Un comble pour un métrage qui a pour titre original “imaginary friend”. Une banane aux tendances exhibitionnistes, une bulle sujette au stress ou une guimauve brûlée, on attendait mieux de ce film inspiré par les filles du réalisateur et scénariste. Si les effets visuels sont convaincants, ils n’arrivent que rarement à s’émanciper du conte pour enfants bien sous tout rapport.

Si les plus jeunes se laisseront prendre au jeu, bien aidés par la bonhommie de Ryan Reynolds et la sympathie pour le personnage principal, les adultes pourront regretter que Blue & Compagnie n’ait pas tout à fait embrassé son ambition régressive. C’est dommage, car l’idée peut rappeler quantité de films en animation évoluant autour d’un monde caché comme Monstre & Cie et Toy Story pour ne citer qu’eux. À la différence des propositions de Pixar, le dernier-né du catalogue Paramount lésine sur les bonnes idées et ne parvient jamais vraiment à faire éclore son univers fantasmé et fantastique.

Même la maison de retraite des amis imaginaires manque de panache. On pouvait espérer que la bizarrerie soit au cœur du procédé. If, titre original du film, rappelle ainsi tout ce que la proposition artistique aurait pu être, un monde de tous les possibles, réduit à un pur produit de divertissement calibré pour (et uniquement pour) les très jeunes spectateurs. À la fin de la séance, on applaudit le versant dramatique de Blue & Compagnie, on salue la performance de Steve Carrell dans la peau de l’adorable Blue, mais on déplore que le curseur n’ait pas été poussé plus loin. John Krasinski avait offert un second souffle à l’horreur avec son Sans un Bruit, difficile d’imaginer que sa première incursion dans les rayons jeunesse profite de la même aura au cinéma.

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Notre avis

Malgré tous ses efforts, Blue & Compagnie ne parvient pas à faire renaître notre âme d'enfant. Si le volet dramatique est particulièrement réussi, le dernier-né de la filmographie de John Krasinski souffre d'une esthétique trop lisse autant que d'un manque d'entrain et d'imagination visuelle. À réserver aux jeunes spectateurs.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
1 commentaire
  1. Très beau film émouvant les acteurs jouent à la perfection encore bravo pour ce film qui nous replonge dans notre enfance

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