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Critique Alerte Rouge : le dernier Pixar est au poil !

Après Vice-Versa, Pixar revient avec un nouveau long-métrage consacré à l’adolescence. Une fable un peu bébête sur la puberté et ses tracas ? Critique.

Pixar n’a pas son pareil quand il s’agit d’explorer l’enfance. Les studios ont déjà plusieurs chefs-d’œuvre du genre à leur actif, à commencer par Vice-Versa qui réussissait avec brio à retranscrire l’émulsion d’émotions que vivent les adolescents à cette période critique de leur développement. Après ce tour de force, il est difficile de faire mieux, et pourtant…

Avec son nouveau long-métrage, Domee Shi nous plonge au cœur de l’âge bête aux côtés de Meilin Lee. L’adolescente de 13 ans est tiraillée entre son image de fille modèle aux yeux de sa mère et celle de jeune fille cool auprès de ses amies. Alors que ce n’est déjà pas facile de naviguer entre toutes ses émotions, elle découvre une étrange malédiction qui la fait se transformer en panda roux à chaque fois qu’elle est débordée par ses sentiments.

C’est un sujet plutôt familier pour la cinéaste, oscarisée pour son court-métrage Bao en 2018. Cette fable touchante racontait l’histoire d’une mère attristée après le départ de son fils, qui retrouve le plaisir de materner lorsqu’un de ses raviolis prend vie. Mais elle va rapidement se rendre compte que rien ne reste petit et mignon éternellement. Cette fois-ci, elle nous offre le contre-pied en racontant l’histoire du point de vue de l’adolescente.

alerte rouge disney
Crédits : Pixar

Hormones, angoisse et tutti quanti

On ne va pas se le cacher, sur le papier, l’adolescence coche toutes les cases de la période ingrate que l’on voudrait remiser derrière soi une bonne fois pour toutes. Alors l’idée de revivre devant un écran tous ces moments de gêne, d’angoisse et de profonde tristesse n’a rien de très emballant. Pour autant, le film de Domee Shi parvient avec brio à poser un regard tendre sur toutes ces tribulations.

Une narration impeccable qui permet au récit de naviguer entre moments de comédie et purs élans dramatiques. Meilin s’impose rapidement comme un avatar de notre adolescence ; si vous êtes nés dans les années 2000, il vous sera bien difficile de ne pas vous retrouver en elle. Pourtant, rien ne lui est épargné. Pixar aborde d’ailleurs la puberté sous un prisme inédit, avec une honnêteté déconcertante. On y parle du poids de l’héritage familial et des traditions, de la répétition de schémas ancestraux et de la difficulté pour l’adolescent de se construire des repères en cette période de grand chambardement émotif.

À bien des égards, Alerte Rouge pousse le curseur plus loin que Vice Versa, même si la poésie est un peu moins au rendez-vous. On s’attache aussi rapidement aux autres personnages qui peuplent cette intrigue, de la bande de copines un peu folles à la mère ultra-protectrice, en passant par le patriarche discret.

disney meilin
Crédits : Pixar

Un univers pop et coloré

Au-delà même de la portée de son récit, la force d’Alerte Rouge réside aussi et surtout dans sa mise en scène. Devant nos yeux ébahis, la cinéaste nous emmène dans un Toronto teinté de couleurs pastel, avec des personnages visuellement attendrissants et un mélange d’inspirations détonnant.

Domee Shi pioche dans la pop culture pour illustrer le début des années 2000, empruntant des éléments visuels à Sailor Moon ou encore les films en stop-motion de Wes Anderson. Elle n’a pas peur du patchwork.

Une palette de texture et de couleurs qui fait recette, et qui permet au film de prendre toute sa dimension symbolique. Le panda roux, métaphore à peine déguisée de la puberté féminine (les menstruations, la colère, l’émoi), est une réussite et se vendra à coup sûr par millions dans les échoppes de Disney.

Pour les enfants, mais pas que…

Créer des films qui plaisent aussi bien aux enfants qu’à leurs parents, c’est la marque de fabrique de Pixar. Les studios parviennent avec malice à glisser des éléments d’intrigues, des questionnements éminemment adultes. Alerte Rouge n’y échappe pas, on dira même qu’il semble avoir plus été pensé pour les jeunes adultes nostalgiques. Le film ressuscite pour l’occasion un genre musical que l’on pensait disparu sur le vieux continent : les boys bands.

Pour créer le premier boys band de l’histoire de Pixar, Domee Shi a fait appel à Billie Eilish et Finneas. Les deux artistes ont ainsi composé trois chansons, qui apparaissent à plusieurs moments du métrage. Une manière pour la réalisatrice d’ancrer un peu plus les envies d’émancipation de la jeune Meilin, et de transporter les spectateurs au cœur des années 2000, époque où les Backstreet Boys, Alliage et autres groupes du genre étaient légion. Chemises sans manche, bandeau et baggy sur des débardeurs, pas de doute la nostalgie est au rendez-vous.

Après un Luca un peu trop sage, les studios Pixar reviennent à une formule qu’il maîtrise parfaitement. Ambitieux, drôle et inspiré, le film de Domee Shi est une fantasque plongée au cœur de la période ingrate, qui n’a rien à envier à Vice Versa. La réalisatrice de Bao n’a pas failli à sa réputation, Alerte Rouge est au poil ! Seul point qui vient entacher l’expérience, l’impossibilité pour les spectateurs de le découvrir sur le grand écran.

Encanto a été un petit succès en salle, le risque de proposer un film d’animation au cinéma après le Covid est encore trop grand pour la firme aux grandes oreilles. Dommage, il avait le potentiel pour s’imposer. On devra néanmoins se contenter d’une sortie sur Disney+ dès le 11 mars 2022.

Voir Alerte Rouge sur Disney+

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Notre avis

Après avoir été oscarisée pour son court-métrage Bao, Domee Shi réalise son premier film chez Pixar. Un long-métrage qui pose un regard tendre sur l’adolescence, en jouant la carte de la nostalgie. Moins sage que l’on pourrait l’imaginer, le nouveau film des studios est une plongée pop et colorée au cœur des années 2000, qui nous fait presque regretter cette période bénie qu’était l’adolescence.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10

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