AprĂšs la saga Sans Un Bruit, John Krasinski sâessaie Ă la chronique tendre et familiale chez Paramount Pictures. Lâacteur et rĂ©alisateur dĂ©plorait de nâavoir aucun film Ă montrer Ă ses enfants â qui nâauront pas le droit de voir la duologie horrifique avant leurs 40 ans â il a dĂ©cidĂ© de sâinspirer de leur imaginaire pour raconter la rencontre entre une petite fille et des amis imaginaires sur le dĂ©clin. Blue & Compagnie entend profiter du printemps et dâune accalmie dans les salles obscures pour rĂ©unir petits et grands autour dâun conte enchanteur et enchantĂ©. Mais la magie va-t-elle opĂ©rer ?
Des annĂ©es aprĂšs un dĂ©mĂ©nagement prĂ©cipitĂ©, Bea est contrainte de revenir Ă New York pour quelques jours. Elle est de retour dans lâappartement qui lâa vue grandir et passe quelques jours aux cĂŽtĂ©s de sa grand-mĂšre. Mais une nuit, elle croise la route dâĂ©tranges personnages. Elle dĂ©couvre rapidement quâelle est lâĂ©lue, la seule humaine capable de voir les amis imaginaires des autres enfants. DĂ©bute alors une quĂȘte qui va lui permettre dâaider ces crĂ©atures magiques Ă se reconnecter avec leurs propriĂ©taires.

Grandir trop vite
DĂšs lâintroduction, John Krasinski plante le dĂ©cor dâune comĂ©die enfantine qui nâĂ©pargnera pas ses spectateurs pour autant. Au travers dâune sĂ©quence flashback, plutĂŽt bien exĂ©cutĂ©e, le rĂ©alisateur introduit la notion qui sera Ă lâĂ©picentre de son rĂ©cit : le deuil. Tandis que de plus en plus de films pour enfants prĂ©fĂšrent Ă©viter les sujets qui fĂąchent, Krasinski sâen empare avec brio pour construire son protagoniste attendrissant. Bea, du haut de sa dizaine dâannĂ©es, nâest pas une enfant comme une autre.
MarquĂ©e par lâabsence dâune mĂšre, elle est plus mature que ses contemporains. Une mĂ©lancolie plane au-dessus de cette introduction, qui va peu Ă peu tendre vers la comĂ©die plus enfantine et rĂ©gressive. Car lâobjectif pour le rĂ©cit est moins de raconter la dĂ©couverte de ce monde des merveilles quâun retour Ă lâenfance pour le personnage incarnĂ© par Cailey Fleming. Câest son Ă©merveillement qui sera moteur, autant que sa collaboration avec le personnage de Ryan Reynolds.

RĂ©vĂ©lĂ©e par la sĂ©rie The Walking Dead, dans laquelle elle campe Judith Grimes, la jeune comĂ©dienne sâempare ici du personnage dâune prĂ©-ado discrĂšte. Face Ă elle, lâinterprĂšte de Deadpool apparaĂźt plus dans la retenue quâĂ son habitude, mĂȘme sâil ne se dĂ©partit pas de son Ă©nergie et de son talent pour les mimiques. Steve Carell et Phoebe Waller-Bridge sont aussi invitĂ©s pour complĂ©ter le quatuor de tĂȘte, les deux acteurs prĂȘtent leurs voix Ă certains amis imaginaires abandonnĂ©s par leurs crĂ©ateurs. Sans surprise, Carell attire la lumiĂšre et vole la vedette au reste de ses congĂ©nĂšres.
Si la rĂ©union de ces talents aurait dĂ» faire des Ă©tincelles, Blue & Compagnie souffre dâun manque flagrant dâentrain. Plaisant lorsquâil sâaventure du cĂŽtĂ© du drame ou de la mĂ©lancolie, le film peine Ă faire naĂźtre ses moments de comĂ©dies. La faute Ă un scĂ©nario trop convenu, qui ne peut plus profiter de lâeffet de surprise de son ouverture pour faire des miracles. Cette tiĂ©deur nâest pas uniquement de la responsabilitĂ© du rĂ©cit, les torts sont partagĂ©s avec une copie visuelle bien trop dans la retenue.

Et siâŠ
Blue & Compagnie, de son titre originale âIfâ, est une invitation au voyage. Le film est nourri des idĂ©es saugrenues des enfants, toujours prompts Ă inventer des personnages hauts en couleur pour leur tenir compagnie. Ce qui plombe cruellement cette proposition artistique, câest justement lâinventivitĂ©. Si le rĂ©alisateur nâa pas Ă rougir de sa mise en scĂšne, lâesthĂ©tique aseptisĂ©e de la copie nâest pas des plus enthousiasmantes.

Les personnages animĂ©s manquent de folie, se contentant dâĂȘtre des hĂ©ros peu imaginatifs⊠Un comble pour un mĂ©trage qui a pour titre original âimaginary friendâ. Une banane aux tendances exhibitionnistes, une bulle sujette au stress ou une guimauve brĂ»lĂ©e, on attendait mieux de ce film inspirĂ© par les filles du rĂ©alisateur et scĂ©nariste. Si les effets visuels sont convaincants, ils n’arrivent que rarement Ă s’Ă©manciper du conte pour enfants bien sous tout rapport.
Si les plus jeunes se laisseront prendre au jeu, bien aidĂ©s par la bonhommie de Ryan Reynolds et la sympathie pour le personnage principal, les adultes pourront regretter que Blue & Compagnie nâait pas tout Ă fait embrassĂ© son ambition rĂ©gressive. Câest dommage, car lâidĂ©e peut rappeler quantitĂ© de films en animation Ă©voluant autour dâun monde cachĂ© comme Monstre & Cie et Toy Story pour ne citer quâeux. Ă la diffĂ©rence des propositions de Pixar, le dernier-nĂ© du catalogue Paramount lĂ©sine sur les bonnes idĂ©es et ne parvient jamais vraiment Ă faire Ă©clore son univers fantasmĂ© et fantastique.
MĂȘme la maison de retraite des amis imaginaires manque de panache. On pouvait espĂ©rer que la bizarrerie soit au cĆur du procĂ©dĂ©. If, titre original du film, rappelle ainsi tout ce que la proposition artistique aurait pu ĂȘtre, un monde de tous les possibles, rĂ©duit Ă un pur produit de divertissement calibrĂ© pour (et uniquement pour) les trĂšs jeunes spectateurs. Ă la fin de la sĂ©ance, on applaudit le versant dramatique de Blue & Compagnie, on salue la performance de Steve Carrell dans la peau de lâadorable Blue, mais on dĂ©plore que le curseur nâait pas Ă©tĂ© poussĂ© plus loin. John Krasinski avait offert un second souffle Ă lâhorreur avec son Sans un Bruit, difficile dâimaginer que sa premiĂšre incursion dans les rayons jeunesse profite de la mĂȘme aura au cinĂ©ma.
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TrĂšs beau film Ă©mouvant les acteurs jouent Ă la perfection encore bravo pour ce film qui nous replonge dans notre enfance