Passer au contenu

Critique : Black Panther veut enfin faire mûrir le Marvel Universe

C’est le jour de la Saint-Valentin que le premier long-métrage Marvel de l’année 2018 arrive dans nos salles obscures. Black Panther, le super-héros africain, Roi du Wakanda, qu’on avait pu voir une première fois dans Captain America : Civil War a désormais droit à son propre film. S’il n’est certainement pas le plus connu des Avengers, celui qui se nomme en réalité T’Challa avait de quoi intriguer avec un background plus qu’intéressant et ancré dans les problématiques de notre ère. Avec son casting 100% afro-américain et un réalisateur reconnu pour ses prises de risque notables (Fruitvale Station, Creed), le nouveau Marvel se devait de faire fort avant un ô combien attendu Avengers : Infinity War. Mission réussie ?

Le retour du Roi

Après la mort de son père, le roi du Wakanda, un pays isolé mais technologiquement très avancé, T’Challa rentre chez lui pour prendre sa place sur le trône. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, son courage est mis à rude épreuve. Il est entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du royaume, mais aussi celui du monde entier. Confronté à la traîtrise et au danger, le jeune roi va devoir faire appel à ses alliés et libérer toute la puissance de Black Panther pour vaincre ses adversaires, et protéger son peuple et son mode de vie.

Ce qui frappe rapidement le spectateur en visionnant Black Panther, c’est à quel point le contexte dans lequel se situent les événements qui nous sont dépeints est proche de notre réalité. À l’inverse des Captain America, Gardiens de la Galaxie et autres Iron Man qui ont tendance à nous emmener dans des mondes parallèles où les questions socio-économiques paraissent bien différentes, le film a l’intelligence de rapidement concerner son spectateur. La vision super-héroïque de Ryan Coogler, le réalisateur, est plus pertinente et encline à émouvoir le public que les éternelles questions de pouvoirs et de lutte entre bien et mal qu’on a pour habitude de voir à l’écran.

En cela, Black Panther présente des idées pertinentes à un oratoire qui pourrait bien être surpris par les thèmes abordés : racisme, colonisation de l’Afrique, esclavage, violences faites aux afro-américains, etc. Autant de sujets forts qui sont explicitement dénoncés dans le long-métrage et qui ont l’intelligence de logiquement s’imbriquer avec l’histoire originale et le personnage créé dans les années 60 par Stan Lee et Jack Kirby. Malheureusement, sous couvert de devoir coller aux superproductions Marvel et à l’image qu’elles se doivent de renvoyer, surtout à quelques mois d’un très important Avengers : Infinity War, on passe trop rapidement sur des idéaux que le réalisateur aurait certainement voulu combattre avec plus de hargne. Mais il faut noter cette véritable volonté de prendre position face à des problèmes sociétaux qui touchent de nombreux pays dans le monde et surtout les États-Unis ces dernières années.

Danai Gurira (à gauche) en impose véritablement

Originalité et (presque) bon goût

En ce qui concerne l’histoire en elle-même, notons qu’elle est agréable à suivre, notamment grâce à une mise en scène inventive qui se détache quelque peu des réalisations précédentes. Au lieu de faire passer notre héros pour un personnage tout-puissant, le film s’évertue à révéler ses tâches, sa position, parfois peu enviable, et les faiblesses d’hommes qui pourraient finir par le trahir. En jouant sur les émotions des protagonistes, leurs envies, leur histoire et leurs doutes, Black Panther se révèle donc être le plus humain des films Marvel. Il faut d’ailleurs noter que la note d’humour, parfois omniprésente dans les productions antérieures, est plus effacée comme pour mettre en avant un ton plus sérieux qui se prête bien mieux au sujet du long-métrage. Ryan Coogler a eu l’ingénieuse idée de traiter avec sérieux et respect un super-héros qui a bien plus à partager qu’il n’y parait.

Quelques défauts sont néanmoins à observer. Le premier concerne le rythme du film, très inégal. Des longueurs viennent en effet gêner la narration et alourdissent inutilement le récit qui se suffisait à lui-même. À cela s’ajoutent des passages plus qu’oubliables qui paraissent parfois vides de sens : on pense notamment à toute la partie en Corée du Sud qui n’a guère d’intérêt si ce n’est celui de voir le personnage d’Ulysses Klaue, interprété par Andy Serkis. On regrette ainsi que le long-métrage prenne parfois le temps de s’éloigner de sa terre d’origine, l’Afrique, pourtant sublimée par la direction artistique de premier ordre de Black Panther.

La directrice de la photographie, Rachel Morrison, qui avait déjà collaboré avec Ryan Coogler sur Fruitvale Station, a su habilement jongler entre couleurs et teints plus sombres pour faire ressortir aussi bien les acteurs que les paysages du film. Certains panoramas de ce Wakanda plus vrai que nature (un royaume situé entre l’Éthiopie et le Kenya) sont simplement majestueux, notamment lorsqu’il s’agit de prises de vue réelles réalisées sur le sol africain.

Le trop plein américain

Quelque chose gêne tout de même à la fin de la projection. On a le sentiment que, malgré d’évidentes bonnes volontés, le réalisateur n’a pas su éviter certains clichés qui laissent entrevoir une américanisation de l’Afrique. Dommage, d’autant plus qu’il était tout à fait possible de rendre un hommage bien plus appuyé à ce fabuleux continent. Ainsi, on remarque bien souvent qu’une appropriation de la culture africaine se met en place jusqu’à laisser entendre que ces deux civilisations sont identiques. Or, ce n’est pas le cas et il aurait été plus judicieux de retransmettre avec justesse ce qu’est l’Afrique aujourd’hui. Il est dommage de laisser penser, même inconsciemment, que ce continent et les pays qui le composent ont une vie et des envies similaires à celles des américains. Le message du « Nous avons tant à apprendre l’un de l’autre » ne fonctionne que peu face à cette vision très (trop) patriote de ce que sont les États-Unis.

Un duel palpitant

Le casting est quant à lui irréprochable. On ne peut que mettre en avant les performances remarquables de Michael B. Jordan, très étonnant dans son rôle d’Erik Killmonger, mais aussi de Danai Gurira (Michonne dans The Walking Dead) dont le charisme naturel confère un charme supplémentaire au film. Martin Freeman, inattendu et à contre-courant épate également. Rien à reprocher à Forest Whitaker, Lupita Nyongo’o et Chadwick Boseman qui rendent hommage à leurs personnages respectifs. Notons tout de même que le personnage de Black Panther se fond un peu plus dans la masse que ses compères (Iron Man en tête) et on espère qu’il ne sera pas trop effacé dans les prochaines aventures des Avengers.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

Étonnante surprise que ce Black Panther qui se démarque quelque peu des autres films du genre. En misant sur le fond plus que la forme, à l’inverse de nombreuses productions Marvel, la réalisation de Ryan Coogler a le mérite d’innover et d’apporter un vrai plus dans l’univers super-héroïque actuel. Restent les défauts habituels inhérents à ce type de long-métrage (longueurs, passages inutiles, patriotisme exacerbé) qui n’enlèvent pas le charme d’une panthère que l'on a hâte d’entendre rugir à nouveau.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode